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CICATRISATION : Toutes les cellules sénescentes ne sont pas nocives

Actualité publiée il y a 1 année 5 mois 3 semaines
Science
De manière surprenante, certaines cellules sénescentes aident à cicatriser les tissus lésés (Visuel Adobe Stock 279923619)

De manière surprenante, certaines cellules sénescentes aident à cicatriser les tissus lésés révèle cette équipe de l’Université de Californie - San Francisco qui décrypte, pour la première fois, dans la revue Science, le rôle des cellules « zombies ». Ces cellules-mêmes que la médecine anti-âge ou régénérative ou encore les sénolytiques cherchent à éliminer pour prévenir les maladies liées à l'âge, exercent, pour certaines, une fonction bénéfique : intégrées dans des tissus jeunes et sains, elles contribuent à la réparation des dommages et à la cicatrisation.

 

Les scientifiques parviennent à suivre ces cellules en action dans les tissus pulmonaires, ainsi que dans d'autres organes qui servent de barrières dans le corps, tels que l'intestin grêle, le côlon et la peau. L’exposition de ces cellules aux sénolytiques, qui visent justement à les éliminer, retarde la cicatrisation des tissus, dont les tissus pulmonaires.

Les cellules sénescentes peuvent jouer un rôle de cellules sentinelles

Certaines de ces cellules assurent une surveillance des tissus, détectent les blessures et les plaies et stimulent les cellules souches voisines pour qu'elles se développent et initient la réparation et la cicatrisation », résume l’auteur principal, le Dr Tien Peng, professeur agrégé de médecine pulmonaire, de soins intensifs, d'allergie et de médecine du sommeil.

Les cellules vieillissantes peuvent à la fois endommager et guérir

Un rôle néfaste : alors pourquoi les scientifiques ont-ils surtout documenté le rôle nocif des cellules sénescentes ? Avec le vieillissement, les cellules sénescentes s'accumulent et développent des caractéristiques de cellules anciennes et usées et brident la capacité de fabriquer de nouvelles cellules. Au lieu de mourir comme des cellules âgées normales, elles survivent, rejetant tout un cocktail de composés inflammatoires qui associé à la sénescence. Ces facteurs sont liés à la maladie d'Alzheimer, à l'arthrite et à d'autres maladies liées à l'âge, dont le cancer. C’est aussi pourquoi on les nomme « cellules zombies ».

 

Les sénolytiques qui ciblent et tuent les «cellules zombies», permettent de lutter contre ou de réduire le risque de maladies liées à l'âge et de prolonger la durée de vie. C’est pourquoi de nombreux laboratoires de recherche et pharmaceutiques travaillent au développement de versions plus puissantes de ces médicaments.

 

Mais aussi un rôle positif : les cellules sénescentes jouent aussi un rôle bénéfique : « tuer les cellules sénescentes comporte des dangers », écrivent ici les chercheurs. La nouvelle étude montre que les cellules sénescentes ont également la capacité de favoriser la cicatrisation via l'activation de la réparation des cellules souches. « Les sénolytiques pourraient donc ralentir le processus de réparation normal, bien que ciblant aussi les maladies caractérisées par la sénescence cellulaire ».

 

Des biomarqueurs de la sénescence ? De tels biomarqueurs, tels que le gène p16, sont indispensables pour évaluer voire contrôler la sénescence cellulaire. Or ils sont très rares, ce qui rend la détection de ces cellules complexe. De plus, dans les organismes vivants, les cellules interagissent avec les tissus qui les entourent, ce affecte aussi l'activité génétique des cellules. Cela signifie que les caractéristiques des cellules cultivées in vitro peuvent être très différentes de celles de cellules prospérant dans leur environnement naturel.

 

L’équipe a donc utilisé une technique courante de fusion d'un gène pertinent (p16), qui est trop actif dans les cellules sénescentes ainsi qu’une protéine de fluorescence (GFP) comme marqueur pour mieux suivre les cellules sénescentes dans l’environnement naturel des tissus vivants. Les scientifiques observent alors que les cellules zombies stimulent les cellules souches, prospèrent dans les tissus jeunes et sains à des niveaux bien plus élevés qu'on ne le pensait auparavant, et commencent à apparaître peu de temps après la naissance. Les scientifiques identifient aussi des facteurs de croissance spécifiques que les cellules sénescentes sécrètent pour stimuler la croissance et la réparation des tissus par les cellules souches.

Enfin, cette contribution des cellules sénescentes à la régénération et à la cicatrisation, est retrouvée dans d'autres organes barrières et d’autres tissus,

dont l'intestin grêle, le côlon et la peau. Et dans ces autres tissus, l’élimination des cellules sénescentes par des sénolytiques, ralentit le processus de réparation.

 

Ces résultats sont importants pour la recherche sur le vieillissement : « La recherche sénolytique suggérait jusque-là de se concentrer sur la reconnaissance et le ciblage précis des cellules sénescentes nocives, peut-être dès les premiers signes de maladie. Cette nouvelle recherche  souligne la nécessité de développer de petites molécules capables de cibler des sous-ensembles spécifiques de cellules sénescentes impliquées dans la maladie et pas dans la régénération ».

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