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ASPIRINE : Éviter le risque de saignement chez les plus âgés

Actualité publiée il y a 6 années 10 mois 1 semaine
The Lancet

Un risque de saignement lié à l'aspirine bien plus élevé chez les plus de 75 ans, c’est la précision apportée par cette étude de l’Université d’Oxford. Utilisé fréquemment comme « fluidifiant sanguin », l’aspirine peut entraîner en effet cet effet indésirable bien documenté de saignements dans l’estomac ou le cerveau. Ces travaux, présentés dans le Lancet qui estiment ce risque de saignement invalidant ou fatal du tube digestif 10 fois plus élevé chez les plus de 75 ans vs jeunes adultes, alerte et propose aussi : les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) peuvent contribuer à réduire le risque de saignements chez les patients âgés de plus de 75 ans.

Antalgique, antipyrétique, anti-inflammatoire, antiagrégant plaquettaire mais aussi anticancéreux, l'aspirine (et son principe actif, l'acide acétylsalicylique) est l'un des médicaments les plus anciens et les plus couramment utilisés. Si on en découvre chaque jour de nouveaux bénéfices, ses effets secondaires, comme le risque de saignements et d'hémorragies sont également documentés : si l'aspirine peut aider à diluer le sang et est donc fréquemment prescrit aux patients à risque de caillots de sang, et donc à risque accru de crise cardiaque ou d'accident vasculaire cérébral (AVC), son principal effet indésirable est le risque de saignements dans le système digestif ou le cerveau. Le rapport bénéfice-risque est donc toujours discuté par de nombreuses études. Cette nouvelle étude précise le risque accru chez les plus âgés.


L'étude a suivi sur 10 ans 3.166 participants âgés de plus de 75 ans, ayant reçu de l'aspirine en raison d'une crise cardiaque ou d'un accident vasculaire cérébral antérieur. Au départ, un quart de ces participants recevaient un traitement « de protection » de l'estomac comme un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) puis un tiers des participants à un an. Les chercheurs ont pris en compte les facteurs de confusion possibles dont les antécédents d'ulcères d'estomac, le cancer, les maladies du foie ou des reins et l'excès de consommation d'alcool. Les patients ont été examinés à 6 mois, 1 an, 5 ans et 10 ans après leur première crise cardiaque ou AVC. Ces visites médicales ont documenté d'autres événements cardiovasculaires et des événements hémorragiques. Les épisodes de saignement ont été consignés. L'analyse constate que chez les moins de 75 ans, le risque annuel de saignement est d'environ 1% mais que chez les adultes âgés de plus de 75 ans, le risque de saignement majeur est multiplié par 3, en particulier pour les saignements de l'estomac et du tube digestif supérieur.

Précisément :

-405 épisodes de saignement ont donné lieu à des soins médicaux pendant le suivi, dont 187 saignements majeurs et 40% dans le tube digestif supérieur ; 697 événements cardiovasculaires (crises cardiaques et AVC) ont été constatés durant le suivi dont 208 mortels. Le taux de risque de saignements par rapport au nombre d'événements cardiovasculaires augmente avec l'âge.

-Le risque annuel moyen de saignement s'élève à 3,36% et à 1,46% pour les saignements majeurs.

-Le risque de saignement majeur est beaucoup plus élevé chez les patients âgés : 1,1% chez les moins de 75 ans et 4,1% pour les patients âgés de 85 ans et plus.

-Les participants de plus de 75 ans présentent un risque de saignement majeur multiplié par 3 vs les adultes plus jeunes et par 4 pour un saignement majeur du système digestif supérieur.

-Les résultats des plus âgés après épisode de saignement sont également plus médiocres : 25% des plus de 75 ans sont atteints d'une incapacité majeure vs 3% des moins de 75 ans.

-Le risque de saignement invalidant ou fatal du tube digestif supérieur est enfin, 10 fois plus élevé chez les plus de 75 ans que chez les adultes plus jeunes.

-Les liens avec l'âge restent indépendants des facteurs de risque vasculaire ou des antécédents d'ulcère d'estomac.

Prescrire systématiquement un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) : les chercheurs estiment que la prescription "systématique" d'inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), chez les patients plus âgés, pourrait réduire considérablement ce risque chez les plus âgée car ces médicaments contribuent à protéger la muqueuse de l'estomac et réduisent ainsi le risque de saignement. Un examen précédent a montré que les IPP réduisent le risque de saignements digestifs supérieurs de 74% et les auteurs estiment que ce bénéfice augmente considérablement après l'âge de 75 ans.

Bien entendu, ces nouvelles données n'impliquent pas d'arrêter la prise d'aspirine sans décision médicale. Les patients avec prescription d'aspirine doivent continuer à observer leur traitement tel que prescrit par leur médecin.

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