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COVID-19 : Mais quelles sont les cellules que le virus préfère ?

Actualité publiée il y a 3 années 11 mois 3 semaines
Embo Journal
En se posant la question du type de cellules ciblées par le nouveau coronavirus et des attributs cellulaires nécessaires pour que SARS-CoV-2 les infecte, il devient possible non seulement de chercher à cibler par de nouveaux médicaments le site de liaison entre le virus et les cellules hôtes, mais aussi de mieux comprendre pourquoi certains sujets sont plus à risque de développer une forme sévère de COVID-19

En se posant la question du type de cellules ciblées par le nouveau coronavirus et des attributs cellulaires nécessaires pour que SARS-CoV-2 les infecte, il devient possible non seulement de chercher à cibler par de nouveaux médicaments le site de liaison entre le virus et les cellules hôtes, mais aussi de mieux comprendre pourquoi certains sujets sont plus à risque de développer une forme sévère de COVID-19. C’est la démarche de cette équipe de virologues du Berlin Institute of Health et de différents instituts de recherche allemands qui identifie les cellules des poumons et des bronches, cibles privilégiées de l’infection à SRAS-CoV-2. En identifiant précisément ces cellules hôtes et en décryptant l'interaction entre le virus et son hôte, ces travaux, présentés dans l’Embo Journal, nous permettent de mieux comprendre la sélectivité du virus.

 

On sait déjà que pour infecter l’hôte, le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 se lie à une protéine de surface cellulaire, le récepteur de l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2), un récepteur clé de sa glycoprotéine de pointe (Spike « S »). Cependant, on ignore quelles cellules précisément le nouveau coronavirus attaque. Plusieurs études ont expliqué comment le nouveau coronavirus SARS-CoV-2 se lie aux récepteurs ACE2, apportant déjà une explication possible des complications pulmonaires graves observées chez certaines personnes diagnostiquées avec COVID-19, atteintes de comorbidités cardiovasculaires préexistantes. Cette équipe va plus loin.

« Nous voulions savoir quelles cellules spécifiques cible le nouveau coronavirus »

 « Nous savions que la protéine de pointe du virus se fixe à un récepteur ACE2 à la surface des cellules. Mais nous savions aussi que le virus a besoin d'un ou plusieurs cofacteurs pour pouvoir pénétrer les cellules », explique l’auteur principal, le Pr Christian Conrad. La question était donc de savoir quelles sont les cellules dotées du récepteur ACE et des cofacteurs nécessaires ?

 

La connaissance des cellules infectées par le virus est indispensable pour développer des thérapies ciblées : les chercheurs ont séquencé par séquençage unicellulaire 60.000 cellules individuelles pour déterminer si elles présentaient le gène du récepteur et les cofacteurs déjà identifiés  (dont TMPRSS2) leur permettant d'être infectées par le coronavirus. La recherche aboutit à un tout petit nombre de cellules : ces cellules, cibles privilégiées de la nouvelle infection COVID-19, ce sont

des cellules progénitrices, qui se développent normalement en cellules des voies respiratoires « ciliaires »,

des cellules armées de cils qui balaient le mucus et les bactéries des poumons.

 

La densité des récepteurs ACE2 sur les cellules est prédictive du risque et de la sévérité : c’est le deuxième résultat important de l’étude : cette densité augmente avec l'âge et se trouve généralement plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Un constat qui peut contribuer à expliquer pourquoi le SRAS-CoV-2 infecte plus d'hommes que de femmes, expliquent les chercheurs.

Ces résultats suggèrent ainsi que le virus agit de manière hautement sélective, à la fois en termes de cible cellulaire et de densité des récepteurs ACE.

« Le virus dépend de certaines cellules humaines pour se propager et se répliquer ».

Il s’agit maintenant pour l’équipe de comprendre aussi pourquoi l'infection reste bégnine chez certains patients et se développe sous une forme sévère chez d'autres. Pour cela, les chercheurs devront également examiner de près les cellules immunitaires dans les tissus infectés.