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COVID-19 : Deuxième cause de mortalité par infection en Suisse et en Espagne depuis 1918

Actualité publiée il y a 2 années 2 mois 1 semaine
Annals of Internal Medicine
La pandémie de COVID-19 est la deuxième cause de mortalité par infection en Suède, en Suisse et en Espagne depuis 1918 (Visuel Adobe Stock 320678643)

Cette très large étude épidémiologique, menée par des équipes des Universités of Zurich, Berne et Oslo, montre toute l’ampleur de la  catastrophe sanitaire, notamment en termes de mortalité  : la pandémie de COVID-19 est la deuxième cause de mortalité par infection en Suède, en Suisse et en Espagne depuis 1918. Une catastrophe historique dont les caractéristiques peuvent nous aider à mieux nous préparer aux prochaines épidémies.

 

Il s’agit de l’analyse des données mensuelles de mortalité durant plus d’un siècle en Suisse, en Suède et en Espagne. L’analyse révèle que la surmortalité associée à la pandémie de COVID-19 atteint des pics bien plus élevés que la plupart des autres périodes de surmortalité depuis 1918. Pourquoi le choix de la Suisse, de la Suède et de l'Espagne ? Parce que ces pays disposent de données continues et fiables sur le nombre de décès et étaient militairement neutres pendant les deux guerres mondiales.

Source: Annals of Internal Medicine

Suivre la mortalité dans 3 pays, mois par mois, durant plus d’un siècle

L'étude : l’équipe a donc pu estimer les décès mensuels excédentaires par âge, toutes causes confondues, pour les 3 pays, pour la période pandémique 2020 à 2021 et pour d'autres périodes pandémiques. L’analyse constate que pour les 3 pays,

 

  • 2020 est l’année du nombre de décès excédentaires le plus élevé depuis 1918 ;
  • cependant, les décès excédentaires comptabilisés en 1918 sont estimés à des niveaux 6 à 7 fois plus élevés qu'en 2020 : la pandémie de grippe espagnole de 1918 a causé beaucoup plus de décès, soit environ 2,6 millions de décès supplémentaires en Europe pour jusqu'à 50 millions de morts, au total, dans le monde ;
  • l'excès relatif de décès en 2020 est estimé à 12,5 % pour la Suisse, à 8,5 % pour la Suède et à 17,3 % pour l’Espagne ;
  • lors de la pandémie de COVID-19 en 2020, ces 3 pays ont ainsi enregistré des pics mensuels de surmortalité toutes causes confondues supérieurs à la plupart des surmortalités mensuelles depuis la pandémie de grippe de 1918, y compris les pics liés à la grippe saisonnière et aux vagues de chaleur.

 

COVID-19, une pandémie historique et des interventions en santé publique uniques : Cette étude à la méthodologie unique (analyse d’une série continue de données mensuelles sur les décès couvrant plus de 100 ans), aboutit à des résultats cohérents avec ceux de précédentes études plus partielles. 

 

  • Sur les mesures de distanciation : les auteurs concluent que si la pandémie de 1918 reste sans précédent, les interventions non pharmaceutiques étaient très limitées à l’époque. Ils suggèrent ainsi que la surmortalité estimée en 2020 aurait donc pu être encore plus élevée sans ces « nouvelles » interventions de santé publique, mises en œuvre partout dans le monde.
  • Sur la vaccination, l’analyse estime qu'elle aurait permis d'éviter environ 470.000 décès chez les personnes âgées de 60 ans ou plus dans 33 pays européens entre décembre 2019 et novembre 2021 ;
  • Une autre caractéristique de la pandémie de 1918 était la forte mortalité chez les jeunes adultes, qui n'a pas été observée depuis ;
  •  les années pandémiques ne constituent pas les seules périodes de pics de surmortalité : d'autres événements ont également entraîné une augmentation des décès excédentaires entre 1890 et 2020, dont les vagues suivant les premières vagues pandémiques, la grippe saisonnière, la guerre civile …

 

Cet impact des vagues « endémiques » succédant à une première vague pandémique pose la question de la prise en compte, pour l’estimation des valeurs attendues pour les années suivantes des données des vagues initiales…

 

Mieux se préparer : si ces estimations sont essentielles pour notre préparation à de futures épidémies, ces comparaisons avec les pandémies antérieures doivent être faites avec toute la prudence liée à des différences majeures dans les conditions de vie, dans les systèmes de santé mais aussi dans les caractéristiques biologiques (virales notamment) et épidémiologiques. 

La surmortalité, observée dans les 3 pays Suisse, Suède et Espagne n'était pas inéluctable.

Par exemple, la Finlande, la Norvège et le Danemark n'ont pas signalé de surmortalité en 2020. Il s’agira donc de mieux comprendre les raisons de ces différences qui résident peut-être dans les types, la durée et la force des interventions gouvernementales, de santé publique et de contrôle direct des infections, ainsi que dans des facteurs écologiques, géographiques et culturels, plus difficilement contrôlables.

 

La pandémie a conduit à la deuxième plus « grande catastrophe de mortalité » causée par une infection virale en plus de 100 ans -dans les 3 pays étudiés-, juste après la pandémie de grippe de 1918. Et ce n'est que la pointe de l'iceberg.

 

« Seul le temps nous dira quels seront les effets à long terme de la pandémie de COVID-19 », concluent ainsi les auteurs.