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OPIOÏDE : Fentanyl, un risque d’altération cérébrale et comportementale ?

Actualité publiée il y a 1 année 10 mois 4 jours
British Journal of Anaesthesia
Un « autre » effet indésirable possible de l’analgésique opioïde fentanyl : un comportement de type autistique (Visuel Adobe Stock 295203287).

Cette équipe internationale révèle un « autre » effet indésirable possible de l’analgésique opioïde fentanyl : un comportement de type autistique. La recherche, menée ici chez de jeunes souris, apporte également, dans le British Journal of Anaesthesia, de nouvelles données mécanistes sur la façon dont ce comportement de type autistique induit par le fentanyl se développe. Il reste néanmoins à valider de tels effets chez l'Homme.

 

Le fentanyl, un agoniste des récepteurs opioïdes mu, est l'un des analgésiques les plus couramment utilisés à l'hôpital et peut induire une altération comportementale et somatosensorielle durable, chez les rongeurs. On ignore cependant si son utilisation pourrait favoriser le développement de l'autisme. Cette étude animale menée par des chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH), du Shanghai 10th People’s Hospital et de l’Université de Pennsylvanie révèle que le fentanyl peut induire des changements similaires aux comportements de type autistique, chez les jeunes souris mâles et femelles.

Un résultat qui doit alerter mais pas conduire à éviter l'utilisation du fentanyl à l'hôpital

De précédentes recherches avaient suggéré que le dysfonctionnement des récepteurs N-méthyl-D-aspartate contribue à l'autisme. Des variations dans Grin2a et Grin2b, les gènes codant pour les sous-unités GluN2A et GluN2B du récepteur N-méthyl-D-aspartate, sont associées à l'autisme. De plus, le cortex cingulaire antérieur du cerveau est affecté dans l'autisme. L’équipe montre ici, chez la souris exposée au fentanyl, l’implication, et précisément la réduction de l'expression de Grin2b induite par une hyperméthylation dans le cortex cingulaire antérieur.  

 

« Le cortex cingulaire antérieur est une plaque tournante pour la médiation des informations sociales, nous nous sommes donc concentrés sur l'expression de Grin2b dans cette région cérébrale » explique plus avant l’auteur principal, le Dr Yuan Shen, professeur de psychiatrie au Shanghai 10th People's Hospital : « Nous constatons que le fentanyl diminue l'expression de Grin2b dans le cortex cingulaire antérieur. En revanche, la surexpression de Grin2b empêche le comportement de type autistique induit par le fentanyl chez les souris. Ces résultats suggèrent

un mécanisme possible, pour expliquer ou prévenir le comportement de type autistique, induit par le médicament »

Il faudra  valider ces résultats chez l’Homme, en particulier parce que les changements observés chez la souris dans les tests comportementaux ne correspondent pas à l'autisme chez l'homme. Ces tests comportementaux ne sont utilisés que pour étudier les comportements de type autistique chez les souris, car ils peuvent démontrer certaines caractéristiques de changements de comportement similaires à la manifestation de l'autisme chez l’Homme, précisent les chercheurs.

 

Ainsi ce résultat d’étude animale doit alerter mais n’est en aucun cas une indication pour éviter le fentanyl en anesthésie clinique. Il doit néanmoins inciter à de nouvelles recherches, dont des investigations cliniques, pour déterminer l'influence neurocomportementale potentielle des opioïdes sur le développement du cerveau.

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