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BISPHÉNOL A: L'exposition maternelle multiplie par 4 le risque de prématurité

Actualité publiée il y a 8 années 5 jours 4 heures
The Journal of Maternal-Fetal & Neonatal Medicine

C’est une nouvelle preuve d’effets délétères de l’exposition au bisphénol A (BPA) de la femme enceinte, qui nous est apportée par cette étude de l’Université du Texas à Galveston. Ces travaux, publiés dans le Journal of Maternal-Fetal & Neonatal Medicine, associent pour la première fois en effet des taux plus élevés de BPA dans le sang chez la femme enceinte, à un risque considérablement plus élevé de naissance prématurée.

Le bisphénol A présent dans de nombreuses filières industrielles, reste un sujet à discussion, notamment entre la France (Anses) et l'Europe (EFSA), cette dernière ayant conclu, à l'issue de sa dernière réévaluation, en janvier 2015, que « l'exposition au bisphénol A ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs », et cela sur la base d'une nouvelle dose journalière tolérable (DJT) provisoire, soit 4 µg/kg de poids corporel et /jour, et aux niveaux actuels d'exposition. Cet avis valait pour les groupes plus vulnérables dont les enfants à naître ou les nourrissons. Pourtant le BPA, un composé chimique utilisé dans la fabrication de matériaux en contact avec des aliments et présent également dans le papier thermique des tickets de caisse ou les cosmétiques peut migrer vers le consommateur. De nombreuses études sur l'animal et sur l'homme ont démontré ou suggéré son caractère de perturbateur endocrinien, avec des effets délétères sur la santé, dépendants à la fois de l'exposition et du sujet. Ainsi, il est interdit en France depuis 2013 dans les biberons, et depuis le 1er janvier 2015 dans les contenants alimentaires et les tickets de caisse.


Cettenouvelle étude révèle un nouvel effet associé à l'exposition des femmes enceintes, soit un risque accru de prématurité. Les chercheurs ont analysé des échantillons de sang provenant de femmes enceintes admise à l'hôpital pour le travail et l'accouchement et des prélèvements du liquide amniotique du fœtus collectés au cours du travail. Leur analyse non seulement confirme la détection de BPA dans 100% des échantillons mais associe :

· des niveaux élevés de BPA (1er quartile) dans le sang de la mère à un risque multiplié par plus de 4 d'accouchement prématuré,

· des niveaux élevés de BPA (1er quartile) dans le liquide amniotique à un risque multiplié par plus de 2 de naissance prématurée.

Ø Des données inquiétantes car « les femmes restent continuellement exposées au BPA en particulier via les conditionnements alimentaires et sa libération dans les aliments est augmentée par micro-ondes ou d'autres sources de chaleur », commentent les auteurs.

Explication : le BPA structurellement similaire à l'œstrogène se lie aux récepteurs des œstrogènes dans le corps, y compris aux récepteurs responsables de l'inflammation. Cette inflammation anormale augmente le risque de complications de la grossesse, dont la rupture précoce de la poche des eaux et donc la naissance prématurée. La conclusion des auteurs est sans appel : le BPA peut modifier la physiologie maternelle et il est nécessaire de réduire son exposition, particulièrement durant la grossesse pour réduire le risque de complications ou de résultats défavorables. Les recherches se poursuivent, sur des cellules prélevées à partir d'utérus de femmes enceintes et de membranes fœtales, afin de documenter les voies moléculaires en cause, et de tenter d'identifier des cibles potentielles d'intervention.

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