NEURO: Le sixième sens a ses zones cérébrales spécifiques

Des chercheurs français de l’Inserm-Université Pierre et Marie Curie montrent que le cerveau consacre davantage de ressources de traitement aux situations de menace qu’aux autres situations négatives mais plus anodines. Leurs conclusions, présentées dans la revue eLife peuvent contribuer à expliquer ce « 6è sens » qui se déclenche face au danger. C’est la première fois que des zones spécifiques du cerveau sont identifiées comme spécifiquement impliquées dans ce phénomène. Et c’est la première fois qu’est identifiée une réponse différente à la menace, chez les sujets anxieux et chez les sujets plus décontractés.
Le cerveau humain est capable de détecter la menace, grâce à ces zones identifiées, de façon rapide, en seulement 200 millisecondes et automatique, précisent les auteurs. Cependant ces zones varient en fonction du trait d'anxiété chez chaque individu : ainsi les individus de nature anxieuse vont mobiliser une zone « d'alerte » différente dans le cerveau, des individus plus décontractés.

Anxiété et hypersensibilité aux signaux de menace : l'étude a évalué les signaux électriques intervenant dans le cerveau de 24 volontaires invités à juger si des visages modifiés par ordinateur exprimaient la colère ou la peur. Certains visages affichaient exactement la même expression, seule la direction de leur regard avait été modifiée. Au total,1.080 essais ont été effectués. L'analyse confirme
Ø une hypersensibilité au danger chez les sujets anxieux, qui semble aussi avoir son utilité : les participants plus anxieux vont monopoliser des zones également responsables de l'action, alors que les sujets plus nonchalants vont mobiliser des zones sensorielles, responsables de la reconnaissance, notamment des visages.
Globalement le regard est la vitrine de la menace comme des émotions :
· ce qui donne un caractère menaçant à un individu est essentiellement la direction de son regard, démontrent ici les chercheurs et c'est ce caractère qui semble la clé de la sensibilité de l'autre à cette sensation de danger.
· Ainsi, la colère combinée à un regard direct entraine chez l'autre une réponse du cerveau en seulement 200 millisecondes. Même en plein milieu d'une foule, la sensibilité à un visage en colère fixé sur soi est plus aiguë, explique l'auteur principal Marwa El Zein, chercheur à l'INSERM.
· De même, une personne qui exprime la peur et regarde dans une direction particulière sera détectée plus rapidement que l'expression d'une émotion positive.
Cette capacité de détection de la menace est le fruit de l'évolution et de l'adaptation pour la survie. Une réaction rapide face à une autre personne qui a peur peut aussi nous aider à éviter le danger. Ainsi, le cerveau consacre davantage de ressources de traitement aux émotions négatives qui signalent la menace, qu'à d'autres émotions négatives. Enfin, le point le plus surprenant est une réponse à la menace, « tournée vers l'action », chez les sujets les plus anxieux.
Lire aussi: NEURO: Comment flaire-t-on le danger?–
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