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COVID-19 : Lutter aussi contre l’infodémie

Actualité publiée il y a 4 années 1 mois 3 heures
JACEP Open
L'OMS, dès le 2 février, publiait un rapport de situation appelant à lutter contre l’« infodémie ».

Le 31 décembre 2019, il y a tout juste 2 mois, le gouvernement chinois annonçait l'éclosion d'un nouveau coronavirus, récemment renommé COVID‐19. Au cours des semaines qui ont suivi, la communauté médicale a été témoin de la réponse de Santé publique à la fois au niveau chinois et à l'échelle internationale, d’une ampleur jusque-là inégalée. Aujourd’hui, bien que de nombreuses caractéristiques du virus restent inconnues, les agences et les organisations de santé doivent se préparer à faire face à une possible pandémie. Cette équipe de spécialistes en médecine d’urgence de l’Université d'Alabama Birmingham présente dans le JACEP Open, une très large revue de la littérature. Les conclusions de cet examen conditionnent une bonne réponse de santé publique à la prise en compte des retours d’expériences des précédentes pandémies et des bonnes données virales et épidémiologiques. Plus simplement, pour bien répondre à une nouvelle épidémie, nous rappellent ces médecins de l’urgence, il faut à tout prix éviter l’infodémie. Un rappel du message de l’OMS, qui dès le 2 février, publiait un rapport de situation appelant à lutter contre l’« infodémie ».

 

Remettre les données en perspective est une des premières conditions d’une juste évaluation de l’épidémie en cours. L'impact du coronavirus est important mais modeste par rapport à la grippe mondiale, relève un autre expert, le Dr Matthew J. Fuller, professeur à la Division de médecine d'urgence de l’Université de l'Utah et auteur principal d’une étude publiée dans la même édition. « Les leçons que nous pouvons tirer des épidémies passées sont instructives alors que les facteurs de risque de transmission du coronavirus sont toujours en cours d'évaluation », relève le médecin.

Lutter contre l’infodémie contribue à limiter les multiples impacts de l’épidémie

 

Ainsi, le MERS et le SRAS ont entraîné des taux de mortalité plus élevés : à ce jour, 28 juillet 2020, le nouveau coronavirus poursuit sa propagation avec 84.000 cas confirmés, dont 5.000 hors de Chine et a fait près de 3.000 décès. Cependant, il ne faut pas oublier que le SRAS (syndrome respiratoire aigu) et le MERS (syndrome respiratoire du Moyen-Orient), qui appartiennent à la même famille de virus, ont entraîné des taux de mortalité bien plus élevés et des maladies plus sévères. Ainsi, on estime le taux de décès lié à COVID-19 compris entre 2 et 3% vs des taux de mortalité de 35% et 15% respectivement pour le MERS et le SRAS.

 

Si le mode de transmission peut inquiéter, car les scientifiques n’ont pas encore toutes les données, la transmission d'une personne infectée à stade précoce ne présentant pas encore de symptômes n'a pas été confirmée. Un très faible nombre de cas asymptomatiques a été recensé. Comme pour les autres virus respiratoires, la transmission interhumaine est supposée se produire via des gouttelettes produites par la toux ou les éternuements. On pense que le contact facial avec des surfaces contaminées pourrait contribuer à la propagation, mais il reste moins probable, précisent les chercheurs. La transmission interhumaine est donc principalement aéroportée et dans la majorité des cas, on sait comment s’en protéger.

 

La désinformation peut se propager comme un virus, obscurcissant la communication de la communauté médicale internationale aux professionnels de santé et au public, écrit le Dr Christopher J. Greene, professeur de santé mondiale et de médecine d'urgence internationale à l’Université d'Alabama Birmingham. Or une communication publique efficace est nécessaire pour garantir le respect des directives -de quarantaine et des autres mesures mises en œuvre- mais aussi pour réduire les impacts de la pandémie sur les systèmes de santé, les économies et les sociétés.

 

  • Car l'impact d’une pandémie sur les soins de santé va bien au-delà de la mobilisation de ressources d’urgences. Des ressources de soins primaires sont souvent détournées et déplacées vers la gestion de l'épidémie. Ainsi, les auteurs notent que durant la crise d'Ebola de 2014-2015 en Afrique de l'Ouest, les systèmes de santé du Libéria, de la Sierra Leone et de Guinée ont dû réduire considérablement les soins de routine pour le VIH / sida, le paludisme et la tuberculose. Le coût humain a alors été estimé à plus de 10.000 vies supplémentaires, soit le nombre total de décès dus à Ebola des 3 pays combinés. De la même manière ou presque, au cours de la pandémie de grippe H1N1 de 2009, les services d'urgence aux États-Unis ont enregistré une augmentation des visites et des décès de patients hospitalisés attribuables à d’autres causes dont l’AVC et l’infarctus du myocarde.
  • L'impact économique peut être colossal. Le SRAS aurait entraîné un coût estimé à 40 milliards de dollars pour l'économie mondiale. Aujourd’hui, et au-delà des coûts directs liés à l’épidémie, le confinement chinois a déjà entraîné des ralentissements économiques dans de multiples secteurs et de nombreux pays, causant des pertes d’activité et interrogeant sur l’opportunité de revenir à des circuits économiques raccourcis.
  • Enfin, le « risque social » risque d’être particulièrement important durant l'épidémie de COVID‐19. Si la propagation des informations via les médias sociaux est bénéfique à « l’épidémiologie numérique » -les données de certains réseaux sont déjà utilisées pour suivre les réponses aux interventions- plane aussi le risque élevé de désinformation. Les stratégies de communication restent aujourd’hui plus largement basées sur le risque perçu que sur le risque réel. L’expérience du virus Zika nous apprend que cette « surinformation » peut favoriser la peur, et la peur à son tour de mauvais comportements, comme le non-respect de quarantaines ou de mesures de prévention extraordinaires. Un autre exemple apporté, entre autres dégâts sociaux, est la montée de comportements d’ostracisme envers les Asiatiques.