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INSUFFISANCE CARDIAQUE, Alzheimer du cœur ?

Actualité publiée il y a 5 années 10 mois 6 jours
Circulation Research
Dans l’insuffisance cardiaque, c’est la protéine desmine qui s'accumule et forme des touffes amyloïdes (Visuel Fotolia 96273841).

L'agglutination de protéines est caractéristique des 2 maladies. Dans la maladie d’Alzheimer, plusieurs protéines sont en cause, dont la bêta-amyloïde (Aβ) est le principal constituant des agrégats pathologiques dans le cerveau.  Dans l’insuffisance cardiaque, c’est la protéine desmine qui s'accumule et forme des touffes amyloïdes. La découverte de ce mécanisme, présentée dans la revue Circulation Research, qui contribue au développement de l'insuffisance cardiaque, pourra en particulier servir de base au développement d’un outil de détection, de diagnostic de la progression ou de surveillance de la réponse aux traitements.

 

L'insuffisance cardiaque est une maladie chronique dans laquelle le cœur ne remplit pas complètement ou ne pompe pas le sang autant qu'il le devrait, ce qui entraîne une fatigue excessive. Environ 5,7 millions de personnes aux seuls États-Unis souffrent d’insuffisance cardiaque ; environ la moitié des insuffisants cardiaques décèdent dans les 5 ans. Jusqu’à aujourd’hui, les chercheurs ne sont pas parvenus à identifier un mécanisme clair qui mène à cette « panne de cœur ». Cette nouvelle étude identifie un mécanisme basé sur l’agglomération de protéines, une découverte qui va permettre de faire avancer la recherche de nouveaux outils diagnostiques et traitements, explique le Dr Giulio Agnetti, Ph.D., professeur de médecine à l'université de Bologne et co-auteur de l’étude. D’autant que le besoin est bien là : les médicaments actuels disponibles pour traiter l'insuffisance cardiaque réduisent le stress sur le cœur et les symptômes associés à l'insuffisance cardiaque, mais sans nécessairement régler la cause de la maladie. Et une fois que le cœur ne pompe plus suffisamment, la seule solution est la greffe cardiaque.

 

L’implication de la protéine desmine : les chercheurs de la Johns Hopkins Médecine détectent ici au PET scan les protéines qui s’agglomèrent dans le cœur de modèles animaux (en haut du Visuel 2 et à droite dans un cœur malade). L’équipe avait déjà montré, en 2014, l’implication de la protéine desmine qui s'accumule en touffes amyloïdes dans le cœur d’animaux modèles d'insuffisance cardiaque. La desmine est une protéine trouvée dans le « squelette » de la cellule et on ignore pourquoi elle s'agglutine dans les cellules cardiaques malades.

Afin de vérifier que la protéine de desmine est impliquée à l’identique dans l'insuffisance cardiaque humaine, les chercheurs ont étudié les protéines des biopsies de tissu cardiaque de patients atteints ou pas d’insuffisance cardiaque. Ils observent en effet deux fois plus de touffes de desmine chez les insuffisants cardiaques que chez les témoins en bonne santé.

 

 

L’épigallocatéchine gallate (EGCG) - un produit chimique du thé vert à la rescousse : de manière similaire à son effet bénéfique sur le cerveau, l'épigallocatéchine gallate réduit de moitié la quantité d'agrégats de protéines dans le cœur. Or de précédentes études ont suggéré que le thé vert réduit l'incidence des maladies cardiovasculaires comme il réduit le déclin cognitif chez des modèles Alzheimer. Ce composé chimique permet non seulement d’illustrer la similitude des processus de pathogenèse des deux maladies mais apparaît comme prometteur pour la conception d'une nouvelle classe de médicaments ciblant l'agrégation des protéines dans les maladies cardiaques et neurologiques.

 

Enfin, l'imagerie par TEP des agrégats protéiques semble pouvoir être utilisée chez les patients pour identifier les changements structurels du cœur à mesure que la maladie progresse, tout comme ceux du cerveau avec la madie d’Alzheimer. La technique pourra également permettre de mesurer l'effet d'une intervention pour arrêter ou inverser la progression de la maladie.

 

Des résultats qui doivent encore être confirmés dans un nombre plus important d'échantillons de tissus humains. Avec l’espoir de trouver une petite molécule qui empêchera la desmine de former ces agrégats.

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