Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

ANTIBIOTIQUES à l'HÔPITAL : Trop d'automatismes, trop d'effets indésirables

Actualité publiée il y a 6 années 9 mois 5 jours
JAMA Internal Medicine

1 patient sur 5 hospitalisés souffre d'effets secondaires liés à la prescription d’antibiotiques, révèle cette étude de la Johns Hopkins et près de 20% de ces effets indésirables interviennent chez des patients qui n’avaient pas vraiment besoin de traitement antibiotique. Un rappel donc, avec ces données présentées dans le JAMA Internal Médicine, que les antibiotiques ne sont pas anodins et qu’ils nécessitent une juste prescription de la part des médecins, dont à l'hôpital. Une sensibilisation au rôle clé de l’hôpital dans la lutte contre les antibiorésistances.

L'étude a été menée auprès de 1.488 patients adultes ayant reçu une prescription d'antibiotiques. Les chercheurs ont évalué les dossiers électroniques de ces patients admis pour diverses raisons, allant du traumatisme à la maladie chronique. Tous avaient reçu au moins 24 heures de traitement antibiotique. Le suivi de ces patients durant 30 jours après leur décharge, révèle la survenue d'effets secondaires indésirables chez 20% des patients et une grande partie des effets secondaires surviennent chez des patients dont la prise en charge ne nécessitait pas d'antibiotiques. Précisément :


-20% des patients qui ont reçu des antibiotiques ont connu un ou plusieurs effets indésirables,

-par tranche de 10 jours supplémentaires d'antibiotiques, le risque d'effets secondaires augmente de 3%.
-Les anomalies gastro-intestinales, rénales et sanguines apparaissent être les effets les plus courants représentant respectivement 42, 24 et 15% des événements indésirables observés.

-Au total, respectivement 4% et 6% des patients ont développé des infections à C. difficile ou à d'autres bactéries résistantes.

Réhospitalisations, tests diagnostiques, les antibiotiques entraînent leur cortège d'effets chez le patient et sur le système de santé : Si aucun décès n'a été attribué aux effets secondaires de "sur-traitements" antibiotiques, les chercheurs estiment que 24% des patients ont dû prolonger leur hospitalisation en raison d'effets néfastes : 3% des patients ont dû être réhospitalisés, 9% faire appel à un service supplémentaire d'urgence ou à la visite d'un médecin. Enfin, 61% ont eu besoin de tests diagnostiques supplémentaires.
« Trop souvent, les cliniciens prescrivent des antibiotiques même s'ils n'ont qu'un léger soupçon d'infection bactérienne et en pensant que même si les antibiotiques ne sont pas absolument nécessaires, ils ne sont probablement pas nocifs », commente le Dr Pranita Tamma, professeur de pédiatrie à l'Hôpital Johns Hopkins. « Pourtant les antibiotiques peuvent entraîner des dommages sévères ; il convient donc avant de prescrire, de s'arrêter et se demander, si patient a vraiment besoin du traitement ». Au-delà, les patients ont aussi leur rôle à jouer : ces résultats doivent aussi également encourager les patients à poser des questions et à comprendre les risques.

19% des antibiotiques prescrits aux patients étaient cliniquement inutiles, ce qui signifie qu'ils n'étaient justifiés par aucune indication d'infection bactérienne. Et chez ces patients, les taux d'effets indésirables sont identiques à ceux du groupe global, soit environ 20%.

Enfin, l'équipe précise que l'étude a pu sous-estimer le nombre d'effets indésirables associés aux antibiotiques, car l'Hôpital Johns Hopkins possède un programme robuste de gestion/prescription des antibiotiques qui aide les cliniciens à faire des choix judicieux…

Autres actualités sur le même thème