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COVID-19 : Comment le microbiote peut protéger et prévenir le décès

Actualité publiée il y a 1 année 3 mois 4 semaines
Nature Communications
Avoir un microbiote intestinal en bonne santé peut protéger contre les formes sévères et les complications du COVID-19 (Visuel Adobe Stock 331690395)

Avoir un microbiote intestinal en bonne santé peut protéger contre les formes sévères et les complications du COVID-19, révèle cette équipe de l’Université de Chicago, qui identifie ici, dans la revue Nature Communications, les différences dans le microbiome intestinal liées au risque de décès chez les patients COVID-19 souffrant d'insuffisance respiratoire. Ainsi, de bonnes bactéries et de bons métabolites contribuent à empêcher de mauvais résultats chez les patients COVID pris en charge en soins intensifs.

 

On sait que le microbiote intestinal joue un rôle clé dans l’immunité, une fonction qui s’avère particulièrement vitale chez ces patients COVID, qui développent des complications respiratoires et doivent être pris en charge en USI. L’auteur principal, le Dr Bhakti Patel, spécialiste des soins pulmonaires et intensifs à l'Université de Chicago et le Dr Matthew Stutz, chercheur en soins intensifs, étudient ici le microbiote intestinal des patients admis aux soins intensifs afin de mieux comprendre pourquoi certains patients récupèrent mieux que d’autres.

Leur conclusion : le microbiote intestinal pourrait faire la différence.

Bon nombre des interventions courantes que les médecins utilisent aux soins intensifs, comme la sédation, les antibiotiques ou encore la ventilation et l’immobilité pendant de longues périodes peuvent avoir des conséquences durables, même si elles contribuent, à plus court terme à traiter et parfois sauver le patient.

 

La recherche a donc tenté de lier ensemble des facteurs qui pouvaient contribuer à expliquer les très mauvais résultats de certains patients après leur sortie des soins intensifs. Cet objectif est devenu particulièrement légitime durant la pandémie, compte-tenu du nombre de patients pris en charge en soins intensifs. Dans cette optique de recherche, la pandémie offrait l’opportunité de comprendre pourquoi des patients relativement et autrement en bonne santé à leur arrivée en USI, évoluaient ensuite de manières radicalement différentes. Ces observations cliniques ont soufflé aux chercheurs

« qu’il se passait autre chose, peut-être au niveau du microbiome qui pouvait influer sur la récupération ».

De là, l’équipe s’est concentrée sur le rôle du microbiome dans les formes graves de COVID-19.

 

L’étude qui analysé la composition du microbiote de 71 patients traités en USI révèle que la composition du microbiote intestinal et les métabolites qu'ils produisent peuvent prédire la trajectoire de la fonction respiratoire et le risque de complications et décès chez ces patients COVID-19 en USI. Ainsi, plusieurs différences notables dans la composition du microbiome et des produits métaboliques sont détectées chez ces patients :

 

  • les patients atteints d’insuffisance pulmonaire et décédés présentaient plus d'un groupe de bactéries appelée protéobactéries que les patients rétablis ;
  • ces patients avaient également des niveaux inférieurs d'acides biliaires secondaires et moins d'un métabolite appelé désaminotyrosine ;
  • à l'inverse, les patients qui ont bien récupéré avaient des niveaux plus élevés d'acides biliaires secondaires et plus de désaminotyrosine.

 

Or, il a déjà été démontré que les acides biliaires secondaires aident à modérer les réponses immunitaires et que la désaminotyrosine est associée à une amélioration des défenses immunitaires antivirales.

 

Les chercheurs concluent donc à une influence significative du microbiome intestinal sur la progression de l'infection, en particulier dans un cadre de soins intensifs. Ces données suggèrent, en pratique clinique, que le microbiome intestinal a des liens importants avec la santé pulmonaire et constitue une cible possible pour prévenir de mauvais résultats. Y compris en cas d’autres types d’infection pulmonaire.

 

L’étude ouvre ainsi la voie à des traitements probiotiques contenant les bonnes souches de bactéries pour produire des métabolites protecteurs. Mais aussi à l’analyse du microbiome de ces patients pris en charge en USI afin d’identifier ceux qui sont plus susceptibles de développer une forme sévère et évolutive.

 

Il existe aujourd’hui des technologies capables de mesurer la fonction du microbiome en quelques heures et il devient possible de tirer parti de ces nouvelles données pour personnaliser les interventions.