ANXIÉTÉ : Le variant génétique antidépresseur et prosocial
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 300 millions de personnes dans le monde souffrent de troubles anxieux et plus de 300 millions de personnes souffrent de dépression. La découverte de cette mutation génétique qui réduit la peur et l'anxiété et augmente les interactions sociales apporte déjà une meilleure compréhension des mécanismes neurochimiques régulant les émotions. A terme, elle pourrait même déboucher sur une application thérapeutique dont le développement de nouveaux médicaments anxiolytiques et antidépresseurs. Des travaux présentés dans la revue Neuropharmacology, qui apportent déjà une preuve d’efficacité de la suppression de ce variant chez la souris.
Les chercheurs de l’University of Eastern Finland et de l'Université d'Oulu viennent en effet d’identifier un nouveau type de mutation génique qui réduit la peur et l'anxiété. Lorsqu’ils suppriment par manipulation génétique le gène P4h-tm du génome de la souris, ils constatent un changement inattendu dans son comportement : ces souris « knockout » font soudain montre d’un courage inhabituel.
Ils identifient un effet frappant de l’inactivation du gène P4H-TM sur les réactions émotionnelles.
P4H-TM, un gène clé de l’amygdale : les chercheurs finlandais ont évalué les souris avec toute une série de tests comportementaux dont un test permettant de mesurer la réaction de panique. Les souris ont été placées dans une boîte étanche remplie d’air ordinaire, puis de 10% de dioxyde de carbone. Une concentration élevée de dioxyde de carbone induit une réaction de suffocation comparable à celle éprouvée par des patients souffrant d'attaques de panique. Cependant, les souris knock-out semblent beaucoup moins paniquées que les souris témoins en réponse à l’exposition au dioxyde de carbone. Dans les tests d’interaction sociale, les souris « P4h-tm knock-out » établissent plus volontiers le contact avec les autres souris et, globalement, présentent une réduction de la peur et de l'anxiété. Ces résultats, liés à l’extinction du gène P4h-tm, s’expliquent par une expression du gène P4h-tm tout particulièrement élevée dans l’amygdale, une zone clé impliquée dans le contrôle des réactions émotionnelles, en cas de peur et d’anxiété.
La protéine P4H-TM, connue pour sa fonction d’adaptation à l’hypoxie : Le gène P4h-tm code pour la protéine P4H-TM, une protéine de la famille des prolyl-4-hydroxylases qui jouent un rôle central dans l'adaptation cellulaire à un manque soudain d'oxygène. Cependant, la protéine P4H-TM diffère des autres prolyl-4-hydroxylases par sa structure et par son emplacement inhabituel (réticulum endoplasmique). Le rôle physiologique de la protéine reste insaisissable malgré des années de recherches intensives, mais on suspecte d'autres effets de la protéine sur la biologie cellulaire.
Quelques obstacles sur la piste de la thérapie génique : une déficience du gène P4H-TM entraîne de graves anomalies de développement chez l'Homme : le rôle du gène et de la protéine P4H-TM apparait donc très complexe. L’auteur principal, le Pr Heikki Tanila ajoute : « nous ne pouvons pas dire si ces effets néfastes résultent du développement embryonnaire ou s'ils se manifesteraient également si la fonction de la protéine P4H-TM était inhibée à l'âge adulte ». On l’aura compris, on ne peut encore présager des effets de l’inactivation génique chez l’Homme…
Ainsi, en dépit de l’effet frappant de l’inactivation du gène P4H-TM sur les réactions émotionnelles (ici des souris), l’application thérapeutique est encore lointaine, cependant cette découverte d’un nouveau mécanisme neurochimique régulant les émotions pourrait d’ici quelques années donner lieu au développement de nouveaux médicaments anxiolytiques et antidépresseurs.
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