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OBÉSITÉ : Et si l'on faisait mentir les cellules de graisse ?

Actualité publiée il y a 7 années 2 mois 1 jour
Nature

Une forme d'ARN, libéré par les cellules adipeuses dans le sang pourrait contribuer à préserver tissus et organes des effets délétères de l’obésité. La graisse corporelle envoie ses signaux à de nombreux organes avec des effets néfastes, parfois systémiques. Cette équipe du Joslin Diabetes Center s’est intéressée à ces « messages » envoyés par les cellules graisseuses sous forme d’hormones et d'autres protéines de signalisation et a regardé leurs effets sur de nombreux types de tissus. Ces travaux, présentés dans la revue Nature, et qui identifient une voie par laquelle la graisse produit de petits ARN (microRNAs) qui contribuent à la régulation ou dérégulation des organes, suggèrent une thérapie génique pour épargner notre corps des effets systémiques de l’excès de graisse. Il s’agit, en quelque sorte de détourner ces signaux et de « faire mentir » nos cellules de graisse.

« Une approche thérapeutique de l'obésité tout à fait nouvelle », explique le Dr C. Ronald Kahn, professeur de médecine à la Harvard Medical School et auteur principal de l'étude : en effet, ces travaux suggèrent la possibilité de développer des traitements de thérapie génique portant sur les cellules adipeuses pour le traitement des troubles métaboliques, du cancer ou d'autres comorbidités de l'obésité.


Ces miARNs relâchés dans le sang par les cellules de graisse : L'étude s'est portée sur le rôle de ces microARNs, une forme de petits ARN qui ne sont pas codés en protéines mais peuvent influencer d'autres gènes qui eux produisent des protéines. Ces microARNs sont fabriqués par toutes les cellules du corps, certains d'entre eux peuvent être libérés par leur cellule d'origine dans le sang. Ici, ce sont les microARNs provenant de cellules graisseuses et qui sont libérés dans le sang par l'intermédiaire des « exosomes » ou petites vésicules des cellules graisseuses qui sont scrutés « à la loupe ». Les chercheurs ont commencé sur un modèle de souris génétiquement modifié de sorte que ses cellules de graisse ne pouvaient pas produire ces microRNAs. Ces souris incapables de fabriquer de microARN dans la graisse présentent évidemment des niveaux sanguins de microARNs circulants réduits de façon significative. Cette diminution des miARNs circulants peut être restaurée par greffe de graisse normale chez ces souris, ce qui suggère qu'un grand nombre de ces miARN en circulation proviennent bien de la graisse.

Idem, chez des patients atteints de 2 formes de lipodystrophie, une condition dans laquelle la graisse est perdue ou génétiquement absente, les niveaux de miARNs circulant sont inférieurs à la normale.

Un nouveau marqueur biologique de l'obésité, du diabète de type 2 et de la maladie du foie gras : il est clair que ces miARN générés par la graisse peuvent contribuer au diagnostic de ces troubles métaboliques.

Une nouvelle cible thérapeutique ? Au-delà, si ces miARNs atteignent également d'autres tissus et organes, et régulent leurs gènes, ils pourraient être utilisés dans un objectif thérapeutique : les chercheurs montrent que l'expression d'un gène dans le foie de souris qui augmente avec la lipodystrophie peut être modifiée par ces miARNs. Aux niveaux adéquats, ce miARN est capable de régulariser l'expression du gène. « On peut donc utiliser « la graisse » ou plutôt ces miARNs qu'elle induit, pour adresser un signal au foie ! Ce serait peut être également le cas dans d'autres tissus, tels que les cellules musculaires et du cerveau, suggèrent ici les chercheurs.

Une thérapie génique sur ce principe ? la graisse est facile d'accès, un avantage majeur pour la thérapie génique : il est possible de prélever la graisse sous-cutanée d'un patient avec une simple biopsie à l'aiguille, de modifier ses cellules graisseuses pour fabriquer les miARNs souhaités, greffer les cellules graisseuses obtenues chez le patient et espérer obtenir la régulation des gènes souhaitée. Une approche de thérapie génique capable de traiter la maladie du foie gras, d'autres troubles métaboliques, mais peut-être aussi le cancer du foie.

15 February 2017 doi:10.1038/nature21365 Adipose-derived circulating miRNAs regulate gene expression in other tissues

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