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COVID-19 : La mutation qui lui permet de changer de route

Actualité publiée il y a 3 années 3 mois 1 semaine
Cell Reports
Une mutation permet au virus de changer de route et de processus d’infection (Visuel Adobe Stock 403046818)

C’est une nouvelle ruse évolutive du virus SARS-CoV-2 qui lui permet de trouver, une autre voie pour infecter les cellules. En particulier si le virus ne trouve pas de récepteurs ACE2, le récepteur connu pour permettre la liaison de la protéine de pointe du virus à la cellule hôte. Une mutation lui permet de changer de route et de processus d’infection, montrent ces travaux de l’Université de Washington, publiés dans les Cell Reports

 

Au début de la pandémie de COVID-19, les scientifiques avaient bien identifié ce processus d’infection du SRAS-CoV-2, qui passe par le récepteur cellulaire ACE2 et depuis cette compréhension, tous les vaccins et les thérapies à base d'anticorps ont été conçus avec l’objectif de perturber ou de bloquer cette voie d’infection. Mais c’était sans compter sur l’évolution continue du virus qui de mutation en mutation, tente d’échapper aux différentes mesures mises en œuvre pour le contrer. Les chercheurs de la Washington University School of Medicine à St. Louis viennent ainsi de faire une découverte marquante :

une seule mutation confère au SRAS-CoV-2 la capacité d'entrer dans les cellules par une autre voie,

une voie qui ne nécessite pas l'ACE2. Depuis le début de la pandémie, les scientifiques avaient bien « regardé » s’il existait d’autres voies d'entrée alternatives qui permettraient ainsi au virus d'échapper aux anticorps ou aux vaccins anti-COVID-19. Aujourd’hui, cette découverte qui montre que le virus peut changer de route de manière inattendue change la donne.

 

La mutation en question est localisée « sur l’un des sites viraux qui évolue le plus au fur et à mesure que le virus circule en population », explique l’un des auteurs principaux, le Dr Sebla Kutluay, professeur de microbiologie moléculaire : « La plupart du temps, en évoluant, le virus se « trouve » des récepteurs alternatifs et de nouveaux facteurs qui améliorent simplement sa liaison au niveau du récepteur ACE2. Mais dans ce cas, la mutation lui confère un moyen alternatif pour infecter un type de cellule clé, les cellules pulmonaires humaines ».

 

Une découverte fortuite : alors que l’équipe étudiait les changements moléculaires qui se produisent à l'intérieur des cellules infectées par le SRAS-CoV-2 sur un panel de 10 lignées cellulaires de cancer du poumon et de la tête et du cou, les chercheurs constatent la présence du virus sur une lignée cellulaire de cancer du poumon humain sans ACE2 détectable. Le virus détecté avait acquis une mutation qui avait entraîné la modification d’un seul acide aminé « à la position 484 » dans la protéine de pointe du virus- une position déjà documentée comme « un point chaud » pour les mutations.

 

Le résultat d’une une pression sélective : les chercheurs expliquent ce type de mutation par une pression sélective qui induirait le virus à pénétrer dans les cellules sans utiliser ACE2. À bien des égards,

« il est effrayant de penser à la population mondiale combattant un virus qui diversifie autant ses mécanismes d’infection ».

Quelles implications pour les vaccins et les traitements ? Pour évaluer si cette voie d'entrée alternative permet au virus d'échapper aux anticorps ou aux vaccins COVID-19, les chercheurs ont examiné des panels d'anticorps et de sérums sanguin de personnes vaccinées ou préalablement infectées. Ils constatent qu’ils restent efficaces contre le virus porteur de la mutation.

 

La question reste donc de savoir si cette voie alternative entre en jeu dans des conditions réelles, soit chez des personnes infectées par le SRAS-CoV-2. Pour répondre à cette question, il faudra identifier le récepteur alternatif que le virus utilise pour pénétrer dans les cellules.

« Quel est ce nouveau récepteur ? »


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