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PATHOGENÈSE: L’Alzheimer a son big bang

Actualité publiée il y a 5 années 8 mois 3 semaines
eLife
La forme nocive de tau expose une partie d’elle-même normalement repliée vers l'intérieur.

La maladie d'Alzheimer a son big bang et ce point de départ extrêmement précis de sa pathogenèse vient d’être décrypté par les scientifiques de l’Université du Texas Southwestern. C’est le moment ou la fameuse protéine Tau devient toxique et s’apprête à former ses enchevêtrements mortels dans le cerveau. Ces travaux, publiés dans eLife contredisent l’idée jusque-là admise qu’une protéine tau isolée n'a pas de forme distincte et n'est nocive qu'après avoir commencé à s'assembler avec d'autres protéines tau pour former ces agrégats spécifiques de la maladie d’Alzheimer.

 

Ce décryptage et cet aperçu de la nature changeante de la forme de la molécule tau juste avant qu'elle ne commence à s’agréger offre une nouvelle stratégie pour détecter la maladie avant qu'elle ne se propage dans le cerveau. Avec cette nouvelle compréhension, il sera en effet possible de développer des traitements qui stabilisent les protéines tau avant qu'elles ne muent dans leur forme toxique.

 

C’est donc comme le « Big Bang de la tauopathie » écrivent les chercheurs. L’auteur principal, le Dr Mark Diamond, directeur du Centre pour l'Alzheimer de l’UT Southwestern précise : « C'est peut-être la plus grande découverte faite à ce jour et il est probable que ses implications se concrétiseront en pratique clinique ». L’équipe a fait cette découverte après extraction de protéines tau de cerveaux humains et en les isolant comme de simples molécules. Les chercheurs ont alors constaté que la forme nocive de tau expose une partie d’elle-même normalement repliée vers l'intérieur. Cette partie exposée l'amène la molécule à coller aux autres protéines tau, ce qui permet et induit la formation d'enchevêtrements qui vont tuer les neurones.

 

Le tout début de la pathogenèse, c’est cette apparition du premier changement moléculaire qui mène à la neurodégénérescence dans l’Alzheimer. Une découverte primordiale, alors qu’en dépit d’investissements de milliards de dollars dans les essais cliniques, la maladie d'Alzheimer demeure l'une des maladies les plus dévastatrices et les plus déconcertantes au monde, touchant près de 50 millions de personnes dans le monde. L'identification de ce point de genèse de la maladie fournit aux scientifiques une cible essentielle pour le diagnostic de la maladie à un stade précoce, avant que les symptômes de perte de mémoire et de déclin cognitif deviennent apparents.

 

Next step : les prochaines étapes consistent à développer un test clinique simple sur le sang ou le liquide céphalorachidien capable de détecter les premiers signes biologiques de la protéine tau anormale. Ensuite, l’objectif est de développer un traitement qui bloque le processus de neurodégénérescence à ses tout débuts.

« Et si cela s’avérait possible, l'incidence de la maladie d'Alzheimer pourrait être considérablement réduite ».

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