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COVID-19 et maladie de Kawasaki : Coincidence ou incidence ?

Actualité publiée il y a 4 années 5 mois 22 heures
The Lancet
Chez les enfants, l’incidence de la maladie de Kawasaki s’est démultipliée depuis COVID-19, pourquoi ? (Visuel AdobeStock_345018943)

Cette étude d’une équipe de pédiatres de l’Hôpital de Bergame (Italie), une région fortement impactée par COVID-19, a enregistré une épidémie de maladie de Kawasaki chez ses jeunes patients et évalue l'incidence et les caractéristiques des enfants COVID-19 également atteints par une maladie de type Kawasaki. L’étude présentée dans le Lancet, révèle une incidence démultipliée de la maladie de Kawasaki depuis COVID-19, et livre quelques explications.

 

La maladie de Kawasaki est une maladie inflammatoire rare qui touche principalement les enfants. La maladie est caractérisée par une vascularite voire une artérite coronarienne aiguë associée à des anévrismes artériels coronariens qui peuvent entraîner le décès. Ici, le syndrome de choc de la maladie de Kawasaki (KDSS : Kawasaki disease shock syndrome) a été défini par la présence d'un dysfonctionnement circulatoire et un syndrome d'activation des macrophages.

Les coronavirus semblent être l'un des déclencheurs possibles de la maladie de Kawasaki

Dans ce système de santé, les enfants « COVID-19 », diagnostiqués avec la maladie de Kawasaki au cours des 5 dernières années, ont été qualifiés et répartis selon la date d’apparition des symptômes, avant ou après COVID-19. La date de survenue de COVID-19 a été recherchée par test PCR d’écouvillons nasopharyngés et oropharyngés et par un test sérologique de détection des IgM et des IgG SARS-CoV-2.

  • Le premier groupe (maladie de Kawasaki avant COVID-19) comprenait 19 jeunes patients âgés de 2 à 5 ans, diagnostiqués entre le 1er janvier 2015 et le 17 février 2020 ;
  • le second groupe (maladie de Kawasaki après COVID-19) comprenait 10 patients diagnostiqués entre le 18 février et le 20 avril 2020. 8 de ces jeunes patients étaient positifs au test sérologique.

Cette petite analyse conclut à

  • une incidence 30 fois plus élevée de la maladie de Kawasaki chez les enfants diagnostiqués après le début de l'épidémie de SRAS-CoV-2 : soit respectivement 0,3 vs 10/mois ;
  • La maladie de Kawasaki se développe chez des enfants en moyenne plus âgés après le début de COVID-19 : 3 (groupe 1) vs 7,5 (groupe 2) ;
  • toujours chez les enfants diagnostiqués après le début de l'épidémie de SRAS-CoV-2, le taux d'atteinte cardiaque et la suractivation des macrophages sont plus élevés.

L'étude montre ainsi que l’épidémie de SRAS-CoV-2 est bien associée à une incidence plus élevée d'une forme plus sévère de la maladie de Kawasaki chez les enfants.

En synthèse, les caractéristiques cliniques de ces jeunes patients atteints de la maladie de Kawasaki diagnostiqués pendant la pandémie de COVID-19 (groupe 2) semblent différer de la cohorte historique de patients (groupe 1). Ces patients du groupe 2 (pendant COVID-19) sont plus âgés, présentent une atteinte respiratoire et gastro-intestinale plus sévères, des signes méningés et des signes d'atteinte cardiovasculaire. Enfin, ils partagent des caractéristiques cliniques avec de nombreux patients atteints de COVID-19 ( leucopénie, lymphopénie marquée, thrombocytopénie, augmentation de la ferritine, marqueurs de myocardite). Enfin, ces jeunes patients vont suivre une évolution plus sévère de COVID-19

 

Coronavirus et Kawasaki : Au cours des 20 dernières années, plusieurs études de cas ont suggéré que des virus de la famille des coronavirus puissent être impliqués dans la pathogenèse de la maladie de Kawasaki. Les chercheurs citent une étude de 2005 qui avait ainsi identifié un nouveau coronavirus nommé « coronavirus de New Haven » (HCoV-NH), du nom de la région touchée, dans les sécrétions respiratoires de 8 enfants parmi 11 alors atteints de la maladie de Kawasaki. Une équipe japonaise, avait également exploré l'association entre 2 coronavirus (HCoV-NL63 et HCoV-229E) et la maladie de Kawasaki par tests sérologiques. Le test d'immunofluorescence n'a détecté aucune différence de positivité des anticorps anti-HCoV-NL63 entre les patients et les témoins, tandis que la positivité des anticorps anti-HCoV-229E était plus élevée chez les patients atteints de la maladie de Kawasaki.

L’effet pro-inflammatoire du SRAS-CoV-2 rapporté chez la plupart des patients présentant les complications respiratoires les plus sévères de COVID-19 pourrait contribuer à expliquer le développement de ce syndrome de choc de la maladie de Kawasaki. Ces patients présentent en effet une constellation de caractéristiques documentée aujourd’hui sous le terme de tempête de cytokines, retrouvée, globalement chez les patients atteints de la maladie de Kawasaki.

 

Quel traitement ? Les auteurs suggèrent que ces caractéristiques « COVID-19 et Kawasaki » soutiennent l’initiation d’un traitement d’appoint par stéroïdes : « D'après notre expérience, ce traitement est efficace et sûr, et devrait être envisagé par les médecins traitant des patients présentant des présentations de type Kawasaki dans le contexte de la pandémie de COVID-19 ».

 

Ainsi ces différentes données contribuent à documenter la famille des coronavirus comme l'un des déclencheurs possibles de la maladie de Kawasaki, le SRAS-CoV-2 étant une souche particulièrement virulente capable d’induire cette puissante réponse ou « choc » immunitaire chez l'hôte.