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ADHÉRENCES ABDOMINALES : L’imagerie qui observe l’intérieur du corps vivant

Actualité publiée il y a 3 années 7 mois 5 jours
Science
Comment se développent ces adhérences dangereuses dans la cavité abdominale ?  (Visuel Fotolia)

Comment se développent ces adhérences dangereuses dans la cavité abdominale ? Les chercheurs de l'Université et de l'hôpital universitaire de Berne, en collaboration avec l'Université de Calgary recourent à l'utilisation de microscopes de pointe pour mieux comprendre de l'intérieur du corps, comment se forment ces lésions, après une intervention chirurgicale ou une inflammlation sévère. Les résultats, publiés dans la revue Science, qui identifient le rôle clé des macrophages et de récepters clés, seront utilisés pour développer un médicament pour lutter contre ces adhérences.

 

Les adhérences sont un effet indésirable de certaines interventions chirurgicales peu connues des patients. Ces cicatrices à l'intérieur de l'abdomen, appelées adhérences, peuvent également se former après une inflammation et entraîner des douleurs chroniques et des problèmes digestifs, conduire à l'infertilité chez la femme ou même avoir des conséquences mortelles comme une occlusion intestinale. Si des adhérences se développent, elles doivent être à nouveau opérées. Enfin, les adhérences rendent également les interventions chirurgicales ultérieures plus difficiles avec des conséquences considérables pour les personnes touchées (et un fardeau financier pour le système de santé).

Des macrophages pris en flagrant délit

Même chez les chirurgiens, les causes des adhérences restent mal comprises. Parce que cette condition a été toujours été négligée dans la recherche, l’équipe de Berne a lancé un programme pour mieux comprendre leur développement. Le Dr Daniel Candinas, co-auteur de l’étude explique : « On avait déjà soupçonné que certaines cellules immunitaires, les macrophages, jouent un rôle décisif dans leur développement. Nous confirmons cette hypothèse avec nos collègues du Département de chirurgie viscérale et de médecine de l'Université de Berne et de l'Université de Calgary ».

 

Un nouveau système d'imagerie : ces experts en chirurgie abdominale utilisent une microscopie de pointe qui permet de voir l'intérieur du corps vivant. Ils capturent ainsi les macrophages en flagrant délit qui constituent des agrégats qui conduisent ensuite aux adhérences. Les chercheurs ont également pu décrire les mécanismes moléculaires sous-jacent.

 

Explication : les macrophages se trouvent dans le liquide péritonéal, un lubrifiant situé entre le péritoine, qui est la paroi interne de la paroi abdominale et la même paroi située autour des organes de la cavité abdominale. Les macrophages nagent passivement dans ce fluide, avec pour mission l'élimination des agents pathogènes, mais aussi la réparation des lésions de la cavité abdominale le plus rapidement possible. C’est pour mieux visualiser cette dernière mission, que les scientifiques ont développé ce système d’imagerie « interne ». Le système utilise la partie la plus mince de la paroi abdominale comme une fenêtre pour regarder dans la cavité péritonéale, l’«habitat naturel» de ces macrophages et pour les filmer fur et à mesure de leur déplacement et de leur action.

 

Parfois les macrophages sont dépassés par la taille de la plaie : en cas de blessure dans la cavité abdominale, les macrophages s'agrègent en quelques minutes pour former des structures ressemblant à des caillots. C’est ainsi qu’ils « scellent » la blessure. Le mécanisme moléculaire sous-jacent est basé sur des récepteurs spéciaux non spécialisés, qui savent reconnaître toute une variété de structures et agissent pour initier la coagulation autour d'une plaie. Cependant, ce qui fonctionne bien pour les petites blessures devient un problème pour les plus grandes, comme l'ouverture chirurgicale de la paroi abdominale ou l'insertion d'un implant. « Dans les blessures plus importantes, les macrophages deviennent incontrôlables, leurs regroupements ne s’arrêtent plus de croître et ce sont ces agrégats qui mènent aux adhérences ».

 

Les macrophages ont dû être optimisés au cours de l’évolution pour savoir répondre aux blessures  plus petites et ne sont plus préparés au défi des plaies plus importantes. «Dans ce cas, les macrophages deviennent nocifs et provoquent des adhérences ».

 

Peut-être un traitement préventif ? Bloquer les récepteurs correspondants chez la souris, permet de réduire considérablement les adhérences. Une demande de brevet a même été déposée. Cette piste thérapeutique pourrait également avoir des implications pour les lésions d'autres cavités telles que le cœur ou les poumons.

 

« À l'avenir, les patients pourraient, par exemple, recevoir un médicament avant la chirurgie qui supprime la réaction des macrophages et inhibe ainsi la formation de ces adhérences ».