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COVID-19 : Le médicament qui retourne le virus contre lui

Actualité publiée il y a 1 année 6 mois 3 semaines
Nature Chemical Biology
Est-ce la découverte d’un médicament imparable permettant de bloquer toute infection COVID-19 ? (Visuel Adobe Stock 334242430)

Est-ce la découverte d’un médicament imparable permettant de bloquer toute infection COVID-19 ? Ce nouveau concept, exploité par une équipe de bioingénieurs du Scripps Institute emprunte en tous cas une voie originale, en incitant le virus SARS-CoV-2 à se retourner contre lui-même. Ces travaux, publiés dans la revue Nature Chemical Biology, aboutissent notamment au repositionnement possible d'un traitement déjà approuvé par la FDA pour les maladies neurologiques – ou d’une variante de ce traitement- pour bloquer l'infection COVID-19.

 

La preuve de concept est apportée chez l’animal modèle de COVID : le candidat parvient bien à empêcher le SRAS-CoV-2 de se lier aux récepteurs ACE2 que le virus utilise pour infecter les cellules humaines. Le médicament se verrouille sur le virus, puis ajoute un «groupe nitro» à l'ACE2 chaque fois que le virus s'approche du récepteur ! En d’autres termes, le médicament exploite le virus COVID-19 en « signe avant-coureur » de sa propre perte.

Le médicament, nommé « NMT5 » recouvre ainsi le SRAS-CoV-2 de produits chimiques

qui altèrent directement et temporairement le récepteur ACE2 humain auquel le virus s’apprête à se verrouiller, pour infecter les cellules. Cela signifie que lorsque le virus s’approche, son chemin dans les cellules humaines via le récepteur ACE2 est bloqué. Le virus en annonçant son arrivée, prépare sa propre perte. Mais, dans le même temps, en cas d'absence du virus, les récepteurs ACE2 fonctionnent normalement.

 

« Ce qui est si bien avec ce médicament, c'est que nous retournons le virus contre lui-même » explique l'auteur principal, le Dr Stuart Lipton, professeur au Scripps « Nous l'armons de petites ogives moléculaires qui finissent par l'empêcher d'infecter les cellules ».

 

L'étude : l’équipe teste NMT5 in vitro sur des cellules isolées ainsi qu’in vivo sur des animaux et montre que :

 

  • le NMT5 se fixe étroitement aux particules virales du SRAS-CoV-2 lorsque le virus se rapproche suffisamment des cellules à infecter;
  • lorsque le virus s'approche de l'ACE2, NMT5 ajoute un «groupe nitro» au récepteur;
  • lorsque l'ACE2 est modifié de cette manière, sa structure se déplace temporairement de sorte que le virus SARS-CoV-2 ne peut plus s'y lier pour provoquer une infection.

 

« Ce qui est vraiment beau »,

écrivent les chercheurs, « c'est que cela ne fait que réduire la disponibilité de l'ACE2 localement et temporairement lorsque le virus arrive. Le médicament n'inhibe pas toutes les fonctions de l'ACE2 ailleurs dans le corps, ce qui préserve le fonctionnement normal de la protéine » :

 

La preuve de concept in vitro, in vivo et face à de nombreuses variantes :

 

  • Les expériences in vitro, menées sur des cultures cellulaires avec l’objectif de tester la capacité de la variante Omicron du SRAS-CoV-2 à se fixer aux récepteurs ACE2 humains, montrent que le candidat empêche 95 % de la liaison virale ;
  • Les études précliniques menées chez des hamsters atteints de COVID-19 révèlent que le NMT5 divise par 100 fois la charge virale, élimine les dommages aux vaisseaux sanguins dans les poumons des animaux et calme l'inflammation ;
  • le candidat démontre également son efficacité contre près d'une douzaine d'autres variantes du COVID-19, y compris les souches alpha, bêta, gamma et delta.

 

Pas de risque de résistance : si la plupart des antiviraux agissent en bloquant directement une partie d'un virus, ce qui peut faire pression sur le virus pour qu'il développe une résistance au médicament, ce n’est pas le cas pour NMT5 qui n'utilise le virus que comme porteur.

 

L'équipe travaille actuellement à une version adaptée à un usage humain, tout en poursuivant les études précliniques d’innocuité et d’efficacité.

« Ces travaux passionnants ouvrent une nouvelle voie pour le développement de médicaments plus efficaces face à la pandémie et à l’évolution continue du virus ».