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COCAÏNE: Un effet d'amorçage même après un long sevrage

Actualité publiée il y a 7 années 7 mois 3 semaines
The Journal of Neuroscience

Si la prévalence annuelle de l’usage de cocaïne (0,4 % de la population adulte) est en baisse en Europe, on estime qu’un usager « régulier » sur 5 y deviendra dépendant. Ainsi aux seuls Etats-Unis, l’addiction à la cocaïne affecterait aujourd’hui plus de 700.000 personnes. Avec l’usage répété, se développe la tolérance, une nécessité de consommer plus pour obtenir le même effet. Enfin, l’addiction à la cocaïne est également caractérisée par des tentatives répétées de sevrage ou d'abstinence mais qui finissent souvent par une rechute. Les scientifiques du Wake Forest Baptist Medical Center nous expliquent, dans le Journal of Neuroscience ce qui fait de la cocaïne une substance si addictive.

Le Dr Sara R. Jones, professeur de physiologie et de pharmacologie au Wake Forest Baptist et auteur principal de l'étude rappelle qu'il n'existe aujourd'hui aucun traitement efficace disponible pour arrêter la dépendance à la cocaïne. Cependant, on sait que la cocaïne affecte le système de la dopamine et les transporteurs de la dopamine. Les chercheurs de Caroline du Nord ont donc tenté de comprendre comment la tolérance à la cocaïne se développe, via les transporteurs de la dopamine.


L'équipe de recherche a d'abord développé un modèle animal de dépendance à la cocaïne en permettant des rats de s'auto-administrer la substance autant qu'ils le voulaient pendant une période de 6 heures chaque jour, un délai suffisamment long pour favoriser une escalade de la consommation et une dépendance. Après 5 jours de ce régime, les animaux ont été privés de cocaïne pendant 14 ou 60 jours. Après les périodes d'abstinence, les chercheurs ont étudié les transporteurs de la dopamine, chez les animaux, qui apparaissent normaux et identiques à ceux des animaux témoins qui n'avaient pas eu accès à la cocaïne.

Ø Cependant, les chercheurs constatent aussi qu'une seule perfusion de cocaïne à la fin de la période d'abstinence, y compris après celle de 60 jours, rétablit totalement la tolérance aux effets de la cocaïne chez les animaux qui y avaient eu accès auparavant.

La cocaïne laisse ainsi une empreinte durable sur le système de la dopamine et cette empreinte est réactivée par toute nouvelle exposition. Les chercheurs parlent alors « d'un effet d'amorçage » qui pourrait être permanent après une première période d'utilisation et pourrait expliquer aussi la sévérité des épisodes de rechute chez les toxicomanes à la cocaïne.

60 jours d'abstinence chez la souris, c'est l'équivalent de 4 ans chez l'Homme, soulignent les chercheurs. Et il suffit d'une seule dose de cocaïne pour remettre les transporteurs de la dopamine aux niveaux de la tolérance et donc propices à la poursuite de la consommation et à l'installation de la dépendance.

De nombreuses équipes travaillent sur de nouveaux traitements de la dépendance à la cocaïne, et des essais précliniques sont en cours. Pharmacothérapie, immunothérapie ou thérapie génique, toutes les voies sont poursuivies pour trouver un vaccin, un antidote ou un traitement (y compris des médicaments existants) contre la dépendance à la cocaïne.

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