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COVID-19 : Le virus est-il plus dangereux pour les hommes ?

Actualité publiée il y a 4 années 7 mois 22 heures
The Lancet
Il existe un besoin urgent d'analyse des effets sexospécifiques de l'épidémie, écrivent les chercheurs dans le Lancet.

Comme l’écrivent ces chercheurs du « Gender and COVID-19 Working Group »,  les politiques et les organisations de santé publique ne prennent malheureusement pas en compte les impacts sexospécifiques des épidémies. Pourtant, ce type de données pourrait à l’évidence permettre de mieux préciser et de cibler les interventions. La réponse à l’épidémie COVID-19 ne semble pas différente. Il existe un besoin urgent d'analyse des effets sexospécifiques de l'épidémie, écrivent les chercheurs dans le Lancet. En cette Journée de la Femme, ils  appellent à prendre en compte la voix des femmes non seulement pour améliorer l'efficacité des interventions de santé mais aussi pour promouvoir aussi l'équité.

 

Après avoir passé en revue la littérature sur le sujet, ce consortium de recherche composé de scientifiques du Canada, d’Afrique du Sud, d’Australie, de Hong Kong, du Royaume-Uni, d’Indonésie, du Brésil déclare n’avoir identifié aucune analyse comparative entre les sexes des effets de l'épidémie. Pourtant, écrivent ces chercheurs, connaître la mesure dans laquelle un virus ou une épidémie affecte différemment les femmes et les hommes est une connaissance fondamentale pour comprendre les effets primaires et secondaires de l'urgence sanitaire sur les différents groupes de populations et les communautés.

COVID-19 : même nombre de cas mais des différences de mortalité et de vulnérabilité selon le sexe

 

Après avoir analysé les données épidémiologiques disponibles, l’équipe conclut que les données ventilées par sexe pour COVID-19 montrent jusqu'à présent :

  • un nombre égal de cas entre les hommes et les femmes,
  • mais des différences de mortalité et de vulnérabilité à la maladie selon le sexe : de nouvelles preuves suggèrent que plus d'hommes que de femmes meurent, très probablement en raison de différences immunitaires selon le sexe.

 

 

Des données largement incomplètes : les données actuelles ventilées par sexe sont incomplètes, précisent les auteurs, qui mettent en garde contre des conclusions prématurées. Ainsi, les données des Autorités sanitaires chinoises suggèrent que plus de 90% des personnels de santé dans la province du Hubei sont des femmes et que le risque pour les professionnels de santé en première ligne contre le virus, est principalement encouru par des femmes.

 

Les interventions ont forcément des conséquences sexospécifiques :

  • la fermeture des écoles pour contrôler la transmission du COVID-19 pourra influer sur la répartition des cas par sexe :
  • ce sont en effet les femmes qui apportent la plupart des soins au sein de la famille, ce qui pourrait limiter leur risque d’exposition à l’extérieur mais en revanche les exposer en première ligne à d’autres membres de la famille infectés et confinés. Ainsi, au cours de l'épidémie d’Ebola en Afrique de l'Ouest les données épidémiologiques ont suggéré que les femmes étaient plus susceptibles d'être infectées en raison de leur rôle de dispensatrice de soins au sein de leurs familles et de personnels de santé de première ligne ;
  • si les femmes sont en première ligne, dans la famille et la communauté, dans la plupart des interventions contre les menaces virales, dans de nombreux pays, elles ne disposent pourtant pas des ressources financières pour se rendre dans les hôpitaux et pour faire détecter les enfants ;
  • certaines femmes confinées à la maison vont voir leurs revenus réduits et vont devoir réduire leurs voyages : or de nombreuses employées de maison étrangères voyagent habituellement en Asie du Sud-Est entre les Philippines, l'Indonésie, Hong Kong et Singapour ; ainsi, en théorie, le confinement des femmes pourrait limiter plus fortement la propagation du virus dans ces pays;
  • dans de nombreux pays, les femmes sont moins susceptibles d'avoir du pouvoir dans les prises de décision concernant l'épidémie. Des études portant sur de précédentes épidémies ont montré que leurs contraintes et leurs besoins étaient moins bien pris en compte. Un résultat surprenant, écrivent les auteurs : « compte tenu de leur interaction de première ligne avec les communautés, il est préoccupant de constater que les femmes n'ont pas été pleinement intégrées aux mécanismes mondiaux de surveillance, de détection et de prévention de la sécurité sanitaire »;
  • d'autant que la dispensation des soins étant majoritairement assurée par les femmes, celles-ci sont en général dans une position privilégiée pour identifier les tendances au niveau local qui peuvent annoncer le début et le développement d'une épidémie;
  • Enfin, des effets collatéraux, comme la réduction des ressources en santé génésique et sexuelle détournées au profit de la réponse d'urgence à l’épidémie, ont également dans le passé contribué indirectement à une augmentation de la mortalité maternelle.

 

Intégrer « une analyse de genre » dans les plans de préparation et de réponse est urgent.

« Il est important que les normes, les rôles et les relations entre les sexes qui influencent la vulnérabilité des femmes et des hommes à l'infection, l'exposition aux agents pathogènes, et le traitement reçu, ainsi que les différences entre les différents groupes de femmes et d'hommes, soient mieux pris en compte ».

 

Les auteurs appellent donc à mener une analyse des impacts sexospécifiques de l’épidémie COVID-19.