Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

ALCOOL et DROGUE: Usage des parents et dépendance multigénérationnelle

Actualité publiée il y a 7 années 8 mois 1 semaine
Pediatrics

On estime qu'un enfant sur 5 (ici aux Etats-Unis) vit dans une famille où « quelqu'un » abuse de l'alcool ou consomme une drogue. Cette étude très documentée du Beth Israel Deaconess Medical Center et l'Hôpital pour enfants de Boston, montre tous les effets chez les enfants, de l’abus d’alcool ou de l'usage de drogues chez leurs parents. Le rapport liste l’ensemble des risques accrus de problèmes médicaux et comportementaux, avec une exposition de l’enfant qui peut commencer in utero. L'étude met en avant toute l’urgence d'intervenir pour protéger les enfants et briser ce cycle de dépendance multigénérationnelle. A lire absolument en ligne (et en anglais), dans Pediatrics, par les addictologues, les professionnels de l’enfance mais aussi par les parents.

Des excès d'alcool et un usage « de substances » décrits par les auteurs comme finalement fréquent « dans les familles », y compris avec enfants, et qui vont affecter la capacité des parents à hiérarchiser les besoins physiques et émotionnels de leurs enfants et à leur apporter un environnement sécuritaire et stimulant. On estime en effet que 20% des enfants vivent dans un foyer où l'un des adultes abuse de l'alcool ou consomme une drogue. Le Dr Vincent C. Smith, néonatologiste au BIDMC et professeur de pédiatrie à Harvard, ajoute : « Parce que ces enfants sont à risque de préjudice physique ou émotionnel, les pédiatres doivent savoir évaluer ce risque pour l'enfant et si besoin, soutenir la famille et lui apporter l'aide dont elle a besoin ».


Les chercheurs listent ici les multiples effets toxiques chez l'enfant, liés à l'exposition à ces substances ou à la négligence des parents aux prises avec des problèmes de toxicomanie. Ils précisent aussi la prévalence élevée chez ces enfants de retards de développement et d'éducation et, plus tard dans la vie, de troubles de la santé mentale et du comportement. Enfin, ces enfants ont à leur tour un risque plus élevé de reproduire les comportements addictifs des parents et d'avoir des troubles de consommation de substances plus tard dans la vie.

Une aide à la détection chez le nouveau-né, pour les cliniciens : le rapport liste également, pour les praticiens, les signes cliniques de l'exposition du fœtus à l'alcool, au cannabis, et à d'autres substances (Voir tableau ci-contre). Les auteurs appellent d'ailleurs les pédiatres « à rester à l'affût » des signes de syndrome de sevrage néonatal dont l'irritabilité, la raideur musculaire, la diarrhée, parfois même les convulsions du nouveau-né qui peuvent résulter d'une exposition prénatale aux opioïdes. De récentes recherches indiquent que 22.000 bébés seraient diagnostiqués avec ces symptômes chaque année aux Etats-Unis. Et, au-delà de l'usage de substances récréatives, plus d'un quart des femmes enceintes recevraient des prescriptions d'analgésiques opioïdes durant leur grossesse…

Des risques sanitaires et des risques sociaux : au-delà des effets « toxiques » déjà énumérés, ces enfants dont les parents utilisent des drogues ou consomment de l'alcool encourent d'autres risques, sociaux :

· un risque multiplié par 3 d'être victime de violence physique, sexuelle ou psychologique,

· un risque multiplié par 4 d'être victime de négligence ou de maltraitance.

Ces mauvais traitements sont eux-aussi détectables : des blessures et des ecchymoses fréquentes, le retrait social, la peur de l'autre, mais aussi l'absence de soins -dentaires ou vaccinations- ou des vêtements sales ou inadaptés. Les pédiatres sont en première ligne pour identifier ces familles à difficultés, avec de jeunes enfants qui peuvent être affectés par l'utilisation de substances des parents. « Il s'agit de briser le cycle multigénérationnel », écrivent les auteurs. « Et d'abord, en informant les parents des effets de leur consommation de drogues et d'alcool sur leurs enfants ». Ils proposent ici des scripts qui vont aider les cliniciens à tenir ces conversations difficiles avec ces parents en difficulté.

Autres actualités sur le même thème