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BOULIMIE : Un trouble du comportement pour la vie ?

Actualité publiée il y a 4 mois 2 semaines 3 heures
Psychological Medicine
L’hyperphagie boulimique n’est pas aussi transitoire qu’on le pensait auparavant (Visuel Adobe Stock 452486261)

L’hyperphagie boulimique n’est pas aussi transitoire qu’on le pensait auparavant, précise cette équipe de psychologues et de psychiatres de l'Hôpital McLean (Belmont, Massachusetts). L'étude, publiée dans la revue Psychological Medicine, montre que l'hyperphagie boulimique peut durer des années -plutôt que des mois- chez de nombreuses personnes, avec de plus, un risque de rechute élevé.

 

L’hyperphagie boulimique touche environ 1 à 3 % des adultes des pays riches, avec un âge moyen d'apparition de 25 ans. Le trouble est caractérisé par des épisodes de perte de contrôle des choix et de la prise alimentaires. C’est aussi le trouble du comportement alimentaire (TCA) le plus répandu. Cependant, en dépit de son incidence élevée, les recherches sur ce trouble ont abouti à des conclusions contradictoires sur sa durée et le risque de rechute. Ici, les auteurs indiquent que la majorité des études sur le sujet ont porté sur de petits échantillons (<50 participants) et sont non-représentatives dans la mesure où elles se sont concentrées sur des groupes d’âge ou d’IMC limités. En effet, environ 2 tiers des personnes souffrant d'hyperphagie boulimique ont un IMC de 30 ou plus.

 

L’étude menée auprès de 137 patients souffrant de ce trouble, âgés de 19 à 74 ans et ayant un IMC moyen de 36, évalués pour l'hyperphagie boulimique au début de l'étude et réexaminés 2,5 et 5 ans plus tard, conclut que la majorité des personnes boulimiques souffrent encore d’hyperphagie plus de 2 ans après le diagnostic.

 

Ainsi, précise l’auteur principal, Kristin Javaras, psychologue spécialisée en santé mentale des femmes : « ce qu'il faut retenir, c'est que l'hyperphagie boulimique se réduit avec le temps, mais pour de nombreuses personnes, elle dure tout de même des années. En tant que clinicien, j’observe que mes patients boulimiques signalent leur hyperphagie boulimique durant des années, ce qui est en contradiction avec la notion de trouble « généralement passager ». Il est donc important, en tant que professionnel de santé, de la durée moyenne de ce trouble et du risque de rechute ". Précisément, l’analyse révèle que :

 

  • 61 % des participants boulimiques souffrent toujours de ce TCA 2,5 années plus tard ; 23 % supplémentaires présentaient des symptômes cliniquement significatifs, bien qu’inférieurs au seuil retenu pour le diagnostic d'hyperphagie boulimique
  • c’est également toujours le cas de 45 % 5 ans après le diagnostic initial ; 33 % supplémentaires présentaient des symptômes cliniquement significatifs mais inférieurs au seuil ;
  • ainsi, 5 ans après le diagnostic, la plupart des participants souffraient encore d’épisodes de frénésie alimentaire, même si beaucoup présentaient des améliorations ;
  • à 5 ans également, 35 % des personnes en rémission à 2,5 ans avaient rechuté soit avec un trouble d'hyperphagie boulimique soit avec des symptômes cliniquement significatifs mais inférieurs au seuil.

 

Les critères de diagnostic de l'hyperphagie boulimique ont changé depuis l'étude et ses auteurs notent que selon les nouvelles lignes directrices, un pourcentage encore plus élevé de participants aurait reçu un diagnostic de TCA lors des évaluations à 2,5 et 5 ans.

 

Pris ensemble, ces résultats montrent une évolution naturelle complexe de l’hyperphagie boulimique. Si l’on prend en compte les conclusions de précédentes recherches, certaines thérapies semblent permettre une rémission plus rapide et plus définitive. Cependant, il existe de grandes inégalités d’accès à ces thérapies des troubles de l'alimentation.

 

L’équipe poursuit son étude de l'hyperphagie boulimique avec la neuroimagerie pour mieux comprendre la neurobiologie associée, ce qui pourrait aider à développer de nouveaux traitements. L’objectif est également de parvenir à détecter ce TCA plus tôt, « de nombreuses personnes ne réalisant pas qu’elles en souffrent ».

 

Il existe donc un besoin majeur de sensibilisation et de dépistage accrus pour une prise en charge plus rapide de ce trouble courant.

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