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ATAXIE : Mais quelle thérapie ?

Actualité publiée il y a 4 années 1 mois 1 semaine
The Lancet Neurology
L'ataxie se manifeste par des troubles moteurs comme une démarche hésitante avec un risque de chutes, une difficulté à écrire de manière lisible, à s’exprimer de manière compréhensible ou une difficulté de préhension. Cependant, à ce jour, il n’existe aucune véritable thérapie (Visuel AdobeStock_172051468)

Il s'agit de la première étude au monde à étudier l'apparition de l'ataxie spinocérébelleuse directement et chez un grand nombre de patients. C’est l’œuvre de cette alliance de recherche européenne dirigée par le DZNE (German Center for Neurodegenerative Diseases) et l'Université de Bonn. Ces travaux qui dévoilent la première photographie de la symptomatologie de l'ataxie chez environ 250 patients, initialement exempts de signes de la maladie, présentés dans le Lancet Neurology, révèlent des données précieuses pour les études de prévention.

 

Les ataxies spinocérébelleuses sont des maladies du système nerveux associées à une perte de coordination motrice. Le terme « ataxie » dérivé d’une expression grecque signifiant « manque d'ordre » englobe une série de maladies nerveuses dans lesquelles l'interaction entre différents groupes musculaires et, par conséquent, la coordination des mouvements est altérée. Ainsi, l'ataxie se manifeste par des troubles moteurs comme une démarche hésitante avec un risque de chutes, une difficulté à écrire de manière lisible, à s’exprimer de manière compréhensible ou une difficulté de préhension. L’auteur principal, le Dr Thomas Klockgether, directeur du Service de neurologie de l'hôpital universitaire de Bonn et directeur de la recherche clinique à la DZNE rappelle que si les ataxies font partie des maladies rares et que de nombreuses formes sont causées par des anomalies génétiques, d'autres formes peuvent être déclenchées, par exemple, par des processus immunitaires ou des carences en vitamines.

Un développement extrêmement lent qui reste totalement à comprendre

En général, les ataxies se développent très progressivement, au fil des années. Les ataxies spinocérébelleuses, qui appartiennent à la famille des ataxies héréditaires, n’entraînent des symptômes marqués qu'à l'âge adulte. Pendant la phase présymptomatique, les lésions nerveuses sont encore légères. C’est durant cette période « précoce », qu’il semble encore possible de ralentir l'évolution de la maladie. Cependant, au-delà d’un diagnostic précoce, le développement de thérapies adaptées nécessite une compréhension plus précise de la progression de la maladie.

 

L’apparition de l’ataxie chez 250 sujets à haut risque : cette étude, la plus large à ce jour sur l'apparition des ataxies spinocérébelleuses, a porté sur les données de 252 adultes, tous enfants ou frères et sœurs de personnes atteintes d'ataxie spinocérébelleuse, apportées par un réseau de recherche constitué de 14 institutions scientifiques de 7 pays européens (Autriche, France, Allemagne, Hongrie, Italie, Pologne et Espagne). L’objectif était de déterminer comment la maladie s'est développée sur plusieurs années, en couvrant les 4 types les plus courants d'ataxie spinocérébelleuse (nommés SCA1, SCA2, SCA3 et SCA6). A l’inclusion, aucun des participants ne présentait d'ataxie, cependant, environ 50% étaient porteurs de variants génétiques déclencheurs d'ataxie. Ces découvertes génétiques ont été anonymisées afin de ne pas influencer l'analyse des données. Environ la moitié des porteurs de mutations ont développé des symptômes de la maladie au cours de la période d'étude. Les chercheurs continuent à surveiller les porteurs de mutations restants.

 

Les données précises sur la progression de la phase pré-symptomatique à l'apparition des symptômes font défaut : l’étude montre qu'avec les tests établis de coordination des mouvements, l'ataxie ne peut être détectée que lorsque la maladie est relativement avancée.

« Donc trop tard pour une intervention précoce ».

Ainsi, il existe un besoin urgent de biomarqueurs supplémentaires détectables avant l'apparition des symptômes cliniques, explique le Dr Heike Jacobi, médecin à l'hôpital universitaire de Heidelberg, auteur principal de l’étude, avec un collègue français.

L’étude relève néanmoins que certains des participants, atteints de certaines formes d'ataxie, examinés par imagerie par résonance magnétique, présentent un rétrécissement de certaines régions du cerveau avant l’apparition même des symptômes. Cependant, ces données résultent d’un échantillon d'IRM relativement modeste et cette signature doit encore être vérifiée chez un plus grand nombre de patients.

 

Néanmoins, l'étude apporte de premières données  pour pouvoir progresser. Ces données permettent déjà d’estimer la taille de l’échantillon nécessaire pour pouvoir déterminer dans un certain laps de temps si un nouveau médicament est efficace : 170 à 270 porteurs de mutations devraient être inclus dans ces études afin d’être en mesure d’obtenir des données statistiquement significatives sur l'apparition de la maladie sur une période de suivi de 2 ans.

Ensuite, la taille exacte du groupe d'étude dépendra du type d'ataxie étudié. Quelques approches expérimentales qui visent à réduire l'effet des mutations génétiques responsables de la maladie vont être testées par des études cliniques. Ces travaux apportent des bases importantes pour la conception de tels essais.

 

Enfin la démarche, à l'échelle européenne sensibilise à cette maladie rare, à ses symptômes dramatiques et à l'urgence de mieux comprendre son développement dans l'espoir d'un traitement.