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CANCER COLORECTAL : Quel rôle jouent l’alimentation et le microbiote ?

Actualité publiée il y a 1 année 5 mois 1 semaine
ASCO
Comment l'alimentation et le microbiome affectent le risque de cancer colorectal ? (Adobe Stock 303102897)

Comment l'alimentation et le microbiome affectent-ils le risque de cancer colorectal ? C’est la question pratique que se pose ici l’équipe d’oncologues et de gastroentérologues de l’Université de Cincinnati, qui explique pourquoi, si grâce au dépistage, l’incidence du cancer colorectal est réduite chez les plus âgés, elle augmente fortement chez les jeunes adultes. Une explication réside dans le rôle du régime alimentaire occidental et du microbiote intestinal qui sont confirmés ici comme des facteurs contributifs majeurs. L’étude présentée au Congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), identifie des espèces bactériennes spécifiques chez les patients plus jeunes atteints de cancer colorectal.

 

Le dépistage généralisé à partir de 45 ans a contribué à réduire les cas de cancer colorectal chez les personnes plus âgées, cependant les taux de cancer augmentent régulièrement chez les populations plus jeunes : aux Etats-Unis ainsi, depuis 2009, les diagnostics de cancer colorectal chez les moins de 50 ans progressent d’environ 2% par an. Les cliniciens de Cincinnati rencontraient jusqu’à ces dernières années peu de patients de moins de 50 ans atteints de cancer colorectal. Cependant, précise l’auteur principal, le Dr Jordan Kharofa, professeur agrégé au Département de radio-oncologie,

 

« nous diagnostiquons ce cancer de plus en plus fréquemment chez des adultes d’âge moyen, à tel point que cela ne nous semble plus être une exception à la règle ».

Quelles sont les raisons de cette augmentation des taux de cancer chez les jeunes ?

Les chercheurs ont fait l’hypothèse de facteurs de mode de vie, notamment du régime alimentaire et de son impact sur le microbiome intestinal. Ils ont donc regardé la relation entre les bactéries du microbiome et l’incidence du cancer colorectal chez les groupes de population plus jeunes. Les chercheurs ont pu caractériser les bactéries du microbiote par séquençage de l'ADN. Alors que de précédentes études avaient déjà associé certaines espèces de bactéries de l'intestin au cancer colorectal, l’équipe a regardé précisément si ces bactéries cancérigènes étaient retrouvées à des niveaux plus élevés chez les jeunes patients atteints de cancer colorectal. L’analyse des données du microbiome de 609 patients en bonne santé et de 692 patients atteints d'un cancer colorectal révèle que :

 

  • les 2 espèces de bactéries les plus étroitement associées au cancer colorectal ne sont en fait pas trouvées à des niveaux plus élevés chez ces patients plus jeunes, ce qui signifie que ces bactéries ne sont probablement pas responsables de l'augmentation des taux de cancer chez ces groupes de population ;
  • en revanche, 5 autres bactéries sont trouvées à des niveaux plus élevés chez les adultes plus jeunes atteints de cancer colorectal : dont une espèce associée à un régime microbien soufré, ou à un régime à la fois riche en viandes transformées, boissons et alcools hypocaloriques et pauvre en fruits crus, en légumes et en légumineuses ;
  • d’autres études épidémiologiques confirment également un lien entre un régime occidental et un risque accru de cancer colorectal. Ce n’est pas la première fois qu’une association est retrouvée avec un régime riche en viande et en viande transformée.

 

« Bien que ces patients ne soient pas toujours obèses, leurs habitudes alimentaires, débutées parfois tôt dans la vie, favorisent la prolifération de certaines bactéries cancérigènes. Les aliments ne sont pas directement cancérigènes, en revanche les sous-produits du métabolisme des bactéries peuvent être cancérigènes ». Il est donc possible que les interactions entre l'alimentation et le microbiome soient à l'origine de la formation de cellules cancéreuses colorectales et de ce risque accru de diagnostic de cancer colorectal chez des adultes plus jeunes.

 

Les chercheurs rappellent tout simplement l’importance de manger plus de fruits, de légumes et de légumineuses et moins de viandes transformées. Ces nouvelles connaissances sur les bactéries en cause ou associées à ce risque accru pourrait également permettre un nouveau mode de dépistage de ce cancer, personnalisé pour les patients plus jeunes : « être en mesure de profiler le microbiome et d’effectuer ainsi un dépistage ciblé chez certains patients qui présentent a priori un risque plus élevé pourrait être un avantage, en particulier chez les patients encore asymptomatiques.

 

Nous voyons malheureusement ces patients se présenter plus tardivement parce que leurs symptômes ont été négligés ».

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