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COVID-19 : Le vaccin rend asymptomatique mais rend-il moins infectieux ?

Actualité publiée il y a 2 années 5 mois 3 jours
NIH, NEJM, MedRxiv

Le Dr Anthony S. Fauci, des National Institutes of Health n'est pas le seul à se poser la question : il revient, après la publication des données de l'essai clinique de phase III du vaccin ARNm-1273 de Moderna sur l’éventuelle capacité du vaccin à prévenir aussi la transmission du SRAS-CoV-2. Si l’essai de phase III confirme que le vaccin est efficace à protéger contre les formes symptomatiques de COVID-19 et même peut-être, après une dose unique, les données disponibles ne permettent pas encore de conclure sur sa capacité à réduire la transmission du virus. Cependant, les chercheurs réfléchissent déjà sur l’incidence des infections asymptomatiques et sur l’excrétion virale après après la vaccination pour mieux comprendre l’impact du vaccin sur l’infectiosité. Avec des implications considérables, notamment sur le risque de 4è vague.

 

Le vaccin ARNm-1273 de Moderna vient en effet de démontrer son efficacité à 94,1% dans la prévention des formes symptomatiques et sévères de COVID-19 : l'essai débuté le 27 juillet 2020 et mené auprès de 30.420 participants adultes âgés en moyenne de 51 ans a recensé 185 cas dans le groupe placebo vs 11 cas dans le groupe vaccination. Les chercheurs n'ont identifié aucun problème de sécurité et aucune preuve de complication respiratoire associée au vaccin. Ainsi, le 18 décembre 2020, l’Agence américaine FDA a émis une autorisation d'utilisation en urgence pour la prévention du COVID-19 chez les adultes (aux États-Unis).

Il en est à près de même pour le vaccin ARNm BNT162b2 de BioNTech and Pfizer qui vient confirmer avec un essai de phase II/III mené auprès de 43.448 participants une efficacité à 95% dans la prévention de COVID-19 symptomatique. Sur 170 cas de COVID-19 recensés à 7 jours après la 2è dose, 8 ont été recensés dans le groupe vaccination vs 162 dans le groupe témoin.

Les nouveaux vaccins réduisent-ils simplement les symptômes ou bloquent-ils aussi la transmission du virus ?

Ainsi, si les Américains voient ces premiers vaccins arriver sur le marché, les scientifiques sont nombreux à se poser la question de leur effet protecteur contre la transmission : « les nouveaux vaccins réduisent-ils simplement les symptômes et empêchent-ils de tomber malades ou peuvent-ils vraiment bloquer la transmission du virus, un virus fréquemment propagé par des personnes infectées mais asymptomatiques ?

 

L’idéal serait « un vaccin qui bloque complètement l’infection plutôt que de prévenir les symptômes », explique le Dr Joshua Schiffer, chercheur expert en maladies infectieuses au Fred Hutchinson Cancer Research Center (Seattle). Cependant, les larges études qui ont confirmé l’efficacité élevée des vaccins Moderna et Pfizer ne permettent pas de répondre à la question.

 

2 axes de recherche sont actuellement envisagés pour résoudre la question de la transmissibilité :

  • les études de provocation humaine qui consistent à exposer environ 100 volontaires au coronavirus. Un article du Dr Schiffer et de ses collègues, publié sur le serveur de prépublication MedRxiv, précise la méthodologie d’une telle étude qui consisterait à mesurer les niveaux de charge virale de participants vaccinés vs non vaccinés exposés au virus. Si le groupe vacciné ne libérait pas ou très peu de virus par rapport au groupe placebo, ce serait alors une preuve solide que non seulement le vaccin évite les symptômes, mais prévient aussi la transmission. Cependant, de telles études posent des questions éthiques et nécessitent un débat préalable.
  • Un deuxième axe serait une cohorte de jeunes adultes (étudiants), connus pour être à haut risque d'infection au coronavirus, mais également moins susceptibles de développer une forme sévère de la maladie. Les participants -vaccinés et non-vaccinés- suivraient une vie normale mais subiraient des tests de charge virale réguliers et fréquents. Ainsi, au fil du temps, il deviendrait possible de comparer les modèles de transmissibilité virale entre les groupes vacciné et non-vacciné.  

 

La mobilisation sur cette question est essentielle car la réponse a des implications sur le risque de …4è vague, après le déploiement des vaccins.