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COVID-19 : Le lama à la rescousse

Actualité publiée il y a 3 années 3 mois 1 semaine
Scientific Reports
Des nano-anticorps ou « nanocorps » de camélidés pourraient nous immuniser (Visuel Adobe Stock 276208008)

Des nano-anticorps ou « nanocorps » de camélidés pour nous immuniser, plusieurs équipes y travaillent depuis la première vague de la pandémie COVID-19. C’est aujourd’hui une équipe de scientifiques américains des National Institutes of Health (NIH) qui isole ces mini-anticorps du lama et démontre, dans les Scientific reports, leurs promesses pour la vaccination anti-COVID-19.

 

Ces minuscules anticorps ou « nanobodies » contre le SRAS-CoV-2 produits par le lama appelés « NIH-CoVnb-112 », pourrait bien prévenir les infections et détecter les particules virales en capturant les protéines de pointe du SRAS-CoV-2. De plus, ces nanocorps semblent fonctionner aussi bien sous forme liquide que sous forme d'aérosol, ce qui suggère qu’ils pourraient être délivrés par inhalation ?

Ce n’est pas la première fois que des anticorps de lama sont envisagés dans le développement d’un vaccin anti-COVID-19. Une précédente collaboration des National Institute of Allergy and Infectious Diseases américains  (NIAID/NIH) avec d’autres instituts avait déjà suggéré qu’en immunisant des lamas avec des protéines de pointe de SARS-CoV-2 et en « récupérant » ensuite les fragments d’anticorps de camélidés, on obtenait un candidat vaccin prometteur, capable de bloquer le virus.

Visuel laboratoire Brody NIH / NINDS

Ces nanocorps se collent sur la liaison Spike-ACE 2

Les neuroscientifiques Thomas J. "T.J." Esparza et David L. Brody, du laboratoire d'imagerie cérébrale du NINDS/ NIH testent depuis longtemps ces nanobodies pour améliorer l'imagerie cérébrale. Dès le début de la pandémie les chercheurs ont regardé comment ces nano-anticorps anti-COVID-19 pouvaient être utiles pour lutter contre le coronavirus.

 

Qu’est-ce qu’un nanocorps (ou nanobody) ? Un nanobody est un type particulier d'anticorps naturellement produit par le système immunitaire des camélidés, un groupe d'animaux qui comprend les chameaux, les lamas et les alpagas. En moyenne, ces protéines « pèsent » environ un dixième du poids de la plupart des anticorps humains. En effet, ces nanocorps, isolés en laboratoire sont essentiellement des versions flottantes des extrémités des bras des protéines de la chaîne lourde, qui forment le squelette d'un anticorps IgG humain typique en forme de Y. Cependant, ces nano-anticorps peuvent jouer un rôle essentiel dans les défenses du système immunitaire en reconnaissant les protéines  (antigènes) présents sur les virus, les bactéries et autres pathogènes.

 

Pourquoi les nanocorps sont-ils intéressants ? Les nanocorps sont plus stables, moins coûteux à produire et plus faciles à concevoir que les anticorps classiques. C’est pourquoi de plus en plus d’équipes travaillent aujourd’hui à des nanocorps humanisés pour traiter différentes maladies. Lorsque la pandémie a éclaté, plusieurs équipes se sont également intéressées aux nanocorps de lama contre la protéine de pointe du SRAS-CoV-2 et à leur efficacité possible dans la prévention de l’infection.  

 

Une nouvelle technique d’exploitation des nanocorps : ici, les chercheurs utilisent une stratégie légèrement différente et développent une méthode qui permet d'isoler les nanocorps qui bloquent les infections en recouvrant les pics de la protéine de pointe qui se lient au récepteur ACE2. Un lama immunisé 5 fois en 28 jours avec une version purifiée de la protéine de pointe SARS-CoV-2 a produit 13 nanocorps candidats. L’un d’entre eux, NIH-CoVnb-112, semble très bien fonctionner : le nanocorps se lie parfaitement au récepteur ACE2 et 2 à 10 fois plus fort que les nanobodies produits par d'autres laboratoires. Le nanocorps se colle directement sur la liaison Spike-ACE2. Les nanocorps NIH-CoVnB-112 pourraient être efficaces à prévenir les infections à coronavirus. In vitro, les chercheurs constatent que même des niveaux relativement faibles de nanocorps NIH-CoVnb-112 empêchent un pseudovirus (modèle de SARS-CoV-2) d'infecter des cellules. Cette efficacité est reproduite par pulvérisation, ainsi les nanocorps pourraient être administrés sous forme d’inhalateurs.

Une demande de brevet est en cours.

 

« Avec le soutien du NIH, nous avançons rapidement pour tester si ces nanocorps peuvent constituer un traitement préventif sûr et efficace pour COVID-19 ».