CHIMIO et NEUROPATHIE : De l'impact négatif sur l'équilibre et la démarche
Intégrer aux soins de suivi post-chimiothérapie des mesures objectives de la fonction physique permettrait de réduire le risque de chute et d’améliorer la récupération, souligne cette étude de l’Ohio State University. Les conclusions de l’étude, présentées dans la revue Breast Cancer Research and Treatment confirment en effet qu’un seul cycle de chimiothérapie peut entraîner un impact négatif important sur la démarche et l'équilibre, ce qui peut entraîner ce risque collatéral de chute et de perte d’autonomie.
Car jusqu'à 60% des patients souffrent de neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie, caractérisée par des lésions nerveuses qui ont un impact sur les mains ou les pieds. Un dommage qui affecte certainement les capacités fonctionnelles mais dont l'apparition, la durée et la sévérité restent encore largement inconnues. La neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie conduit à la douleur, aux chutes et à la difficulté de la marche et obère ainsi la capacité à accomplir les activités de la vie quotidienne. Bien que les symptômes puissent s'améliorer avec le temps, jusqu'à 30% des patients ont des symptômes persistants durant au moins 6 mois.
Cette étude est ainsi la première à mesurer objectivement les capacités fonctionnelles des patients atteints de cancer pendant et après une chimiothérapie, ici à base de taxane. Les chercheurs ont suivi 33 patientes atteintes d'un cancer du sein au stade I-III, évalué leur équilibre fonctionnel (équilibre et démarche) et pris en compte la perception auto-déclarée des patientes à 5 reprises, avant le début du traitement et jusqu'à 3 mois après la fin du traitement. L'analyse de ces données révèle une augmentation de 28% de l'oscillation médiale-latérale après un seul cycle de chimiothérapie. Cette augmentation atteint 48% avec l'exposition cumulée à la chimiothérapie. Les patientes présentent également une réduction de 5% de la vitesse de marche après seulement 3 cycles de chimiothérapie.
Ce n'est pas seulement un problème de qualité de vie : la neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie peut avoir également une incidence sur la capacité du patient à recevoir son traitement, ce qui réduit aussi ses chances de survie, souligne l'auteur principal, le Dr Maryam Lustberg, Chef de service de survie du cancer du sein : « Pour les patientes neuropathiques, nous sommes souvent dans l'obligation de modifier leur régime de traitement afin qu'il reste tolérable et parfois même de l'arrêter. Nous avons obligation donc de rendre ces traitements plus tolérables pour les patientes afin qu'elles puissent profiter pleinement de leurs effets thérapeutiques ».
L'exposition aux taxanes est particulièrement associée à une aggravation des symptômes sensoriels et à un contrôle postural plus faible, soulignent les auteurs. « Les survivants du cancer présentent un risque accru de chutes et le taux d'incidence de la chute après la chimiothérapie est une préoccupation sérieuse pour la qualité de vie à long terme de ces survivants. L'étude permet de préciser cet impact sur les aspects fondamentaux de la fonction du patient et incite à réfléchir à de meilleures stratégies pour aider les patients ».
April 3, 2017 DOI: 10.1007/s10549-017-4230-8 Gait, balance, and patient-reported outcomes during taxane-based chemotherapy in early-stage breast cancer patients
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