COVID-19 : 5 jours d’antiviral oral pour éviter l’hôpital
Cette analyse préliminaire d'essai clinique de phase III montre qu’avec un traitement de 5 jours seulement, ce nouvel antiviral oral, le molnupiravir, à prendre à domicile, réduit de plus de moitié le risque de forme sévère de COVID-19. Au-delà, aucun décès n’a été constaté chez les participants du groupe d’intervention (traités avec le médicament expérimental). Ces données ouvrent un nouveau paradigme dans la lutte contre COVID-19 et, une alternative possible à la vaccination.
Le laboratoire Merck (ou MSD en dehors des États-Unis et du Canada) qui a développé l’antiviral avec la biotech Ridgeback Biotherapeutics, a déjà transmis ces données à l’Agence sanitaire américaine FDA, afin d’obtenir une autorisation en « fast track » pour le médicament. Cette autorisation d’utilisation, aux Etats-Unis, pourrait ainsi intervenir sous 8 semaines.
Ce médicament antiviral oral expérimental, le molnupiravir a permis en effet de réduire considérablement le risque d'hospitalisation ou de décès, conclut cette analyse intermédiaire de l'essai de phase III MOVe-OUT, mené chez des patients adultes à risque, atteints de COVID-19 léger à modéré et non hospitalisés.
L'essai de phase III MOVe-OUT a recruté 775 patients en août 2021, dans plus de 170 sites prévus dans des pays tels que l'Argentine, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, l'Égypte, la France, l'Allemagne, le Guatemala, Israël, l'Italie, le Japon, le Mexique, Philippines, Pologne, Russie, Afrique du Sud, Espagne, Suède, Taïwan, Ukraine, Royaume-Uni et États-Unis. Tous les participants éligibles ont développé un COVID-19 léger à modéré confirmé en laboratoire, avec l'apparition des symptômes dans les 5 jours suivant la randomisation de l'étude. Tous présentaient au moins un facteur de risque associé à une mauvaise évolution de la maladie à l’inclusion. Cette analyse préliminaire constate que :
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le molnupiravir a réduit le risque d'hospitalisation ou de décès d'environ 50 % ;
- 7,3 % des patients (n=53) ayant reçu du molnupiravir vs 14,1 % des patients traités par placebo (n=377) ont été soit hospitalisés soit décédés lors de ce premier suivi de 29 jours ;
- aucun décès n'a été signalé chez les patients ayant reçu du molnupiravir, vs 8 décès chez les patients ayant reçu le placebo ;
- l'efficacité n'a pas été affectée par le moment de l'apparition des symptômes ou le facteur de risque sous-jacent ;
- sur la base des participants disposant de données de séquençage viral (environ 40 % des participants), le molnupiravir démontre également une efficacité, similaire, sur les variantes virales Gamma, Delta et Mu ;
- enfin, l'incidence des effets indésirables est comparable dans les groupes d’intervention et témoin ;
- ces premiers résultats, très positifs, ont conduit à l’arrêt prématuré de recrutement de nouveaux participants.
Le molnupiravir est une forme expérimentale, administrée par voie orale, d'un puissant analogue du ribonucléoside qui bloque la réplication du SRAS-CoV-2, le virus responsable de COVID-19. Le molnupiravir s’était déjà montré actif dans plusieurs modèles précliniques du SRAS-CoV-2, notamment pour la prophylaxie, le traitement et la prévention de la transmission. De plus, les données précliniques et aujourd’hui cliniques suggèrent que le molnupiravir est également actif contre les variantes les plus courantes du SRAS-CoV-2.
Si ces résultats étaient confirmés et l’autorisation de la FDA accordée, Merck prévoit de produire 10 millions de traitements d'ici la fin de 2021, et davantage de doses encore en 2022. Merck s'engage également, dans son communiqué, à fournir un accès rapide au molnupiravir dans le monde en mettant notamment en œuvre une tarification échelonnée en fonction des niveaux de revenus des pays.