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DYSTROPHIE MUSCULAIRE : Des stéroïdes oui mais en prise hebdomadaire

Actualité publiée il y a 6 années 10 mois 2 semaines
Journal of Clinical Investigation

Les stéroïdes glucocorticoïdes tels que la prednisone sont prescrits pour les affections musculaires chroniques telles que la dystrophie musculaire ou myopathie de Duchenne, et leur utilisation est associée à une meilleure capacité et résistance ambulatoire. Cependant, pris à long terme, ces traitements favorisent le développement d’une atrophie musculaire. Au final, chez de nombreux patients, l’efficacité et l’observance ne sont pas au rendez-vous. Cette étude de la Northwestern Medicine suggère néanmoins que pris à périodicité hebdomadaire, ces stéroïdes permettraient de réparer les muscles endommagés par la dystrophie musculaire, mais en limitant ces effets indésirables. Des conclusions présentées dans le Journal of Clinical Investigation qui pourraient valoir aussi pour les blessures musculaires.

Les mécanismes qui sous-tendent les effets bénéfiques de l'utilisation de stéroïdes dans la dystrophie musculaire sont encore largement inconnus. Aux États-Unis, l'agent le plus couramment utilisé est la prednisone, tandis que le déflazacort est utilisé en Europe et en Asie. Dans la dystrophie musculaire, on pense que les stéroïdes agissent par la modulation du système immunitaire, car une réduction directe de l'infiltration de cellules immunitaires dans le muscle. Cependant, les stéroïdes glucocorticoïdes affectent directement le muscle lui-même en modifiant le métabolisme et l'expression génique. Si dans la dystrophie musculaire ou myopathie de Duchenne, le rapport bénéfice risque reste positif, les chercheurs recommandent ici une prise hebdomadaire de stéroïdes glucocorticoïdes, tels que la prednisone, pour réparer les muscles endommagés par la dystrophie musculaire, mais aussi, plus largement, pour accélérer la récupération des blessures musculaires. Si l'étude est menée chez l'animal, les implications pourraient être larges pour les humains.


L'un des principaux problèmes d'utilisation des stéroïdes est que pris à long terme, ils entraînent une faiblesse musculaire. Un effet secondaire fréquent et parfois sévère chez les patients qui prennent des stéroïdes pour de nombreuses affections chroniques. De nombreux patients vont alors arrêter leur traitement. Les stéroïdes glucocorticoïdes tels que la prednisone sont prescrits pour les affections musculaires chroniques telles que la myopathie de Duchenne. Cependant, les effets positifs du traitement chronique par stéroïdes dans la dystrophie musculaire sont paradoxaux, en raison de ce risque à long terme d'atrophie musculaire.

Les chercheurs ont donc regardé l'efficacité, chez l'animal, de doses ponctuelles puis hebdomadaires de stéroïdes chez la souris. Leur recherche montre que :

-une seule dose commence déjà à améliorer la réparation des myofibres,

-des doses hebdomadaires, plutôt que quotidiennes, favorisent la réparation musculaire.

-En revanche, les souris qui ont reçu des stéroïdes quotidiens pendant 2 semaines après blessure musculaire avance difficilement sur le tapis roulant et présente une force musculaire moindre, même par rapport aux souris traitées par placebo.

-Enfin, des souris modèles de dystrophie musculaire, qui ont reçu la prednisone à périodicité hebdomadaire présentent également plus de force musculaire et se comportent mieux sur le tapis roulant vs placebo.

-En revanche, lorsque la prednisone est administrée quotidiennement, les muscles s'atrophient.

« Nous n'avons pas encore de données chez l'Homme », commente l'auteur principal, le Dr Elizabeth McNally, Professeur de médecine génétique à la Feinberg, « mais ces résultats suggèrent fortement d'autres moyens de donner un médicament très couramment utilisé d'une manière à réduire les effets indésirables et à optimiser la réparation musculaire ».

Quelle explication ? L'étude montre que la prednisone régule la production d'annexines, des protéines qui interviennent dans la réduction de l'inflammation et stimulent la guérison musculaire. Donner des doses hebdomadaires de prednisone stimule notamment une molécule appelée KLF15, déjà connue pour être associée à une amélioration de la performance musculaire. A contrario, des doses quotidiennes de prednisone réduisent les niveaux de KLF15, entraînant une perte musculaire.

Et pour une « simple » blessure musculaire ? Dans cette étude, des souris modèles de blessure musculaire qui reçoivent des stéroïdes juste avant et durant 2 semaines après la blessure, à raison de 2 doses hebdomadaires de stéroïdes après la blessure effectuent une meilleure performance (sur le test du tapis roulant). Leur muscle est également renforcé (vs placebo).

L'objectif de cette recherche était bien de comprendre comment la prednisone, administrée pour traiter les personnes atteintes de Dystrophie musculaire de Duchenne, prolonge la capacité des patients à marcher de façon autonome, alors que l'on sait que le traitement quotidien à long terme a également l'effet secondaire d'atrophie musculaire. L'étude ne remet pas en question l'avantage de ce traitement quotidien avec la prednisone mais alerte sur l'importance du dosage pour exploiter les effets bénéfiques des stéroïdes glucocorticoïdes sur la réparation sarcolémique (membrane des myocites) et la récupération musculaire tout en évitant les conséquences néfastes de l'atrophie musculaire. Les auteurs comparent néanmoins ce traitement à « une épée à double tranchant avec tous ses effets secondaires ». Enfin, il s'agira donc de tester ces stéroïdes, -sur une base hebdomadaire s'entend- pour traiter d'autres formes de dystrophie ou de blessures musculaires dans laquelle ces stéroïdes ne seraient normalement pas administrés…

2017 doi:10.1172/JCI91445 Intermittent glucocorticoid steroid dosing enhances muscle repair without eliciting muscle atrophy

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