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COVID-19 et Universités : Les données qui réfutent l’enseignement 100% distanciel

Actualité publiée il y a 3 années 3 mois 1 semaine
Annals of Internal Medicine
Le port du masque, la distanciation sociale et les tests de routine, 3 mesures qui combinées permettraient de prévenir 96% des infections possibles (Visuel Adobe Stock 357256537)

Cette étude menée par des épidémiologistes de la Case Western Reserve University (Cleveland) est sans doute transposable à de nombreux pays, compte-tenu de la similarité des mesures de distanciation mises en œuvre. L’étude rassure sur l'efficacité combinée de 3 stratégies de prévention de base du COVID sur les campus universitaires : le port du masque, la distanciation sociale et les tests de routine, 3 mesures qui combinées permettraient de prévenir 96% des infections possibles. Ces résultats, présentés dans les Annals of Internal Medicine qui soutiennent l’élargissement des tests aux élèves et aux étudiants suggèrent que le 100% distanciel n’est pas forcément la meilleure stratégie et que ces 3 mesures pourraient « faire aussi bien » que les vaccins approuvés à ce jour-et qui tardent à venir.

 

Les implications sont importantes, aux Etats-Unis comme ailleurs alors que l’année universitaire reprend et que la distribution des vaccins approuvés est en retard par rapport aux objectifs. Enfin, les conséquences d’un enseignement 100% distanciel sur la santé mentale des jeunes ne doit pas être ignorées.

En faveur d’un système éducatif hybride, avec une partie des cours en présentiel et un campus ouvert pendant ce semestre.

Les chercheurs ont examiné 24 combinaisons de 4 stratégies de prévention courantes : distanciation sociale, port du masque, test de dépistage et isolement, ont calculé leur efficacité et leur coût par infection évitée. L'équipe a pris en compte les interactions entre 3 groupes : les étudiants, les professeurs et les personnels administratifs et a utilisé un modèle de simulation informatique connu sous le nom d'analyse clinique et économique des interventions COVID-19, ou CEACOV qui simule les interactions durant un semestre d'un collège de taille moyenne (5.000 étudiants et 1.000 professeurs). L’analyse constate que :

  • la combinaison des 2 mesures les plus simples, soit la distanciation et le port du masque, lorsqu’elles sont respectées à 100%, permet de prévenir 87% des infections au COVID-19 en milieu universitaire ;
  • l’ajout de l’accès pour les étudiants aux tests de routine (soit la combinaison des 3 mesures) permet d'éviter 92% à 96% des infections au COVID ;
  • 3 étudiants sur 4 et près d’un professeur sur 6 seraient infectés au cours du semestre en l'absence de mesures de prévention ;
  • la seule distanciation sociale ne permettrait de réduire que de 16% des infections chez les étudiants ;
  • si la fermeture du campus et le passage à l'éducation en distanciel permet de réduire les infections de 63% chez les étudiants, cette mesure apparaît moins efficace que d'ouvrir le campus et de mettre en œuvre une politique du port de masque et de distanciation sociale- une stratégie qui permet de réduire de 87% les infections chez les étudiants.

 

Quelle stratégie optimale pour l’enseignement supérieur ? Alors que le taux d'infection continue d'augmenter pendant les mois d’hiver, ces données ont des implications essentielles pour les établissements d'enseignement supérieur et les universités qui travaillent à trouver un équilibre entre « le présentiel et le distanciel », tout en réduisant au maximum les transmissions. Le coût des différentes mesures est également à prendre en compte, l’accès aux tests sur les campus induisant une dépense de santé très élevée, estimée par infection évitée jusqu’à 15.000 $ chacune selon la fréquence des tests : « Bien que certaines mesures soient très efficaces, leur mise en œuvre dépend entièrement de la situation financière de chaque collège », souligne l’auteur principal, Pooyan Kazemian, professeur de logistique à la Weatherhead School of Management de la Case Western Reserve University : « si les tests de routine pour les personnes asymptomatiques contribuent à détecter certaines infections précocement et à réduire les transmissions, ils représentent également le fardeau financier et opérationnel le plus élevé, même s'ils sont effectués tous les 14 jours ».

 

Alors que les États ont commencé à proposer la vaccination aux professionnels de santé, aux intervenants de première ligne et aux établissements de soins de longue durée, il est peu probable que la plupart des étudiants, des professeurs et du personnel universitaire se voient proposer un vaccin avant la fin du printemps.

 

L'engagement en faveur du port du masque et de la distanciation sociale doit donc être renforcé, soulignent les chercheurs, en faveur d’une réduction de la taille des classes et d’un système éducatif hybride,

avec une partie des cours en présentiel et un campus ouvert pendant ce semestre.

La stratégie de tests devrait également être envisagée à l’université de manière locale et ciblée, et en fonction des budgets.