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CHIKUNGUNYA : Prévoir et vacciner

Actualité publiée il y a 2 heures 39 min 3 sec
Science Advances
Ces travaux qui couvrent 86 épidémies de chikungunya, aboutissent au plus grand ensemble de données comparatives du genre, et dégagent de grandes tendances de ces épidémies (Visuel Adobe Stock 1178711352)

Ces chercheurs de l’University of Notre Dame (Indiana) analysent les épidémies de chikungunya pour améliorer les prévisions d'épidémies et le développement de vaccins. Ces travaux, publiés dans la revue Science Advances, qui couvrent 86 épidémies de chikungunya, aboutissent au plus grand ensemble de données comparatives du genre, et dégagent de grandes tendances de ces épidémies.

 

Selon les dernières données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le chikungunya a entraîné plus de 450.000 infections de janvier à septembre 2025, provoquant 155 décès dans le monde. Une grande hétérogénéité des épidémies est observée selon les régions, certaines connaissant une augmentation significative du nombre de cas.

 

Bien que le virus soit courant dans les régions tropicales et subtropicales – la maladie est transmise par les piqûres de moustiques infectés (Aedes aegypti ou Aedes albopictus étant les principaux vecteurs), notamment en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, les autorités sanitaires signalent une émergence du virus en Europe et, en septembre, un cas a été confirmé à Long Island, dans l'État de New York.

 

Dans la province du Guangdong, une épidémie « sans précédent » a récemment incité les autorités chinoises à imposer une quarantaine à toute personne suspectée d'être infectée par le virus, à pulvériser des produits anti-moustiques et à asperger largement d'insecticide les zones touchées.

 

Les symptômes apparaissent rapidement : une fièvre aiguë, suivie de douleurs articulaires invalidantes pouvant durer des mois. Bien que rarement mortel, le virus du chikungunya, une maladie transmise par les moustiques, peut être particulièrement grave chez les personnes à risque, notamment les nouveau-nés et les personnes âgées.

 

L’étude analyse plus de 80 épidémies de chikungunya afin d'améliorer la prévision des futures épidémies et d'éclairer le développement d'essais vaccinaux. Cette analyse révèle que :

 

  • dans l’ensemble, les épidémies de chikungunya sont largement imprévisibles, tant en termes d'ampleur que de gravité ;
  • certaines épidémies infectent seulement quelques personnes et d’autres, dans un contexte similaire, peuvent faire des dizaines de milliers de cas ;
  • dans le passé, cette imprévisibilité a rendu la planification et la réponse en santé publique, dont le développement de vaccins extrêmement complexes.

 

La reconstitution de l’évolution de 86 épidémies de chikungunya de toutes tailles et de gravité variable permet aujourd’hui de dégager de grandes tendances :

 

  • alors que l'évolution des épidémies de chikungunya comme celle d'autres maladies transmises par les moustiques est souvent prise en compte dans le contexte du changement climatique, le climat n'apparaît pas nécessairement le facteur le plus important pour prédire la gravité d'une épidémie de maladie causée par le chikungunya ;
  • les facteurs climatiques comme la température et les précipitations peuvent indiquer où des épidémies sont possibles, mais ne constituent pas des caractéristiques très utiles pour prédire la gravité de l’épidémie ;
  • les conditions locales ont en revanche toute leur importance, comme la qualité des logements, la densité des moustiques et la réponse locale contre les moustiques ;
  • enfin, certaines variations entre les épidémies semblent simplement dues au hasard. Le caractère aléatoire reste donc un facteur déterminant…

 

Alors qu’actuellement 2 vaccins contre le chikungunya ont reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM), ces vaccins ne sont pas largement disponibles dans les régions où le virus est le plus répandu.

Disposer de ces données va permettre d’élargir l’accès à ces vaccins de manière mieux ciblée.

De plus, pour tester l'efficacité de ces vaccins, les fabricants de vaccins ont besoin de prédire précisément où une épidémie peut se produire avant qu'elle ne survienne, afin de mener des essais et de vérifier l'efficacité des candidats.

 

L’analyse des épidémies passées se révèle donc une méthodologie précieuse en santé publique pour mieux se préparer aux futures épidémies.