CANCER du SEIN avancé : En 10 ans, la survie a doublé
Ce rapport épidémiologique et clinique, réalisé par les experts de l’Advanced Breast Cancer (ABC) Global Alliance dont des oncologues du Centre de cancérologie Champalimaud (Lisbonne), centré sur les 3 types de cancers du sein avancés révèle que pour 2 des 3 types les plus courants et en seulement 10 ans, le temps de survie a doublé. Des données pleines d’espoir liée à une amélioration considérable des traitements. Les patientes atteintes de 2 des 3 types de cancer du sein avancé les plus courants ont désormais une durée de survie moyenne d'au moins 5 ans, concluent ainsi ces experts lors de la 6è conférence internationale de consensus sur le cancer du sein avancé (ABC 6).
Lorsque le cancer du sein se propage à d'autres parties du corps il est appelé « cancer du sein métastatique ou avancé ». A ce stade, le cancer est plus difficile à traiter et les temps de survie moyens sont donc plus modestes. Cependant, ces 10 dernières années, de nombreuses recherches ont permis de faire progresser considérablement les traitements.
Un type de cancer en particulier reste un grand défi pour les cliniciens, c’est le troisième type appelé ABC triple négatif. Pour ce cancer ainsi, la durée de survie reste très limitée.
Pour les 2 autres types, qui représentent 85% des cas, la prise en charge thérapeutique et clinique a considérablement progressé
Il s’agit des sous-types suivants:
- le plus courant d'ABC connu sous le nom d'hormonodépendant ou récepteur d'œstrogène positif (ER+) car sa croissance est alimentée par l'hormone œstrogène;
- l’autre sous-type est connu sous le nom de HER2+ car les cellules cancéreuses produisent trop d'une protéine connue sous le nom de HER2, qui stimule leur croissance.
Ainsi, en 10 ans, pour ces 2 types d’ABC, la survie médiane est passée d’1 à 2 ans à 5 ans ;
- cela signifie que la moitié des patientes atteintes de ces cancers peuvent vivre plus de 5 ans après le diagnostic d’ABC, certaines pouvant vivre jusqu’à 10 ans.
Concernant le 3è sous-type ou cancer triple négatif, non alimenté par les œstrogènes et ne surproduisant pas HER2, les options de traitement sont moins nombreuses et la survie plus limitée. Cependant, ces 2 dernières années, l’espoir est tout de même né avec l’arrivée de 2 nouveaux traitements (sacituzumab govitecan et les agents anti-PD-L1, en particulier le pembrolizumab).
Doubler à nouveau la survie des patientes atteintes d’ABC d'ici 2025, c’est aujourd’hui l’objectif de ce groupe d’experts : «Le cancer du sein avancé reste une maladie incurable, mais nous avons parcouru un long chemin et ces progrès redonnent espoir : ils signifient pour la majorité des patientes, 2 à 3 années de vie supplémentaires, avec une bonne qualité de vie également. La survie s’améliore aussi pour les patientes atteints d’un ABC triple négatif, mais nous devons faire plus pour ces patientes, souvent jeunes et avec de jeunes enfants à charge », écrit le professeur Fatima Cardoso, directrice de l'unité du sein du Centre de cancérologie Champalimaud à Lisbonne, Présidente de la conférence ABC 6.
« Nous avons fait des progrès majeurs au cours des dix dernières années. La plupart des recommandations pour le traitement de l'ABC sont basées sur les meilleures preuves scientifiques possibles (niveau 1). C'est une bonne nouvelle pour les patientes qui se voient ainsi proposés des traitements soutenus par les données de la science ».
On retiendra également de ces nouvelles lignes directrices de l'ABC :
- le cancer du sein à lésions métastatiques limitées et sensible au traitement (appelé maladie oligo-métastatique) est associé à un potentiel de survie longue ou de guérison avec une approche multidisciplinaire ;
- grâce à de meilleurs traitements systémiques et à la radiothérapie, il est aujourd’hui possible de traiter localement plusieurs types de métastases sans induire d’autres problèmes de santé, et de parvenir à des rémissions longues voire complètes ;
- la déficience cognitive liée au cancer et au traitement (chemobrain) est une condition réelle impliquant des changements physiques dans le cerveau à la suite du traitement anticancéreux, et ne doit pas être considérée comme « une maladie de l'esprit » : ainsi, pour la première fois, ces lignes directrices définissent la maladie et formulent des recommandations pour la gérer, par l'exercice physique notamment et via le dépistage de facteurs qui pourraient être améliorés ou corrigés, tels que les effets secondaires des médicaments, la détresse émotionnelle, la dépression ou l'anxiété, la consommation d’alcool ou les carences vitaminiques ;
-
les aidants et les soignants ont également besoin de soutien
les experts appellent notamment à de nouvelles « conditions d’exercice et de rémunération » des aidants dont des ajustements raisonnables, tels qu’une grande flexibilité des horaires afin de pouvoir s'adapter à leurs responsabilités familiales.
Enfin, s’il n'existe pas de données fiables sur l’incidence du cancer du sein avancé, ce rapport estime que 5 à 10 % des cas de cancer sont soit localement avancés, soit métastasés au diagnostic, et ces chiffres atteignent près de 80 % dans les pays en développement…
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