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COVID-19 : "Non. 11", le salicylanilide qui s’oppose au virus

Actualité publiée il y a 3 années 3 mois 2 jours
ACS Infectious Disease
Après l’ivermectine, un médicament utilisé pour traiter des parasitoses, c’est un composé de la classe des salicylanilides, utilisés pour lutter contre les vers, dont le ténia, qui suggère une forte efficacité contre la réplication virale de SARS-CoV-2 (Visuel Adobe Stock 423691758)

Après l’ivermectine, un médicament utilisé pour traiter des parasitoses, c’est un composé de la classe des salicylanilides, utilisés pour lutter contre les vers, dont le ténia, qui suggère une forte efficacité contre la réplication virale de SARS-CoV-2, et la tempête de cytokines associée à la maladie COVID-19. Ce composé, conçu au Worm Institute for Research and Medicine du fameux institut Scripps (La Jolla, Californie), montre une efficacité à double coup contre COVID-19 dans cette étude de laboratoire, présentée dans la revue ACS Infectious Disease

 

« On sait depuis 10 ou 15 ans que les salicylanilides agissent contre certains virus », explique l’auteur principal, le Dr Kim Janda, professeur de chimie et directeur du Worm Institute : « Cependant, le problème est que ces composés ont tendance à restreindre leur action à l'intestin et peuvent entraîner des effets toxiques ». Les salicylanilides ont été découverts pour la première fois en Allemagne dans les années 50 et utilisés au départ pour lutter contre les infections par les vers chez les bovins. Des versions comprenant le médicament niclosamide sont utilisées aujourd'hui chez les animaux et les humains pour traiter le ténia. Ces composés sont également étudiés pour leurs propriétés anticancéreuses et antimicrobiennes.

« Non. 11 », un composé salicylanilide systémique mais non toxique

Le composé salicylanilide conçu par l’équipe californienne surmonte ces deux défis : testé in vivo chez des souris et in vitro sur des lignées cellulaires, il démontre une activité à la fois antivirale et anti-inflammatoire et laisse présager des propriétés qui rendrait possible une galénique sous forme de pilule. Identifié d’abord au sein de toute une gamme de la même classe par une série de tests in vitro et in vivo, le composé s'est démarqué pour ces 2 propriétés. Surnommé simplement « Non. 11 », il diffère des médicaments commerciaux contre le ténia sur des points essentiels, notamment sur sa capacité à passer au-delà de l'intestin et à être absorbé dans la circulation sanguine - et sans induire de toxicité inquiétante.

 

« Le niclosamide, un anthelminthique de la classe des salicylanilides se limite essentiellement à la voie digestive, et cela a du sens, car c'est là que résident les parasites. Mais nous recherchions un traitement efficace contre le COVID donc facilement biodisponible, mais exempts de toxicité systémique », précisent les auteurs.

 

Ainsi, environ 80% du Non. 11 passe dans la circulation sanguine vs 10% de l’antiparasitaire niclosamide.

 

Le double effet du Non. 11 : les expériences montrent que parmi les nombreux salicylanilides testés, le « 11 » s’oppose au coronavirus de 2 manières :

 

  1. il interfère avec le processus de transfert du matériel génétique viral dans les cellules hôtes, un processus appelé endocytose. L'endocytose nécessite que le virus forme un paquet à base de lipides ou vésicule autour des gènes viraux. Le paquet pénètre dans la cellule infectée et se dissout, de sorte que la machinerie de construction de protéines de la cellule infectée peut le lire et produire de nouvelles copies virales. Le n° 11 empêche la dissolution de la vésicule ; ainsi, le composé empêche le matériel viral de sortir de l'endosome et empêche ainsi le virus de fabriquer de nouvelles particules virales.
  2. il apaise l'inflammation donc pourrait prévenir la détresse respiratoire aiguë associée aux formes sévères de COVID-19. Il permet notamment de réduire les niveaux d'interleukine 6, une protéine de signalisation facteur clé de l'inflammation généralement trouvée à niveau élevé dans les stades avancés de COVID-19.

 

Cette découverte possible grâce à ces experts des infections parasitaires constitue non seulement une nouvelle illustration de la mobilisation des scientifiques, toutes spécialités confondues, contre la pandémie mais aussi une nouvelle opportunité de repositionnement, ici d’une classe thérapeutique.  

 

Si « le salicylanilide 11 a beaucoup de points vraiment positifs en tant que thérapeutique possible pour COVID »-concluent les chercheurs, on espère qu'ils auront les moyens de suivre la piste jusqu’au bout.