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MALADIE CARDIAQUE : Sa prise en charge doit aussi évoluer avec l’âge du patient

Actualité publiée il y a 1 année 4 mois 1 jour
Circulation
Alors que les cœurs et les corps changent avec l'âge, les traitements des maladies cardiaques devraient concomitamment évoluer  (Visuel Adobe Stock 509717707)

Les cardiologues experts de l’American Heart Association (AHA) relèvent que « les cœurs et les corps changent avec l'âge, les traitements des maladies cardiaques devraient concomitamment évoluer ». Leur déclaration scientifique, publiée dans la revue Circulation, apporte de précieuses informations sur la façon dont le vieillissement influence le diagnostic et le traitement plaide pour des soins cardiovasculaires mieux adaptés, en particulier pour les patients âgés de 75 ans et plus, hospitalisés pour une crise cardiaque ou des douleurs thoraciques.

 

Il s’agit donc de mieux prendre en compte les modifications du système cardiovasculaire associées au vieillissement normal et aux affections médicales non cardiovasculaires, plus fréquentes avec l'âge, lors de la planification du traitement et du suivi des crises cardiaques et autre affection cardiovasculaire. Adapter les soins pour les patients âgés va devenir de plus en plus important avec le vieillissement des populations. Chez les personnes plus âgées, le cœur et les vaisseaux sanguins nécessitent une attention toute particulière, avec ensuite des implications en cas d’événements et de maladies cardiaques.

Mieux gérer le syndrome coronarien aigu en population âgée

La déclaration apporte les dernières preuves de la littérature permettant de guide les cliniciens auprès des patients âgés de plus de 75 ans. Ce groupe de patients constitue 30 à 40% des personnes hospitalisées avec un SCA- qui comprend la crise cardiaque et l'angor instable. Des données d’autant plus précieuses que ces personnes âgées sont souvent exclues des essais cliniques.

 

L’un des auteurs principaux, le Dr Abdulla A. Damluji, professeur agrégé de médecine à la Johns Hopkins School of Medicine (Baltimore) précise que « les patients plus âgés présentent des changements anatomiques plus prononcés, des déficiences fonctionnelles plus graves et sont plus susceptibles de développer des comorbidités non cardiaques. Parmi ces effets collatéraux, la fragilité, les maladies chroniques, des défauts de fonctionnement physique, le déclin cognitif ou encore l'incontinence urinaire.

 

Vieillissement normal et changements dans le cœur et les vaisseaux : déjà dans le cours d’un vieillissement en bonne santé, les changements cardiovasculaires « normaux » augmentent le risque de SCA font que son diagnostic et son traitement deviennent plus complexes :

 

  • les grosses artères deviennent plus rigides ;
  • le muscle cardiaque travaille souvent plus fort mais pompe moins efficacement ;
  • les vaisseaux sanguins sont moins flexibles et moins capables de répondre aux changements des besoins en oxygène du cœur ;
  • le risque de caillots sanguins s’accroît ;
  • les sensations de douleur peuvent être altérées et rendre le diagnostic plus complexe ;
  • la fonction rénale décline …

Tous ces changements doivent être pris en compte lors du diagnostic et du traitement du SCA chez les personnes âgées.

 

Pour la pratique clinique, il faut noter que :

 

  • le SCA est plus susceptible de survenir sans douleur thoracique chez les personnes âgées, accompagné de symptômes tels que l’essoufflement, des malaises ou une confusion soudaine ;
  • si la mesure des niveaux de l'enzyme troponine dans le sang est un test standard pour diagnostiquer une crise cardiaque chez les jeunes, ces niveaux sont par défaut plus élevés chez les personnes âgées, en particulier en cas de maladie rénale ou de rigidité artérielle ;
  • les changements liés à l'âge dans le métabolisme, le poids et la masse musculaire peuvent nécessiter des choix plus ciblés de médicaments anticoagulants afin de limiter le risque de saignement ;
  • le déclin de la fonction rénale avec l’âge s’accompagne de l’augmentation du risque de lésion rénale ;
  • bien que prescrite moins systématiquement aux patients plus âgés, la réadaptation cardiaque bénéficie le plus aux patients fragiles ;
  • la coordination des soins et des traitements est tout particulièrement cruciale lors des transferts de patients âgés du domicile à l’hôpital, et de l'hôpital vers un centre de soins ambulatoires.

Attention à la polymédication et aux interactions médicamenteuses

  • Avec le vieillissement, le diagnostic de comorbidités de plus en plus nombreuses, la polymédication et le risque d’interactions indésirables qui peuvent aggraver un syndrome coronarien aigu. « Les syndromes gériatriques et la complexité des soins peuvent nuire à l'efficacité des traitements du SCA.

Une revue des traitements s’impose,

y compris des suppléments et des médicaments OTC, par un pharmacien expert en gériatrie ».

  • Idéalement, les équipes multidisciplinaires s'occupant des personnes âgées atteintes de SCA comprennent des cardiologues, des chirurgiens, des gériatres, des cliniciens de soins primaires, des nutritionnistes, des pharmaciens, des infirmières, des professionnels de la réadaptation cardiaque, des assistants sociaux et des aidants familiaux.

 

Le défi des troubles cognitifs et de la perte de mobilité : la perte d'autonomie peut imposer la nécessité d’un calendrier de prise de médicaments simplifié, avec moins de doses par jour et des réserves de médicaments pour 90 jours. La surveillance des symptômes, de l'état fonctionnel et de la qualité de vie pendant le suivi doit être encore plus rigoureuse chez ce groupe de patients.

 

Cependant, quels que soient les caractéristiques patients, les objectifs axés sur la qualité de vie, la capacité de vivre de manière autonome et/ou de fonctionnement ne doivent pas être négligés lors de la planification des soins. Ainsi, la chirurgie de pontage ou les procédures de réouverture d'une artère obstruée ne sont pas toujours à exclure pour ces patients plus âgés. Les soins palliatifs peuvent aider également à gérer certains symptômes, à améliorer la qualité de vie et à fournir un soutien psychosocial.

 

En conclusion, c’est une approche individualisée, pluridisciplinaire et centrée sur le patient qui doit être adoptée pour la prise en charge, chez le patient âgé, du syndrome coronarien aigu.  

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