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ANTIBIORÉSISTANCE : Ce n’est plus quelques bactéries, c’est tout un écosystème

Actualité publiée il y a 6 années 6 mois 2 semaines
PNAS
Plusieurs types de bactéries qui peuvent œuvrer ensemble pour provoquer une infection

C’est un nouvel angle d’attaque qui nous est proposé par cette équipe de l’Université du Michigan, face à la montée incompressible des bactéries « Superbug » et de leur résistance aux antibiotiques. Attaquer cette antibiorésistance comme un écosystème et non comme le fait de quelques types bactériens plus virulents permettrait de contrer leur regroupement, en particulier sous forme de biofilms et pourrait conduire à une meilleure prévention des infections. Une stratégie argumentée dans les Actes de l’Académie des sciences américaine (PNAS) qui consiste à répondre par une combinaison d’antimicrobiens à une attaque bactérienne groupée.

L’antibiorésistance c’est finalement l’exposition à un ou plusieurs types de bactéries que les antibiotiques modernes ne savent pas tuer, plusieurs types de bactéries qui peuvent œuvrer ensemble pour provoquer une infection. Ensuite, l’usage successif de différents antibiotiques pour contrôler un type de superbactérie ne peut que favoriser le développement des autres bactéries, à proximité et prêtes à attaquer, souligne l’équipe du Michigan. Il est donc temps de penser aux bactéries comme des membres d'un écosystème résistant aux antibiotiques milieux de santé, et non pas comme à une seule espèce antibiorésistante qui agit en solo.

L’étude porte sur 234 patients en maison de soins infirmiers, victimes de cette antibiorésistance multiple et donc en situation de grande fragilité :

  • 40% d’entre eux sont porteurs de plus d'un organisme multi-résistant aux médicaments (multidrug-resistant organism ou MDRO) ;
  • les patients porteurs de paires spécifiques de MDRO présentent un risque très accru de développer une infection urinaire ou d’un autre type.

 

Une carte des interactions entre les bactéries et les classes d'antibiotiques : cette cartographie destinée aux médecins prescripteurs doit leur permettre de choisir de traiter un patient avec un antibiotique spécifique non seulement en raison de sa capacité à tuer une bactérie multi-résistante mais son impact possible sur les autres bactéries multi-résistantes identifiées chez le patient ou dans son environnement.

 

Un écosystème de résistance : en étudiant la transmission et la prévention des infections de ces patients -sous sondage urinaire durant au moins 3 jours pendant la période d'étude- les auteurs constatent que :

  • Les 2 tiers des patients étudiés ont été traités avec un ou plusieurs antibiotiques différents pendant la période d'étude ;
  • les infections proviennent souvent de bactéries entrant dans la vessie le long d'un cathéter ;
  • la colonisation de la peau, du nez et de la gorge de ces patients par des organisme multi-résistant aux médicaments n'est pas aléatoire ;
  • il existe en effet un réseau complexe d'interactions entre plusieurs espèces différentes de « MDRO » qui sont chacune influencée par différentes combinaisons d'antibiotiques ;
  • la colonisation par un organisme multi-résistant primaire augmente le risque d'infection par d'autres organismes. Cependant, la colonisation par un MDRO spécifique augmenté le risque d'acquisition par d'autres MDRO spécifiques. L’interaction entre les différents organismes résistants est donc dans une grande mesure prévisible.
  • traiter un patient avec un antibiotique donné accroît son risque d'être colonisé par certains MDRO, puis d’autres...

 

 

Un exemple d’entente bactérienne : Les chercheurs citent 2 des organismes multirésistants les plus dangereux, Enterococcus résistant à la vancomycine (ERV) et Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) ainsi que 4 bactéries Gram négatif qui font résistance à 2 antibiotiques puissants (Proteus mirabilis, Acinetobacter baumannii, Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa). Ces mêmes espèces sont responsables de nombreuses infections nosocomiales dans les hôpitaux.

Il s’agit enfin de contrôler globalement et les mêmes ententes bactériennes dans tous les établissements de santé et les maisons de soins infirmiers d’une communauté, même si chaque centre de soins infirmiers et chaque établissement abrite une expérience spécifique d'évolution des souches bactériennes.

 

La connaissance de la façon dont les différentes souches résistantes interagissent et comment précisément chaque antibiotique spécifique affectent ces écosystèmes bactériens, pourrait donc éclairer les décisions thérapeutiques des médecins.

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