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PLACENTOPHAGIE : Que faut-il en penser?

Actualité publiée il y a 7 années 1 mois 3 semaines
The Journal of Alternative and Complementary Medicine

La consommation alimentaire du placenta après l'accouchement ou placentophagie est une pratique « tendance », curieusement pourrait-on dire car les jeunes mamans font pourtant très attention à ce qu’elles ingèrent durant la grossesse et l’allaitement. Cet examen de la littérature montrez, qu’à ce jour, il n’existe aucune preuve scientifique à l’appui de bénéfices ou de risques possibles, pour la mère et le nourrisson allaité. Cependant la demande des patientes se fait plus insistante, avec donc le besoin de recherches complémentaires pour pouvoir mieux les informer.

La placentophagie fait référence à l'acte de consommer le placenta après l'accouchement cru, cuit ou sous forme encapsulée. De nombreux mammifères consomment le placenta brut immédiatement après la naissance des petits. Enfin, des récits historiques chinois et égyptiens prêtent au placenta des propriétés médicinales. En France, le placenta est généralement détruit après la naissance sauf lorsqu'il est collecté pour la recherche à des fins thérapeutiques ou scientifiques. Mais aux Etats-Unis la consommation maternelle du placenta est une pratique qui surfe sur la vague des thérapies alternatives et des supplémentations nutritionnelles, mais sans que ses bénéfices soient clairement établis. Ses défenseurs de prônent un large éventail d'avantages post-partum, dont l'équilibre hormonal, la réduction de la douleur, et les avantages nutritionnels (en particulier en raison de la présence élevée de fer), un l'allaitement facilité, un gain d'énergie et la prévention de la dépression post-partum. : En fait il n'existe aucune étude scientifique ayant sérieusement traité des risques associés à la consommation du placenta. Le placenta est un organe vasculaire qui commence à se former dans l'utérus peu de temps après la conception. Pendant la grossesse, il agit comme un lien entre la mère et le fœtus pour fournir de l'oxygène au bébé, apporter les nutriments et éliminer les substances nocives. Le placenta est également une source majeure d'hormones stéroïdiennes et peptidiques essentielles au bon déroulement de la grossesse, de la naissance et du développement du fœtus.


La placentophagie pratique est devenue de plus en plus répandue au cours de la dernière décennie chez les femmes qui cherchent à optimiser leur santé et leur récupération post-partum. Les chercheurs de l'Université Northwestern (Chicago), du Brigham and Women's Hospital (MA) de la Colorado School of Medicine (Denver) nous proposent ici et un examen de la littérature et une évaluation, auprès de 153 patientes et 161 médecins et professionnels de santé, de l'image et de la pratique de la placentophagie.

Placenta et nutriments : 9 études ont étudié la teneur en hormones ou la présence de minéraux dans le placenta humain encapsulé. Les données disponibles suggèrent que plusieurs hormones (œstradiol, Progestérone, testostérone) et des minéraux (Arsenic, fer, manganèse) restent sous forme intégrale dans le placenta encapsulé. Les concentrations moyennes de la plupart des hormones sont faibles et le fait qu'à ce niveau elles puissent produire une réponse physiologique n'est pas concluant, pour les auteurs. Ceux-ci citent notamment une étude pilote récente qui identifie 14 oligo-éléments dans des échantillons de 28 placentas encapsulés : les concentrations en fer apparaissent élevées mais les concentrations en substances toxiques comme l'arsenic et le plomb restent inférieures aux niveaux de toxicité établis. Ces données confirment la présence possible de nutriments/toxines mais la question subsiste de savoir si ces concentrations sont suffisantes pour obtenir un bénéfice thérapeutique ou des effets indésirables.

Si les patientes connaissent plutôt bien la pratique, elles en ignorent les avantages et les risques :

-66% des participantes ont entendu parler de la placentophagie, principalement par les médias (43%), -20% des participantes qui connaissent la placentophagie, l'ont connue par une autre femme l'ayant essayée,

-les patientes enceintes ne sont pas plus susceptibles d'en avoir entendu parler que les patientes non enceintes.

-Le niveau d'études, élevé, a un impact non seulement sur la connaissance, mais incite à attribuer à la pratique plutôt un rapport bénéfice-risque positif,

-Idem pour des revenus élevés qui apparaissent comme un facteur d'expérimentation au dépend de la prise de médicaments sur prescription.

-Au total, 26% des participantes y voient des avantages, mais la majorité déclarent ne pas en être certaines.

-Les motivations les plus fréquentes sont des bénéfices globaux pour la santé (41%), la prévention de la dépression postpartum (22%), l'amélioration de la récupération post-partum, l'augmentation de l'énergie et l'allaitement.

-Les femmes qui déclarent avoir eu des complications de santé mentale post-partum sont significativement plus susceptibles de déclarer être disposées à expérimenter la placentophagie et plus que les médicaments prescrits.

88% des médecins et professionnels de santé interrogés ont entendu parler de placentophagie,

-la plupart des prestataires déclarent savoir comment le placenta est préparé : 63% citent la forme encapsulée, 37% disent « sous forme de tissu ou sous d'autres formes ».

-40% se déclarent opposés à la pratique, 24% « ne savent pas »,

-Leurs attitudes vis-à-vis de la placentophagie sont extrêmement variables, de très positives à très négatives. De nombreux médecins et professionnels de santé soulignent le besoin de recherches supplémentaires.

Bref, les professionnels risquent d'être confrontés de plus en plus fréquemment aux questions des patientes qui considèrent la placentophagie comme une alternative ou un supplément possibles aux médicaments ou à d'autres formes de traitements pour la dépression post-partum notamment. Les auteurs soulignent l'importance de poursuivre la recherche sur la placentophagie humaine, ainsi que d'y sensibiliser les cliniciens afin qu'ils puissent en discuter avec leurs patientes.

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