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COVID-19 : Le concept de bouclier immunitaire

Actualité publiée il y a 3 années 10 mois 3 semaines
Nature Medicine
Le concept de bouclier immunitaire suggère d’exploiter l'immunité présumée des personnes rétablies de l'infection à coronavirus.

L’idée d’instaurer une immunité collective pour limiter la circulation du nouveau coronavirus et donc l’incidence de la maladie COVID-19 est-elle définitivement abandonnée ? Cette étude d’une équipe du Georgia Institute of Technologie y revient, avec le déconfinement et la reprise de l'activité économique en cours dans de nombreux pays. Mais ce n’est pas tout. Les chercheurs développent aussi, dans la revue Nature Medicine, le concept d’une immunité « de bouclier » assurée par ces mêmes personnes rétablies de l’infection. Reste bien entendu, plusieurs inconnues de taille, le taux de circulation du virus en population générale et la force et la durée de l’immunité après infection au SARS-CoV-2.

 

L’équipe cependant va plus loin qu’une simple « couverture immunitaire » en population générale et suggère de tirer parti de l'immunité présumée des personnes rétablies de l'infection à coronavirus. (Mieux) protégées ces personnes pourraient en effet se substituer en toute sécurité aux personnes sensibles dans certaines activités à risque d’exposition élevé.

Immunité collective et bouclier immunitaire

Ainsi, le nombre de patients rétablis est important à 2 titres : il participe à l’immunité générale et à l’ «immunité de bouclier ». Ce bouclier immunitaire semble en effet dans les prochaines semaines, un outil intéressant pour réduire, avec la reprise des interactions, la reprise possible de la transmission virale.

Il s’agit ici à nouveau d’une modélisation du comportement du virus. Cette modélisation suggère qu'une stratégie basée sur l'immunité de bouclier pourrait réduire le risque de transmission et permettre dans le même temps des niveaux plus élevés d'interaction humaine propices à la reprise économique.

 

2 mises en garde : si la stratégie apparaît séduisante sur le papier, les chercheurs mettent en garde à 2 titres :

  1. la durée de l'immunité à la réinfection à SRAS-CoV-2 reste inconnue ; cependant, les personnes rétablies d’infections virales apparentées, comme le SRAS, ont bien présenté des anticorps persistants pendant environ 2 ans et au MERS durant environ 3 ans ;
  2. l’identification à grande échelle des anticorps susceptibles de protéger du coronavirus nécessitera des tests sérologiques fiables qui ne sont pas encore disponibles.

« Une identification qui pourrait servir le bien collectif »

Le rôle des tests sérologiques dans le cas d’une stratégie de bouclier immunitaire est donc essentiel : car les tests sérologiques seraient censés identifier les personnes immunisées contre le virus. Cependant, les tests d'anticorps ne sont pas spécifiques à 100% et peuvent conduire à des faux positifs.

 

Quelles prédictions du modèle ? Dans une population de 10 millions de personnes,

  • dans le pire des scenarii, la stratégie de bouclier modérée pourrait permettre de réduire les décès de 71.000 à 58.000 ;
  • une stratégie de bouclier généralisée (tests sérologiques en population générale) pourrait réduire les décès de 71.000 à 20.000 ;
  • enfin, la stratégie de bouclier apparaît comme très complémentaire des stratégies de distanciation actuelles.

 

L’exemple des professionnels de la santé : la stratégie du bouclier, déjà plus ou moins mise en pratique dans les établissements, permet d’identifier les personnels ayant eu COVID-19 mais ayant récupéré et qui sont donc en mesure, avec un risque très réduit d’infection, d'interagir avec les patients. La même stratégie est à l’évidence adaptée aux soignants des EHPAD, mais aussi à d’autres secteurs comme l’éducation, la restauration, la vente au détail …

 

Faut-il alors commencer à réfléchir à la « sérologie » comme intervention ? « Identifier les personnes immunisées contre le coronavirus pourrait faire une grande différence et éviter d’avoir à réduire les interactions nécessaires à notre vie sociale et économique », dans l’attente du développement d'un vaccin bien sûr.