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L’OBÉSITÉ sarcopénique

Actualité publiée il y a 6 années 3 heures 55 min
Jean-Michel Lecerf / chef de service nutrition à l’Institut Pasteur de Lille
Sa prévention repose sur sur l’absolue nécessité de maintenir son poids tout au long de sa vie et surtout si l’on prend du poids, de pratiquer une activité physique régulière.

Cette entité devient une véritable préoccupation. Pourtant, elle est à la fois méconnue et souvent ignorée. Sous l’apparence d’une personne bien portante, il s’agit en fait d’un colosse aux pieds d’argile. Mais qu’est-ce donc ?

 

L’obésité sarcopénique correspond à une situation apparemment paradoxale de personnes ayant un IMC élevé et donc une masse grasse élevée mais, et c’est là l’essentiel, une masse maigre basse, voire très basse. C’est vraiment la résultante de toute une histoire, que l’on rencontrera de plus en plus, compte-tenu de la progression du nombre de personnes en surpoids. On l’observe surtout chez les sujets âgés, car les personnes en surpoids ou obèses vivent, Dieu merci, de plus en plus longtemps avec ou sans comorbidités.

 

Avec l’âge, l’évolution naturelle est une modification de la composition corporelle, avec une diminution de la masse maigre au profit de la masse grasse. Ceci est accentué par de nombreux facteurs :

  1. Le premier est l’inactivité physique dans un véritable cercle vicieux car le surpoids conduit souvent les sujets à réduire tout mouvement. Cette diminution de l’activité physique est due à la fois à la gêne et la fatigue occasionnées par la surcharge pondérale et à l’essoufflement qui lui est associé. Il ne faut pas non plus oublier le rôle des facteurs ostéoarticulaires (arthrose…).
  2. Le second est le rôle très fortement aggravant des régimes intempestifs, itératifs, mal conduits, avec notamment une réduction majeure des glucides. Celle-ci conduit à ce que l’organisme puise dans les protéines des muscles en détournant certains acides aminés (alanine…) vers le foie pour faire du sucre par néoglucogénèse : ceci pour fournir du glucose au cerveau qui en est un consommateur majeur et obligatoire. Ainsi le muscle s’affaiblit.
  3. D’autres facteurs endogènes, tels qu’une inflammation bas-grade chronique, une corticothérapie, un déficit en vitamine D peuvent être aggravants.

 

Les conséquences de cette obésité sarcopénique sont considérables. Elle fait le lit de la dénutrition et de ses conséquences délétères sur l’immunité. Elle est souvent associée à une ostéoporose et est désignée ainsi ostéosarcopénie, facteur majeur de risque de chutes et de fractures.

 

En outre, de très nombreuses études montrent qu’elle est associée à une diminution des capacités fonctionnelles et à une perte d’autonomie plus importantes que celles observées en cas d’obésité seule. Et puis il a été formellement établi qu’elle augmente fortement la mortalité.

Un des marqueurs de l’obésité sarcopénique est la diminution de la force musculaire, facilement mesurable par un appareil dynamomètre appelé Handgrip, avec des abaques bien établies (cf. tableau).

Car cette sarcopénie n’est pas seulement une réduction de la masse musculaire.

Elle est aussi une diminution de la fonctionnalité musculaire.

 

 

La prendre en charge n’est pas facile mais réalisable.

  • Il ne faut absolument pas chercher à faire perdre du poids à la personne. Il convient d’abord que celui-ci n’augmente plus. Il faut renourrir le patient avec des apports protidiques élevés et de qualité, sans oublier l’apport glucidique.
  • Les protéines de qualité les plus performantes sont celles des œufs et du lactosérum, et donc du lait et des yaourts.
  • Il faut aussi remobiliser les personnes, proposer des exercices doux de musculation ou contre résistance, avec l’aide d’un kinésithérapeute ou d’un éducateur médico-sportif. Le travail des membres supérieurs avec des mini-haltères est possible, ou encore des séances d’aquagym ou d’aquabike adaptées.

 

Enfin la prévention repose sur le bannissement des régimes restrictifs déséquilibrés, sur la sensibilisation des professionnels de santé aux risques des jeûnes répétés et bien sûr sur l’absolue nécessité de maintenir son poids tout au long de sa vie et surtout si l’on prend du poids, de pratiquer une activité physique régulière.

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