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COVID-19: L’été arrêtera-t-il le virus ?

Actualité publiée il y a 4 années 7 mois 1 semaine
SSRN

C’est l’espoir silencieux de nombreuses personnes, celui que la chaleur de l'été puisse réduire la propagation du virus SARS-CoV-2, comme elle met fin à la saison grippale. Ces deux chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont travaillé la question et regardé comment les conditions météorologiques pouvaient impacter l’épidémie. Parmi leurs conclusions, publiées dans le Social Science Research Network (SSRN), un faible impact des températures mais un possible impact des niveaux d'humidité.

 

Le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 s'est propagé rapidement et à ce jour, 30 mars, dans 177 pays.Les deux chercheurs, Qasim Bukhari, neuroscientifique en informatique, et Yusuf Jameel, scientifique en environnement ont fait au départ l’hypothèse que le petit nombre de cas dans les pays tropicaux pourrait s’expliquer par des conditions humides et chaudes, qui pourraient en effet ralentir le virus. Ce phénomène aurait été observé, précisent-ils avec le SARS, cependant l’association n’est pas toujours aussi claire. Les chercheurs ont donc analysé les données météorologiques dans tous les pays touchés par le virus, jusqu'au 22 mars 2020.

Quel impact des conditions climatiques sur la propagation du virus ?

 

Le nombre de tests effectués et donc de cas confirmés par pays fausse-t-il le débat ? Pas vraiment…

Il est vrai que jusqu'à présent, 83% des tests ont été effectués dans des pays non tropicaux et 90% des cas dits confirmés ont été enregistrés dans ces mêmes pays de l’hémisphère Nord soumis à une plage de températures de 3 à 17 ° C. De la même manière, 72% des mesures ont été effectuées dans des pays ayant des niveaux d’humidité absolue plutôt modestes, compris entre 3 et 9g / m3 et 90% des cas ont été observés dans cette même plage d'humidité absolue modérée ;

  • le nombre plus élevé de tests réalisés dans les pays de l’hémisphère nord et les températures plus fraîches dans ces mêmes pays pourrait-il expliquer la différence de nombre de cas confirmés entre ces régions du monde plus fraîches et les autres régions plus chaudes et plus humides ?
  • Non, objectent les chercheurs, des pays comme l'Australie, les Émirats arabes unis, le Qatar, Singapour, Bahreïn et Taïwan ont également mené de très grandes quantités de tests et pourtant le nombre de cas confirmés par le nombre d’habitants apparaît plus faible dans ces pays « plus chauds et plus humides » que dans la plupart des pays européens ou aux États-Unis.

Ainsi, même si l’analyse du nombre de cas était faussée par le nombre de tests effectués et donc de confirmations possibles, il reste possible, écrivent les chercheurs, que dans de nombreux pays tropicaux, les conditions météorologiques aient bien joué un rôle dans la propagation du coronavirus.

 

 

Des températures élevées pourraient-elles l’arrêter ? Si une grande majorité des cas confirmés l’ont été sous une température entre 3 et 17 °C, au cours des 10 derniers jours, remarquent les chercheurs, des milliers de nouveaux cas ont été documentés dans des régions soumises à des températures supérieures à 18° C : cela suggère que l’effet d’une température plus élevée dans le ralentissement de la propagation du virus ne pourrait être effectif qu’à des températures beaucoup plus élevées. Ainsi, l’exemple donné de la fracture Nord-Sud aux États-Unis, n’est pas sans exceptions, comme la Louisiane, un état plus au sud généralement chaud et humide et pourtant touché par un très grand nombre de cas.

 

 

Des niveaux d’humidité élevés pourraient-elles l’arrêter ? Les chercheurs constatent que la plage d’humidité dans laquelle la plupart des cas ont été documentés se situe constamment entre 3 et 9 g / m3. « Le rôle de l'humidité absolue mérite d'être approfondi avec des expériences de laboratoire permettant d’étudier la sensibilité de SARS-CoV-2 sur une plage de conditions de température et d'humidité corrélées".

 

 

Le concept « d’humidité relative » qui rassemble finalement sous une seule fonction les 2 caractéristiques météorologiques, corrélées dans la réalité, que sont la température et l’humidité, est celui retenu par les auteurs. La prise en compte de l’humidité relative, une mesure de la saturation de l’air à une température spécifique, suggère ici, à partir des données actuelles que les pays connaissant la mousson, c'est-à-dire passant à des niveaux d’humidité absolue élevée (> 10 g / m3) pourraient en effet souffler un peu et bénéficier d’un ralentissement des transmissions. Mais ce ne serait pas le cas pour un très grand nombre de pays, dont les pays européens, qui suivent des niveaux d’humidité relative toujours « dans la fourchette ».

 

Cependant, tout n’est ici que modélisation et les chercheurs préviennent déjà : « Les données analysées ici évoluent rapidement et comportent plusieurs inconnues, notamment la façon dont le virus est en train de muter et d'évoluer, quels sont les nombres de reproduction de base (R0) et les principaux modes de propagation ». Il faudra donc réactualiser en permanence les données. S’il apparaissait que le virus puisse être sensible à ces facteurs environnementaux, alors il serait possible d’optimiser les stratégies de réponse à l’épidémie.

 

Mais probablement à la marge, car ces variables météorologiques n’auraient en tout état de cause que peu d’impact en regard de la réponse et des mesures mises en œuvre pour lutter contre l’épidémie.