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JEUX VIDEO et « escapisme » : Joueurs pro ou récréatifs, mêmes risques ?

Actualité publiée il y a 4 années 4 mois 3 semaines
Comprehensive Psychiatry
Le comportement d'évitement de la réalité ou « escapisme » est directement lié au risque de trouble du jeu

A cette époque où certains ont fait de la pratique des jeux vidéo leur profession, cette équipe de l’Université ELTE Eötvös Loránd (Budapest) a regardé les effets de la pratique chez les joueurs vidéo pro ou amateurs réguliers. L’étude présentée dans la revue Comprehensive Psychiatry révèle un marqueur clé de l’addiction aux jeux en ligne, un comportement d'évitement de la réalité ou « escapisme » directement corrélé au niveau d’immersion du joueur dans le jeu.

 

C’est la première étude à comparer les joueurs de jeux électroniques professionnels aux joueurs récréatifs et à explorer les similitudes et les différences entre les motivations de chaque groupe. Et bien que les deux groupes apparaissent psycho-socialement différents, leur risque de trouble du jeu sur Internet partage un dénominateur commun, l’escapisme ou ce souhait d'échapper à la réalité.

Echapper à la réalité, un dénominateur commun chez les joueurs accros

 

Les principaux manuels de classification des troubles mentaux (DSM-5 et CIM-11) décrivent les troubles du jeu sur Internet comme des troubles du comportement sévères qui nuisent gravement au fonctionnement personnel, familial, social, éducatif et professionnel. Bien que ces troubles ne touchent qu'une minorité de joueurs, ils sont aujourd’hui bien documentés comme associés à la dépression, à l'anxiété et à l’isolement social. On a également constaté que l’intensité des motivations pour le jeu prédit le risque de tels troubles du jeu, en particulier lorsque les joueurs jouent pour éviter d’avoir à affronter les problèmes de la vie réelle. « Une immersion excessive dans le jeu peut indiquer et induire des problèmes de santé mentale », rappelle l’auteur principal, Zsolt Demetrovics, de l’Institut de psychologie de l’Université ELTE.

 

Escapisme et troubles du jeu sont directement corrélés chez les joueurs professionnels : cette nouvelle étude met en évidence un certain nombre de résultats nouveaux, susceptibles d’implications pratiques, cliniques et politiques. Les chercheurs ont interrogé près de 4.300 joueurs de jeux récréatifs et sportifs en ligne, pour recueillir des données sur le temps de jeu, les motivations, la présence et la sévérité des troubles du jeu et les symptômes psychiatriques. En outre, l'effet de médiation des motivations a été examiné chez les joueurs pro et récréatifs. Cette analyse montre que :

  • les joueurs pro passent beaucoup plus de temps à jouer aux jeux vidéo tout au long de la semaine, y compris le weekend, que les joueurs récréatifs ;
  • les joueurs pro obtiennent des scores plus élevés que les joueurs récréatifs sur les motivations de jeu liées au « social », à la compétition et au développement des compétences ;
  • chez ces 2 groupes, l'évasion semble être un facteur prédictif et commun des troubles du jeu ;
  • chez les joueurs pro, s’évader du réel semble être la seule motivation ayant un effet médiateur sur le développement de ces troubles du jeu,
  • dans le groupe récréatif, la compétition, la fantaisie et la capacité d’adaptation se révèlent également associées avec l’incidence de troubles du jeu.

 

 

Echapper à la réalité au profit de mondes virtuels peut être le résultat de mécanismes et de contextes psychologiques différents. Chez certains joueurs, l'état de santé mentale (niveau de stress, bien-être psychosocial, estime de soi) peut modifier cet effet de l'évasion dans le développement de troubles du jeu. Ainsi, ce souhait d’évasion dans la pratique des jeux vidéo peut même être entraîner des conséquences négatives et interférer avec la carrière d’un joueur professionnel, tout comme c’est le cas pour la carrière d’un sportif.

 

Explorer ce mécanisme d'évasion chez les joueurs en ligne pourrait permettre de développer de nouveaux outils de prévention. Une bonne connaissance des risques et des mécanismes peut conduire au développement d’interventions de soutien, comportant un travail sur l’auto-évaluation, l'estime de soi et différentes stratégies d'adaptation, concluent les auteurs.

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