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DOULEUR : Peut-elle être une prophétie auto-réalisatrice ?

Actualité publiée il y a 5 années 3 mois 4 semaines
Nature Human Behaviour
L'étude identifie à l'IRM une "boucle de rétroaction" entre nos attentes en matière de douleur et la douleur effectivement ressentie

Oui, la douleur peut être « une prophétie auto-réalisatrice ». On y pense et la douleur vient. Cette recherche en imagerie cérébrale, menée par des neuroscientifiques de Université du Colorado à Boulder montre que lorsque nous nous attendons à avoir mal, même si le stimulus n'est pas douloureux, nous éprouvons de la douleur. L’étude, présentée dans la revue Nature Human Behaviour montre aussi que ces prophéties erronées peuvent persister et avec elles la douleur associée, même lorsque la réalité montre à maintes reprises le contraire.

 

Ainsi, nos attentes concernant l'intensité de la douleur peuvent être auto-réalisatrices : l’étude montre même via IRM une boucle de rétroaction positive entre ces attentes et la douleur perçue. L’auteur principal, le Dr Tor Wager, professeur de psychologie et de neuroscience à l'Université du Colorado résume ce phénomène ainsi : « Plus vous vous attendez à éprouver de la douleur, plus votre cerveau répond à la douleur. Plus votre cerveau réagit à la douleur, plus vous en attendez ».

 

L’hypothèse d'une prophétie auto-réalisatrice concernant la douleur « travaille » les neuroscientifiques depuis des décennies. Si de multiples études ont déjà suggéré que nos attentes peuvent influencer notre santé, dont, par exemple, notre réponse à un traitement, cette nouvelle recherche est la première à modéliser directement cette dynamique de boucle de rétroaction entre nos attentes et la douleur ressentie, et à décrypter les mécanismes neuronaux sous-jacents.

L’étude est ici menée auprès de 34 sujets, qui ont appris à associer un symbole à une faible température et un autre symbole à une chaleur intense et douloureuse. Les sujets ont ensuite passé une imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), qui mesure le flux sanguin dans le cerveau, caractéristique de l'activité neurale. Pendant 60 minutes, les participants se sont vu présenter des indices de douleur faibles ou élevés puis on leur a demandé d'évaluer le niveau de douleur attendu. Enfin, ils ont subi l’application de différents degrés de chaleur douloureuse à l'avant-bras ou à la jambe, la température la plus élevée correspondant « à celle d’une tasse de café chaud ». L'étude démontre que :

  • lorsque les sujets s'attendent à une température élevée et donc plus douloureuse, les régions cérébrales impliquées dans la peur et la menace sont activées pendant cette attente ;
  • les zones impliquées dans la génération de la douleur s‘activent à leur tour ;
  • ce qui suggère que les attentes ont eu un effet assez profond, influençant la façon dont le cerveau traite la douleur.
  • les attentes semblent influencer fortement également la capacité des sujets à tirer des enseignements de leurs expériences ; ainsi de nombreux sujets présentent un « biais » élevé en dépit de leurs précédentes expériences. Des attentes fortes semblent ainsi réduire la capacité d’apprentissage – en ce qui concerne la sensation de douleur.

 

 

Des implications sur le rétablissement de conditions douloureuses ? Ces résultats suggèrent que les attentes concernant la douleur, voire les résultats du traitement peuvent, dans certaines situations, influer sur la récupération optimale. Des attentes positives pourraient en effet avoir l’effet opposé, une réduction de la douleur perçue et une récupération plus rapide.

 

Enfin, la recherche contribue peut-être à expliquer pourquoi, chez certains patients, la douleur chronique peut persister longtemps après la cicatrisation des tissus endommagés.

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