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COVID-19 : Les fermetures d’écoles efficaces ?

Actualité publiée il y a 3 années 11 mois 3 semaines
The Lancet Child and Adolescent Health

En réponse à la pandémie COVID-19 qui touche aujourd’hui 184 pays et poursuit sa propagation avec, au 8 avril 2020 plus d’1,5 million de cas confirmés et près de 85.000 décès, 107 pays avaient mis en place, à mi-mars, la fermeture nationale de leurs écoles. Cette méta-analyse tente d’évaluer l’efficacité de cette mesure de fermeture à partir des données associées aux précédentes flambées de grippe et de coronavirus dont l’épidémie de SRAS et COVID-19. Ces travaux, présentés dans le Lancet Child and Adolescent Health, aboutissent à "des preuves équivoques".

 

Ces chercheurs de l’University College London ont donc mené une revue systématique de la littérature sur l'efficacité des fermetures d'écoles et des autres mesures de distanciation sociale dans les écoles pendant les flambées de grippe et de coronavirus. Les chercheurs ont identifié 616 études et en ont sélectionné 16. Leur examen montre que :

  • des fermetures d'écoles ont été déployées rapidement en Chine continentale et à Hong Kong pour COVID-19, mais sans encore de données précise sur la contribution relative de ces mesures au contrôle de la transmission ;
  • les données relatives à l'épidémie de SRAS en Chine continentale, à Hong Kong et à Singapour suggèrent, quant à elles, que les fermetures d'écoles n'ont pas contribué au contrôle de l'épidémie. Les études de modélisation du SRAS aboutissent à des résultats contradictoires ;
  • les études récentes de modélisation de COVID-19 prédisent que les fermetures d'écoles à elles seules ne pourraient empêcher que 2 à 4% des décès, soit beaucoup moins que les autres interventions de distanciation sociale.

Les fermetures d'écoles ne pourraient contribuer que faiblement au contrôle de l'épidémie

Des effets positifs, des effets négatifs : les fermetures d'écoles peuvent impacter le nombre de décès lors d'une épidémie, soit de manière positive, en réduisant la transmission et le nombre de cas, soit de manière négative, en réduisant les effectifs de soins de santé disponibles pour soigner les personnes malades. Sur la réduction possible de la transmission, des études menées auprès d'enfants et de jeunes au Royaume-Uni indiquent que le nombre moyen de contacts sociaux quotidiens pendant les vacances scolaires est environ la moitié de celui des jours de rentrée scolaire. Cependant, les contacts entre enfants et adultes sont alors plus nombreux.

 

Parmi les principales conclusions issues de cette méta-analyse :

  • l'efficacité des fermetures massives des écoles est souvent modeste ;
  • les fermetures d'écoles peuvent contribuer à réduire la transmission -de la grippe pandémique- à condition d’être instaurées au tout début de l’épidémie ;
  • les fermetures d'écoles entraînent une réduction plus importante du pic que des taux d'attaque cumulatifs (taux de cas en population générale) ;
  • les fermetures d'écoles sont plus efficaces si le virus a une faible transmissibilité (R0<2) et si les taux d'attaque sont plus élevés chez les enfants que chez l'adulte ;
  • les pratiques de distanciation sociale (confinement), dont les fermetures d'écoles (pour les pandémies de grippe) induisent des résultats très variables en termes de réduction de la transmission (de 1 à 50%) ;
  • jusqu'à 70% des élèves pourraient, suite à fermeture de leur école, déplacer leurs contacts sociaux vers d'autres sites non scolaires ;
  • les fermetures d'écoles et d'autres mesures de distanciation sociale (toujours pendant les flambées de grippe) ont permis de réduire la transmission chez les enfants d'âge scolaire (5 à 17 ans). Cependant, cette transmission reprend à la réouverture des écoles ;
  • les fermetures d'écoles (et le confinement) contraignent les parents à travailler à la maison et ainsi à réduire les contacts professionnels. Cependant, les conséquences économiques pour les parents et pour la société sont importantes et à prendre en compte (jusqu'à 3% du PIB pour une fermeture de 8 semaines) ;
  • L'isolement social entraîne une série de préjudices psychologiques, u compris chez les plus jeunes ;
  • les modèles les plus efficaces (Chine, Hong Kong) semblent les fermetures locales et sélectives plutôt que les fermetures à l’échelle nationale ;
  • le décrochage scolaire doit également être pris en compte.

 

D’autres stratégies ont été évaluées : dont :

  • la suspension de certaines classes ou de certains groupes d'âge,
  • la modification de l'organisation scolaire afin de limiter les contacts de groupe (fermeture des cours de récréation, des terrains de jeux, annulation des activités de groupe non essentielles, augmentation de l’espacement entre les élèves dans les classes, raccourcissement de la semaine scolaire et échelonnement des heures de début, de repas et de de fin de journée de classe). Un petit nombre d'études de modélisation sont en faveur de ces stratégies alternatives.

 

Les limites de l’exercice : les preuves de l'efficacité des fermetures d'écoles et d'autres mesures de distanciation sociale dans les écoles concernent presque en totalité des épidémies de grippe, dont la transmission par les enfants est tr-s élevée. Il n’est donc pas certain que ces données puissent s’appliquer aux épidémies de coronavirus (SRAS, MERS et COVID-19), dont la dynamique de transmission peut être différente.

 

Cependant, au vu de ces premières observations, les chercheurs appellent les décideurs politiques à « prendre conscience de ces premières preuves équivoques lorsqu'ils envisagent de fermer des écoles pour contrer COVID-19. « Des combinaisons de mesures de distanciation sociale moins perturbantes doivent pouvoir être envisagées dans les écoles », suggèrent les auteurs, qui recommandent un examen plus approfondi en cas de mise en œuvre de politiques de confinement pendant de longues périodes.