CHIRURGIE BARIATRIQUE : La perte de poids réduit aussi la dépression
L’inflammation prédictive de la perte de poids liée à la chirurgie de l’obésité ? Peut-être pas, mais l’inflammation peut certainement influencer les résultats de la chirurgie, révèle cette étude menée par des chirurgiens du King's College de Londres. La recherche, publiée dans la revue Psychological Medicine, montre aussi comment la chirurgie bariatrique, et la perte de poids associée, contribuent à réduire les symptômes dépressifs chez de nombreux patients obèses.
La chirurgie bariatrique modifie physiquement l'estomac et/ou l'intestin pour réduire la quantité de nourriture que les patients peuvent ingérer et réduire l'absorption des nutriments : la perte de poids peut atteindre 70 % de l’excès de poids après l’intervention, avec néanmoins, des résultats très variables selon les patients.
L’étude cherche à identifier les facteurs qui peuvent influer sur les résultats de la chirurgie bariatrique. Ainsi, ces chercheurs, de l'Institut de psychiatrie, psychologie et neurosciences (IoPPN) du King's College sont les premiers à étudier les liens entre l'inflammation, la dépression, chez les patients obèses avant et après une chirurgie bariatrique. La dépression étant naturellement fortement associée à l’obésité.
La perspective de traitements personnalisés impliquant la réduction de l'inflammation
L’inflammation : chez les patients présentant une inflammation accrue, l’approche visant à réduire l’inflammation pourrait permettre d’optimiser les résultats de la chirurgie. L'auteur principal, le Dr Valeria Mondelli, professeur clinicien de psychoneuroimmunologie souligne les implications cliniques importantes de ce résultat qui suggère de réduire l’inflammation pour optimiser les résultats de la chirurgie.
La dépression aussi ? On sait que la dépression et l’obésité se développent concomitamment, et de précédentes recherches ont suggéré que la libération de protéines inflammatoires via la réponse immunitaire pourrait constituer un mécanisme pathologique commun à ces 2 affections. Pour mieux comprendre la relation entre dépression, obésité et perte de poids, l'équipe a évalué les différences dans les niveaux de protéines libérées dans le corps lors d'une inflammation chez 85 patients obèses avec et sans dépression, subissant une chirurgie bariatrique. Les protéines réactives (CRP) et les cytokines dont l'interleukine-6 (IL-6) et l'interleukine-4 (IL-4), ont été mesurées avant et après la chirurgie dans le sang et les tissus des participants. 41 participants présentaient des symptômes de dépression atteignant le seuil de diagnostic clinique avant la chirurgie. L’analyse confirme que :
- les participants souffrant de dépression présentent des taux plus élevés de protéines inflammatoires CRP et IL-6 dans le sang et des taux plus faibles de protéine anti-inflammatoire IL-4. Ils présentent également des niveaux plus élevés d’une protéine inflammatoire dans le tissu adipeux ;
- 6 mois après la chirurgie, les patients bariatriques qui souffraient de dépression avant, continuent à présenter des taux plus élevés d'IL-6 et de CRP dans le sang ;
- aucune différence globale de perte de poids n’est cependant observée entre les participants avec et exempts de dépression ;
- dans l'ensemble, la chirurgie bariatrique a permis une perte de poids chez tous les patients et la majorité des patients qui souffraient de dépression avant, ont également connu une réduction de leurs symptômes dépressifs ;
- sur 44 patients qui souffraient de dépression avant la chirurgie, seul un tiers souffraient encore de dépression clinique après la chirurgie ;
-
des niveaux plus élevés de CRP, dépression ou pas, prédisent une perte de poids réduite à 6 mois.
En résumé, l’étude suggère que l'inflammation dans le sang, plutôt que la dépression, joue un rôle important dans les résultats de perte de poids après une chirurgie bariatrique. L’étude confirme également que les patients souffrant de dépression avant la chirurgie voient leurs symptômes dépressifs réduits après.
Autres actualités sur le même thème
STRESS et ANXIÉTÉ : Pourquoi ils ne sont pas forcément mauvais
Actualité publiée il y a 5 années 2 moisAVC: Les 10 facteurs de risque modifiables qui font 90% du risque
Actualité publiée il y a 8 années 4 moisDÉPRESSION : 6 types de dépression, au moins autant de traitements
Actualité publiée il y a 4 mois 2 semainesRUMINATION SOCIALE : Lorsque le cerveau reptilien rencontre le néocortex
Actualité publiée il y a 1 semaine 4 jours