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COVID-19 : Avec la pandémie, la chute de la natalité

Actualité publiée il y a 1 année 6 mois 4 semaines
Human Reproduction
Les démographes et les épidémiologistes se sont posé la question dès les débuts de la pandémie : Le COVID-19 et le confinement allaient-ils entraîner un baby-boom ou une baisse de la natalité ?  (Visuel Adobe Stock 333803034)

Les démographes et les épidémiologistes se sont posé la question dès les débuts de la pandémie : Le COVID-19 et le confinement allaient-ils entraîner un baby-boom ou une baisse de la natalité ? Ce nouveau bilan mené par une équipe du CHU de Lausanne révèle, dans la revue Human Reproduction, une baisse de 14 % des naissances vivantes en Europe, 9 mois après le début de la pandémie de COVID-19 et les premiers confinements, particulièrement marquée au mois de janvier 2021.

 

L’analyse précise la variation des naissances vivantes mensuelles, entre celles observées en 2020 et 2021 et la moyenne des naissances vivantes mensuelles 2018-2019. Ces données ont été pondérées par les taux de natalité de base de chaque pays afin de calculer des taux de variation cumulés, correspondant à une variation globale en Europe.

L'Europe a connu une baisse de 14 % des naissances vivantes en janvier 2021,

soit seulement 9 à 10 mois après le premier pic pandémique et les premiers confinements, cette baisse étant évaluée par rapport au nombre moyen de naissances vivantes en janvier 2018 et 2019.

Les chercheurs suggèrent que la diminution peut être associée aux confinements imposés dans de nombreux pays européens plutôt que directement aux infections et à leurs conséquences, dont les décès, des fausses couches ou les mortinaissances. En effet, si cela avait été le cas, il y aurait eu une baisse des naissances vivantes quelques semaines ou quelques mois seulement après l'exposition au COVID-19, ce qui n’est pas observé.

 

 «La baisse des naissances 9 mois après le début de la pandémie semble être plus courant dans les pays où les systèmes de santé étaient en difficulté et où la capacité hospitalière était submergée. Ces facteurs ont conduit à des confinements plus fréquents et prolongés et à des mesures de distanciation sociale », explique l’auteur principal, le Dr Léo Pomar, sage-femme échographiste au CHU de Lausanne.

« Plus les confinements sont longs, moins il y a eu de grossesses au cours de cette période,

même dans les pays qui ont été moins gravement touchés par la pandémie. Nous pensons que les craintes des couples face à la crise sanitaire et sociale au moment de la première vague de COVID-19 ont contribué à cette baisse de natalité".

 

Dans l’histoire, toutes les pandémies des 20è et 21è siècles (grippe espagnole de 1918, Ebola en 2013, Zika en 2016), ont entraîné une baisse des taux de natalité 9 mois après leur pic. Les raisons étaient les taux de mortalité élevés chez les parents pour les deux premières pandémies et les taux de mortalité fœtale élevés résultant d'une exposition directe au Zika. Le désir des couples de reporter une grossesse en temps de crise a également été un facteur. Les baisses de natalité au cours des précédentes pandémies s'expliquent par des facteurs spécifiques.

 

L’étude : l’analyse des données de 24 pays européens pour les périodes précédant immédiatement et suivant immédiatement la première vague de COVID-19, ajustées pour les taux de natalité de manière à tenir compte des variations par pays, et saisonnières, révèle que :

 

  • janvier 2021 est le seul mois au cours duquel la baisse des naissances vivantes est aussi marquée en Europe ;

  • ainsi, des baisses des taux de natalité en janvier 2021 sont observées en Belgique (baisse de 12%), en Estonie (13%), en France (14%), en Italie (17%), en Lettonie 15,5%), en Lituanie (28%), au Portugal (18%), en Roumanie (23%), en Russie (19%), en Espagne (23,5%), en Ukraine (24%), en Angleterre, au Pays de Galles (13%) et en Ecosse (14%) ;
  • 7 pays européens avaient des unités de soins intensifs (USI) débordées et 6 d'entre eux (Belgique, France, Italie, Espagne, Angleterre et Écosse) ont connu des baisses substantielles des taux de natalité ;
  • le 7è pays, le Danemark, n’a pas accusé de baisse de natalité en janvier 2021 ;
  • seuls 2 des 9 pays ayant subi un impact léger ou modéré sur les USI ont connu une baisse des naissances toujours 9 mois après le début de la pandémie, en janvier 2021 ;
  • mars 2021 est le seul mois avec un taux de naissances vivantes similaire au taux mensuel prépandémique,
  • un rebond de la natalité est observé 9 à 10 mois après la fin des confinements, cependant, ce rebond ne compense pas la baisse de la natalité, y compris celle observée en janvier 2021 ;
  • la durée des confinements apparaît le seul facteur pouvant expliquer la baisse des naissances vivantes observée en janvier 2021- vs janvier 2018 et janvier 2019. Par exemple, la Suède, qui n'a pas mis en place le confinement mais qui a enregistré un nombre élevé de décès, n'a pas connu de baisse des naissances.

 

« Cette association identifiée avec la durée des confinements peut refléter un phénomène beaucoup plus complexe, dans la mesure où ces confinements sont des décisions de dernier recours, donc très préoccupantes et qui ont un impact direct sur les couples-entre autres groupes de population », précise l’auteur.

 

Des implications pour les systèmes de santé : ces données ont également des implications pour les services de maternité, qui doivent réorganiser leurs protocoles durant les pandémies, mais qui devraient se préparer, probablement, à un rebond des grossesses une fois la pandémie terminée. Concernant la pandémie actuelle, devenue pratiquement endémique en Europe, ses conséquences pendant la grossesse sont mieux connues, la vaccination est disponible, et il est possible que cette baisse des naissances s’atténue encore au cours des prochaines vagues.

 

Enfin, sur un axe plus sociologique, il est clair que le comportement reproductif humain, comme en témoigne le nombre de naissances vivantes, change lors d'événements dramatiques, d'épidémies et de crises sanitaires mondiales...Moins de naissances vivantes entraînera un vieillissement plus rapide des populations et aura un effet de réduction de la croissance économique. A contrario, un certain rebond du nombre de naissances vivantes après chacune de ces crises pourrait atténuer ces effets.

 

Enfin, ces effets s’ajoutent à ceux du stress profond pendant la grossesse qui peut affecter la fonction placentaire, la santé néonatale et même la fertilité future.