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MÉMOIRE : Nos neurones ont besoin d’œstrogène pour former les souvenirs

Actualité publiée il y a 4 années 11 mois 4 semaines
The Journal of Neuroscience
Grâce à l’œstrogène qu'ils produisent, les neurones restent en communication dans le cerveau et en particulier dans les zones vouées à la mémoire.

Cet œstrogène est fabriqué par les neurones et il est important pour créer des souvenirs et maintenir la mémoire : cette équipe de l’Université d’Augusta (Géorgie) décrypte dans le Journal of Neuroscience comment grâce à l’œstrogène, les neurones restent en communication dans le cerveau et en particulier dans les zones vouées à la mémoire. Ce rôle clé de l’œstrogène dans la plasticité synaptique ouvre de nouvelles voies et cibles à explorer, pour réduire le déclin cognitif.  

 

Les neurones chez les hommes et les femmes produisent de l'œstrogène mais, lorsque ce n’est pas le cas, leur cerveau présente des épines dendritiques et des synapses beaucoup moins denses. Or ces points de communication clés pour les neurones, situés dans la plus grande partie du cerveau, interviennent dans la consolidation de la mémoire. L’auteur principal, le Dr Darrell Brann, directeur du département de neuroscience et de médecine régénérative du Medical College of Georgia de l'Université Augusta explique : « Nous pensons que cela montre le rôle clair des œstrogènes dans la plasticité synaptique, dans la façon dont les neurones communiquent et dans la formation de la mémoire ».

 

Plus d’œstrogène, plus de mémoire, ou presque : chez des souris dont les neurones ne fabriquent plus d’œstrogènes, les scientifiques constatent en effet une mémoire spatiale, de reconnaissance et « de peur contextuelle » altérées. Cependant, lorsque les scientifiques restaurent les niveaux d'œstrogène dans le cerveau, ces fonctions reviennent à la normale.

 

Le rôle clé de l’aromatase dans la mémoire : on sait que l'aromatase, l'enzyme qui convertit la testostérone en œstrogènes, est fabriquée dans l'hippocampe et le cortex cérébral de toute une variété d'espèces, dont les humains. On sait aussi qu’il y a, chez ces espèces dont l’Homme, déficit de mémoire lorsque l'aromatase est bloquée. En particulier, les patientes prenant un inhibiteur de l’aromatase pour le traitement d’un cancer du sein dépendant aux œstrogènes signalent fréquemment des troubles de la mémoire. Ici, lorsque les chercheurs « suppriment » l'aromatase des neurones excitateurs dans les zones du cerveau impliquées dans la mémoire, la mémoire des animaux est fortement réduite. Des études électrophysiologiques menées sur des tranches de cerveau altérées par des œstrogènes montrent que la potentialisation à long terme ou processus par lequel les synapses se renforcent pour former un souvenir ne fonctionne plus normalement. Cependant ajouter de l’œstrogène directement sur « ces tranches d’hippocampe » permet de restaurer cette capacité en quelques minutes.

 

Quel processus ?

  • L’inhibition de l’aromatase diminue l’expression de CREB, un facteur de transcription majeur qui joue un rôle clé dans l’apprentissage et la mémoire, ainsi que le facteur neurotrophique dérivé du cerveau (BDNF).
  • Ce serait probablement le glutamate, le neurotransmetteur excitateur le plus abondant du cerveau, essentiel à l'apprentissage et à la mémoire, qui inciterait les neurones à produire de l'œstrogène.

 

 

Le rôle modulateur des œstrogènes dérivés des neurones : chez ces souris privées d’aromatase, les scientifiques observent, en plus du déficit de mémoire, un comportement de type dépression et anxiété. Les œstrogènes dérivés des neurones seraient ainsi un « nouveau » neuromodulateur, un messager essentiel sur lequel un neurone s'appuie pour communiquer avec les autres, ce qui est essentiel pour des fonctions clés telles que la cognition mais aussi l’humeur.

Il reste de nombreuses voies à explorer de mieux cerner ce processus naturel médié par l’œstrogène et l’aromatase cérébrale, cependant l’idée serait de pouvoir augmenter la production d’aromatase et d’œstrogènes dans le cerveau dans certains cas de déficit cognitif.

Les œstrogènes cérébraux semblent également donner un avantage aux femmes…d’autant, qu’à ce jour, les preuves, dont celles apportées par cette nouvelle étude, indiquent que la perte de fonction des  ovaires n'a pas d'incidence sur les taux d'œstrogènes dans le cerveau.

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