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ANTIBIORÉSISTANCE : Trop d’asepsie pourrait favoriser son émergence ?

Actualité publiée il y a 1 année 2 mois 2 semaines
Evolution Medicine and Public Health
Une hygiène et une asepsie rigoureuses en établissement de soins ne favorisent aucunement le développement de bactéries ultrarésistantes (Visuel Adobe Stock 125102949)

A ceux qui s’interrogent sur l’effet contreproductif possible d’une hygiène et d’une asepsie rigoureuses en établissement de soins sur le développement possible de bactéries ultrarésistantes, cette étude de modélisation répond clairement par la négative. Ces chercheurs hygiénistes de la Lund University (Suède), confirment, dans la revue Evolution, Medicine, and Public Health, avec une étude de modélisation menée à partir des données de près de 700 hôpitaux, l'importance des bonnes pratiques d'hygiène. Cependant, les chercheurs révèlent aussi de grandes marges d’amélioration possibles.

 

Une bonne hygiène des mains tout au long de l’exercice clinique reste la pierre angulaire de la sécurité des patients, rappellent les chercheurs qui identifient une observance toujours « médiocre » dans les établissements. Pourtant, le lavage des mains est très probablement le geste d’asepsie le plus simple, le plus sûr et le meilleur marché.

 

Le bon usage des antibiotiques est également rappelé, car si les antibiotiques sauvent des vies et rendent possible une grande partie de la médecine moderne, les bactéries qui développent une antibiorésistance menacent de manière croissante ces avantages, avec des souches d’autant plus résistantes lorsqu'elles sont issues et se propagent à partir de patients des établissements de santé. Les auteurs rappellent ainsi que les antibiotiques inhibent toutes les bactéries sensibles dans le corps, sauf les bactéries résistantes aux antibiotiques qui prospèrent alors un peu plus.

Comment l'hygiène et l’asepsie affectent-elles l’antibiorésistance ?

L’étude a regardé précisément si l'hygiène affaiblit l’efficacité antibiotique sur l'évolution de la résistance. Pour cela, les chercheurs ont développé un modèle mathématique de la résistance microbienne, afin d’être en mesure de prédire comment une hygiène, plus ou moins bonne peut affecter la rapidité avec laquelle les bactéries résistantes augmentent, en raison du traitement antibiotique.

Le modèle a ensuite été testé avec les données sur l’antibiorésistance disponibles au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Ces données avaient été recueillies dans 691 établissements de soins dans 19 pays européens en 2013. Le modèle s’avère en ligne avec ces données. L’analyse révèle que :

 

  • les pays où les personnels hospitaliers utilisent mieux les gels désinfectants ou hydroalcooliques pour les mains voient moins de en bactéries résistantes aux antibiotiques prospérer, dont les bactéries E. coli résistantes, en regard de leur utilisation d'antibiotiques ;
  • cela suggère, qu’en dépit de l’utilisation -nécessaire- des antibiotiques, les protocoles d’hygiène et d’asepsie dans les établissements, contribuent à freiner le développement des bactéries résistantes dans l’hôpital et à réduire la propagation des maladies résistantes aux médicaments et des infections nosocomiales.

En conclusion, il n’y a jamais trop d’asepsie et l’asepsie ne contribue pas à l’émergence de souches antibiorésistantes.

« L'hygiène dans les soins de santé reste la pierre angulaire d'une bonne pratique clinique », rappelle l’auteur principal, Kristofer Wollein Waldetoft. « L’asepsie permet une meilleure gestion de la résistance aux antibiotiques en protégeant les patients contre l'acquisition de souches résistantes. En pratique clinique, il reste une marge d’amélioration considérable de l'hygiène des mains, dont l'observance se révèle médiocre. C’est un aspect simple mais vital, de la gestion des résistances ».

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