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2019-nCoV : Les corticoïdes devraient être évités

Actualité publiée il y a 4 années 2 mois 1 semaine
The Lancet
Les corticoïdes pourraient faire plus de mal que de bien dans le traitement de l’infection à 2019-nCoV.

Alors que l’épidémie de pneumonie associée au nouveau coronavirus progresse à raison de 3 à 5.000 nouveaux cas confirmés par jour, que 25 pays sont touchés par le virus, ces experts de l’Université d’Edimbourg, à l’issue de leur examen de la littérature sur le sujet, alertent : les corticoïdes pourraient faire plus de mal que de bien dans le traitement de l’infection à 2019-nCoV.

 

En pratique pourtant, les corticoïdes sont utilisés par les médecins pour réduire l'inflammation présente dans les poumons des patients atteints du nouveau coronavirus. Or une inflammation similaire des poumons avait été observée lors des éclosions de SRAS et de MERS, causées également par des coronavirus, et les données liées à ces précédentes épidémies étaient déjà en défaveur des corticoïdes. En effet, les stéroïdes altèrent la capacité du système immunitaire à combattre les virus et autres infections qui se développent souvent chez les patients atteints d'une maladie pouvant être mortelle. Ainsi, les experts soutiennent ici que « dans l’ensemble », l’utilisation de ces médicaments pourrait causer des dommages importants.

Des preuves contre les corticoïdes

Les chercheurs relèvent plusieurs preuves de l'absence de bénéfice des corticoïdes dans le traitement de l'infection à coronavirus :

Une étude rétrospective de patients infectés par le MERS-CoV suggère ainsi que près de la moitié des patients ayant alors reçu des corticoïdes ont eu besoin de traitements supplémentaires comme une assistance respiratoire, des médicaments pour contrôler la pression artérielle et/ou une dialyse. Il a également été constaté que les patients traités par stéroïdes mettaient plus de temps pour éliminer le virus de leur corps.

D'autres études, citées par les auteurs, révèlent des effets néfastes associés au traitement par corticoïdes lors de l'épidémie de SRAS, avec une rémanence du virus chez les patients traités jusqu’à 3 semaines après l'infection. Les données d'observation disponibles suggèrent ainsi plutôt une augmentation de la mortalité et des taux d'infection secondaire dans la grippe, une altération de la clairance du SRAS-CoV et du MERS-CoV, et des complications liées à la corticothérapie chez les survivants.

 

L’auteur principal, le Dr J. Kenneth Baillie, médecin en soins intensifs à l'Université d'Édimbourg commente ces données : « Au cours de cette épidémie, les médecins sont confrontés à des décisions thérapeutiques difficiles. L’examen des preuves disponibles est en défaveur de l’utilisation des stéroïdes pour le traitement des lésions pulmonaires causées par ce nouveau virus. Il est important, conclut l’auteur, qu’avant d’être utilisés en routine chez ces patients, ces médicaments fassent l’objet d'un essai clinique ».

 

 « Dans l'ensemble, il n’existe aucune raison pour penser que les patients infectés par le 2019-nCoV bénéficient des corticoïdes, et ils pourraient même être plus susceptibles d'en subir des effets négatifs. Nous concluons que le traitement par corticoïdes ne doit pas être utilisé pour le traitement d'une lésion ou d'un choc pulmonaire induit par le nCoV en dehors du cadre d'un essai clinique », concluent les auteurs.