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OSTÉOPOROSE : Une maladie multifactorielle

Actualité publiée il y a 5 années 7 mois 3 jours
Jean-Michel Lecerf / chef de service nutrition à l’Institut Pasteur de Lille
L'ostéoporose commune est multifactorielle. Elle associe les effets de l’âge, de la ménopause, de la maigreur, de l’immobilisation ou de la sédentarité, mais aussi ceux des déficits et des déséquilibres nutritionnels.

On croit la connaître. Mais en fait, l’ostéoporose est si souvent négligée qu’il ne peut s’agir que de méconnaissance. Passée inaperçue tant qu’il ne s’agit que de Z Score ou de T Score sur un compte-rendu, elle ne préoccupe qu’au stade post-fracturaire. Or malheureusement, non seulement la fracture spontanée est une façon de rentrer dans la dépendance ou les complications mais chez le sujet âgé, c’est un puissant indicateur de haut risque de mortalité.

 

 

L’ostéoporose est un manque d’os, ou plutôt un manque de matrice osseuse, soit par excès de résorption osseuse, soit par déficit de formation osseuse. L’os se raréfie, il devient moins dense, plus fragile et donc fracturable. À distinguer de l’ostéomalacie où l’os est seulement plus mou ! La première pathologie est multifactorielle. La seconde est uniquement liée à une carence en vitamine D, conduisant chez l’enfant au rachitisme.

 

L’ostéoporose peut être secondaire à une pathologie hormonale : hypercorticisme (ou corticothérapie prolongée), hyperparathyroïdie, hyperthyroïdie, hypogonadisme. La carence en vitamine D peut aussi être secondaire à une malabsorption intestinale ou pancréatique. Mais l’ostéoporose commune est multifactorielle. Elle associe les effets de l’âge, de la ménopause, de la maigreur, de l’immobilisation ou de la sédentarité, mais aussi ceux des déficits et des déséquilibres nutritionnels.

 

 

Quels sont les facteurs péjoratifs nutritionnels pour l’os ? Le déficit en protéines est un facteur d’ostéopénie et souvent d’ostéo-sarcopénie, l’os et le muscle faisant cause commune. La chirurgie bariatrique est devenue une cause majeure de déficit protidique puisque la moyenne des apports en protéines chez les sujets opérés est de 0,5g/kg/j au lieu d’apports souhaitables au double. L’excès de sel est hypercalciuriant et facteur d’ostéopénie. Le déficit de masse grasse, par exemple dans l’anorexie, réduit le taux circulant d’œstrogènes faibles (oestrone) dont la production endogène dépend de l’action d’une aromatase présente dans le tissu adipeux. La maigreur est en soi un facteur de moindre pression exercée par le poids corporel sur les os, au même titre que l’apesanteur favorise l’ostéoporose des astronautes et autres cosmonautes !

L’acidification du milieu intérieur et donc la baisse du pH, conduit à une sortie du calcium osseux dans le but de tamponner l’excès d’ions H+. Cependant la régulation du pH est extrêmement contrôlée grâce aux rôles conjugués du rein, susceptible d’éliminer les ions H+, du poumon, susceptible d’accroître les ions bicarbonates plasmatiques, et de l’os.

Les sujets âgés ayant une altération de la fonction rénale peuvent voir une discrète acidose s’installer en cas d’excès d’apport en protéines animales, dont le métabolisme conduisant à un excès d’ions H+ est

« acidifiant ». Dans ce cas, la sortie du calcium osseux s’accompagne d’une hypercalciurie mais elle est compensée par une augmentation de l’absorption intestinale du calcium. D’autre part, un apport élevé en fruits et légumes, qui sont tous susceptibles d’alcaliniser le milieu intérieur, et un apport suffisant en calcium en annuleront les effets. Il a d’ailleurs bien été montré que l’incidence des fractures diminuait lorsque l’apport en protéines totales (et animales) augmentait.

 

 

Quels sont les facteurs protecteurs ?

  • Les études sont formelles : des apports adéquats en produits laitiers augmentent la densité minérale osseuse et diminuent l’incidence des fractures.
  • Les fruits et les légumes ont un effet favorable sur l’os, grâce à leur pouvoir alcalinisant et aux polyphénols (la quer- cétine par exemple) qu’ils apportent. Mais aussi par l’effet positif de la vitamine C sur le collagène et de la vitamine K (présente dans des légumes tels que le chou) sur l’ostéoformation.
  • Toujours du côté des végétaux, le soja (tofu..) a des effets favorables sur l’os grâce à ses isoflavones.
  • Quant aux protéines végétales, elles ont les mêmes effets que l’ensemble des protéines, globalement bénéfique.
  • On manque de preuve sur les effets (et bien- faits) de la silice.
  • La vitamine D interagit avec les protéines et le calcium : des apports élevés ont des effets synergiques sur l’absorption du calcium et sa fixation osseuse. Bien que les taux plasmatiques dépendent en très grande partie de l’ensoleillement, il ne faut pas négliger les sources alimentaires que sont les produits laitiers gras, les poissons gras, le foie de morue, ou encore le shitaké, un champignon japonais, véritable bombe à vitamine D.
  • Enfin l’activité physique est un facteur important pour la solidité osseuse. Quant au surpoids, il serait relativement protecteur sauf en cas d’obésité abdominale dite androïde, en raison de l’hypercorticisme « d’entraînement » auquel il est associé.

 

Mais qu’en est-il des régimes ?...

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