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FÉCONDITÉ : Sa baisse spectaculaire bouleverse déjà les équilibres mondiaux

Actualité publiée il y a 1 mois 1 semaine 2 heures
The Lancet
D’ici 2050, plus des trois quarts des pays n’auront pas des taux de fécondité suffisamment élevés pour maintenir la taille de leur population au fil du temps (Visuel Adobe Stock 701086928)

Cette très large étude menée sur les données du Global Burden of Disease, Injuries, and Risk Factors Study (GBD) 2021 constate des baisses spectaculaires des taux de fécondité mondiaux et prédit une transformation de fond des modèles démographiques mondiaux d’ici 2100. Des conclusions, publiées dans le Lancet, qui révèlent, entre autres tendances préoccupantes, que d’ici 2050, plus des trois quarts des pays n’auront pas des taux de fécondité suffisamment élevés pour maintenir la taille de leur population au fil du temps.

 

L’analyse prévoit des changements prononcés dans la répartition mondiale des naissances, leur part doublant presque dans les régions à faible revenu, passant de 18 % en 2021 à 35 % en 2100. L’Afrique subsaharienne devrait représenter 1 enfant sur 2 né sur la planète d’ici 2100. Les chercheurs suggèrent que pour maintenir au moins partiellement l’équilibre de la natalité dans le monde, un un meilleur accès aux contraceptifs et à l’éducation sur la reproduction pourrait permettre de réduire les taux de natalité dans les pays à plus faible revenu, tandis que dans les économies à faible fécondité et à revenu élevé, il s’agirait de mettre en œuvre des politiques de soutien aux parents et à favoriser l’immigration.

 

Ces changements radicaux de fécondité et de natalité impliquent des menaces émergentes pesant sur les économies, la sécurité alimentaire, la santé, l’environnement et la sécurité géopolitique, et plus largement, ils vont, notent les chercheurs,

« transformer notre façon de vivre ».

 

Plus globalement, le monde se dirige vers avenir de faible fécondité. Même si d’ici 2100, plus de 97 % des pays auront des taux de fécondité inférieurs au seuil nécessaire pour maintenir la taille de leur population, les taux de fécondité élevés dans les pays à faible revenu, principalement en Afrique subsaharienne occidentale et orientale vont entraîner une augmentation de la population dans ces régions.

 

L’étude analyse ainsi les données de la Global Burden of Disease, Injuries, and Risk Factors Study (GBD) 2021 dirigée à l'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l'Université de Washington.

 

Un indice de fécondité minimum de 2,1 pour maintenir la taille de la population : un pays doit avoir un indice synthétique de fécondité (ISF) de 2,1 enfants par femme, pour maintenir le remplacement générationnel à long terme de sa population. L’ISF étant le nombre moyen d’enfants nés d’une femme au cours de sa vie, en supposant une procréation aux taux de fécondité actuels tout au long des années de procréation.

Les chercheurs estiment que d'ici 2050 :

 

  • 155 sur 204 soit 76 % des pays et territoires seront en dessous du seuil de fécondité nécessaire à « renouveler » la population ;
  • le nombre de ces pays en dessous du seuil devrait encore augmenter pour atteindre 198 sur 204 soit 97 % des pays d’ici 2100 ;
  • ainsi, dans ces pays, les populations vont diminuer à moins que la faible fécondité ne puisse être compensée par une immigration éthique et efficace. L’ampleur de la baisse fécondité pourrait également être atténuée par des politiques de soutien aux parents ;
  • en 2021, 29 % des bébés dans le monde sont nés en Afrique subsaharienne ; d’ici 2100, ce chiffre devrait atteindre plus de la moitié soit 54 % de tous les bébés ;
  • l’indice de fécondité (ISF) mondial a diminué de plus de moitié au cours des 70 dernières années, passant d’environ 5 enfants par femme en 1950 à 2,2 enfants en 2021 ; la tendance est particulièrement inquiétante dans des pays comme la Corée du Sud et la Serbie, où le taux est inférieur à 1,1 enfant par femme. En Afrique subsaharienne, en revanche, l’ISF est près de 2 fois supérieur à la moyenne mondiale ;
  • l’ISF en Europe devrait baisser à 1,44 en 2050,
  • puis tomber à 1,37 en 2100, la France et l’Allemagne conservant les taux de fécondité les plus élevés, entre 2,09 et 1,40 à la fin du siècle ;
  • seuls 26 pays connaîtront encore une croissance démographique en 2100.

 

D’énormes défis pour la croissance économique : la diminution de la main d’œuvre et le fardeau croissant du vieillissement de la population va considérablement peser sur les systèmes de santé et de sécurité sociale.

 

Baby-boom et baby-bust : « Nous sommes confrontés à des changements sociaux stupéfiants au cours du 21e siècle », résume le chercheur Stein Emil Vollset, de l'IHME : « Alors que la plupart des pays sont confrontés aux graves défis liés à la croissance économique d'une main-d'œuvre en diminution et à la gestion complexe du vieillissement de leur population, bon nombre des pays d’Afrique subsaharienne aux ressources les plus limitées seront mis au défi de soutenir une population la plus jeune et à la croissance la plus rapide de la planète dans un système de santé parmi les plus instables politiquement et économiquement, soumis au stress thermique ».

 

D’immenses implications  pour l'équilibre mondial : l’un des co-auteurs, le Dr Natalia V. Bhattacharjee de l’IHME souligne que « ces tendances des taux de fécondité et des naissances vivantes vont reconfigurer complètement l’économie mondiale et l’équilibre international des pouvoirs et nécessiter une réorganisation complète des sociétés ».

 

Tout n’est pas négatif : « À bien des égards, la chute des taux de fécondité est une réussite, reflétant non seulement une contraception plus efficace et plus accessible, mais aussi le fait que de nombreuses femmes choisissent d'attendre ou d'avoir moins d'enfants et de bénéficier de davantage d'accès à l’éducation et l'emploi ».

Donner la priorité à l’Afrique

« L'énorme changement du nombre de naissances souligne la nécessité de donner la priorité à cette région dans les efforts visant à atténuer les effets du changement climatique, à améliorer les systèmes de soins de santé et à continuer de réduire les taux de mortalité infantile ».

 

A la lecture de ces données, la fécondité mais également la fertilité se confirment comme une question vitale mondiale, à la fois scientifique, médicale et politique. La baisse de la fécondité constitue déjà un défi pour la communauté mondiale et devrait être considérée aussi comme « l’opportunité d’innover pour parvenir à un développement durable à long terme ».