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COVID-19 : L'interféron plutôt thérapeutique ou plutôt nocif ?

Actualité publiée il y a 3 années 10 mois 1 semaine
Science
Mais dans COVID-19, cet interféron est-il plutôt thérapeutique ou plutôt nocif ? Tout dépend du lieu et du moment de sa production dans le cours de la maladie, répondent les scientifiques de Boston (Visuel Adobe Stock _332945564)

Cette étude d’une équipe du Boston Children's Hospital repose la question du double jeu de certaines cytokines ou interférons du système immunitaire inné. Envisagé pour traiter les infections à coronavirus, l’interféron de type III, censé apporter aux cellules un regain de résistance antivirale, pourrait, dans la forme sévère de COVID-19 participer à cette tempête de cytokines, décrite comme une réponse immunitaire exubérante et parfois mortelle. Ces travaux soutiennent, dans la revue Science, que dans la maladie, le lieu et le moment de la production d'interférons sont 2 facteurs essentiels de l’évolution et du pronostic.

 

Les interférons et autres cytokines produites par le système immunitaire sont des défenses importantes contre les infections virales. Ces cytokines déclenchent chez les cellules différentes réponses leur permettant une résistance aux virus. Cependant, une caractéristique des formes sévères de la maladie, est cette « fameuse » « tempête de cytokines »  qui déclenche une inflammation pulmonaire aiguë et parfois mortelle. Des preuves récentes suggèrent qu'un type d'interféron, connu sous le nom d'interféron de type III ou interféron lambda (λ), peut combattre l'infection virale tout en limitant ces dommages inflammatoires. Ces caractéristiques de l’interféron de type III ont conduit à la tenue d’essais cliniques pour le tester dans le traitement de COVID-19. Mais cet interféron est-il plutôt thérapeutique ou plutôt nocif ? Tout dépend du lieu et du moment de sa production dans le cours de la maladie, répondent les scientifiques de Boston.

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Les interférons de type III peuvent aussi augmenter le risque de surinfection bactérienne

Les chercheurs américains apportent en effet ici, avec des confrères Italie, des preuves que les interférons de type III peuvent aussi augmenter le risque de surinfection bactérienne dans les poumons. Des surinfections qui peuvent d’ailleurs survenir aussi dans la grippe. Ainsi, l’administration d’interférons de type III administrés dans la dernière phase du cours de COVID-19 pourrait faire plus de mal que de bien. Pour parvenir à ces conclusions,

  • les chercheurs ont d'abord testé des échantillons de patients atteints de forme sévère de COVID-19 sévère et de témoins sains. L'interféron III n'a pas beaucoup augmenté dans les échantillons d'écouvillons nasopharyngés des patients, mais s’est élevé nettement dans les fluides pulmonaires.
  • Les chercheurs ont ensuite exposé des souris à de l'ARN viral synthétique pour imiter les effets de l'infection par le SRAS-CoV-2 dans les voies respiratoires inférieures. Ils constatent alors que les niveaux d'interféron III augmentent considérablement dans les poumons des animaux et que la production soutenue d'interféron III empêche même les poumons de maintenir leur barrière protectrice. Les animaux deviennent alors encore plus vulnérables à l’infection.

 

En résumé,

  • dans un premier temps, le coronavirus SRAS-CoV-2 inhibe la production d'interférons dans les voies respiratoires supérieures, ce qui affaiblit la réponse immunitaire et favorise la survie du virus ;
  • mais ensuite lorsque le virus atteint les voies respiratoires inférieures, il se produit une réponse immunitaire exubérante, avec une régulation excessive des interférons de type III « que nous jugeons nocive ».

 

Ainsi, dans la maladie COVID-19, le lieu et le moment de la production d'interférons ou de la réponse immunitaire sont essentiels et lorsque l'inflammation est à son pic dans les voies respiratoires inférieures, il s’agit plutôt de bloquer la cascade de signalisation initiée par les interférons et autres cytokines inflammatoires, éventuellement avec les anti-inflammatoires.